La littérature sous caféine


samedi 2 septembre 2006

Maylis de kerangal : ni fleurs ni couronnes (Verticales, 2006)

Deux courtes histoires de misère, de naufrage et d'amour retrouvé - merveilleusement écrites. Mine de rien, je connais peu d'auteurs contemporains maniant aussi joliment la plume, et frôlant la préciosité sans jamais l'atteindre.
De plus, des nouvelles aussi dépouillées lorgnent rapidement du côté du conte. Or l'auteur évite ici l'écueil de la parabole, et du ton pontifiant allant de pair. Cet équilibre subtil est la vraie réussite du livre.

"Entre Cork et Kinsale, il y a le bourg de Belgooly, en amont d'un bras de mer glacé. Des hameaux poitrinaires s'y disputent la boue, la terre et les racines, les poignées d'herbes sales. L'un d'entre eux, situé en retrait de la route de Carrigaline, à l'est, est la hameau de Sugàan. C'est là que Finbarr Peary vint au monde, gras et splendide, d'une mère à demi morte et d'n père faible et brutal."

mercredi 30 août 2006

Philippe Forest : Sariganawa (Folio, 2005)

Série d’essais sur l’œuvre et la vie d’artistes japonais. Le livre s’ouvre par une longue digression de l’auteur sur son propre rapport à la vie, la littérature et ses rêves d’enfant. Ce bout de prose somptueuse, à l’éloquence à la fois classique et discrète, laisse une forte impression. Les essais, par la suite, perdent un peu de cette éclatante densité.

Extrait :
« Tous les souvenirs enfin s’effacent. Et puis restent les rêves. Alors, comme ils sont seuls désormais, c’est à eux que l’on confie le souci de sa vie. » (p15)

lundi 14 août 2006

Jean Echenoz : Ravel



Ton d’ironie douce pour cette peinture des dix dernières années de la vie de Ravel. Echenoz aime les atmosphères de voyage sans but, les personnages vaporeux, sans volonté apparente, légèrement désoeuvrés, toujours conscient d’un certain comique affleurant dans les situations les plus sérieuses. Ici la drôlerie consiste surtout dans le décalage entre la renommée de Ravel et la grande modestie de sa vie, si bien qu’il s’installe dans ces pages, après l’ennui distingué du premier chapitre, un certain charme. Le détachement de Ravel, jusque dans la maladie, devient touchant.