La littérature sous caféine


La douleur ou l'ennui ?



Jean-Paul Kauffmann, le plus célèbre otage de France, nous livre dans son beau récit de voyage L’arche de Kerguelen (Flammarion, 1993) de jolies réflexions sur le temps qui passe (dans un bateau) :

« Plus que la souffrance le désoeuvrement n’est-il pas l’épreuve suprême ? Qui sait combler le vide de l’âme quand plus rien ne l’absorbe est tiré d’affaire. Il triomphe du supplice le plus cruel : le temps sans mesure ni terme. La douleur occupe ; l’être souffrant se contemple dans son tourment. L’ennui ne connaît ni la nuance ni la satiété. »

Personnellement, je pense tout de même préférer l’ennui à la douleur. C’est une souffrance, disons, plus fade…

COMMENTAIRES

1. Le samedi 10 février 2007 à 10:46, par manue

je préfére aussi l'ennui. il contient aussi sa forme de douleur, alors que trop de douleur ne peux que mener à l'ennui.
l'ennui semble beaucoup plus profond que la douleur, qui semble naitre qu'un passage.

2. Le samedi 10 février 2007 à 14:21, par Sophie (the old)

En lisant cette note, je me suis interrogée sur la nature de l'ennui dont parle Jean Paul Kauffmann.L'ennui vécu dans l'enfermement et le dénument d'une pièce, en tant qu'otage n'est sûrement pas de la même nature que l'ennui que l'on peut ressentir dans nos vies.De quel ennui parle t'il? Si c'est de celui vécu en tant qu'otage, je peux très aisément comprendre/imaginer que cet ennui puisse être une épreuve plus difficile à vivre que la douleur.Si c'est de celui qui peut être ressenti dans une vie d'occidental libre, alors beaucoup doivent préférer cet ennui-là à la douleur.
Quant à moi, je crois que je ne sais pas ce qu'est l'ennui.La douleur oui, [toute femme qui a accouché sans péridurale sait ce qu'est la douleur!], douleur physique, douleur affective, morale...Il me semble, malgré tout, que la douleur a quelque chose de bien plus violent que l'ennui...

3. Le dimanche 11 février 2007 à 17:53, par mister pat

C'est amusant, chacun estime que l'un ou l'autre est plus profond, en fonction sans doute de sa propre expérience... J'ai l'impression que l'ennui, quand il finit par vous atteindre vraiment, ressemble en fait au désespoir

4. Le dimanche 11 février 2007 à 18:53, par Kiki

L'ennui nuit, la douleur leurre, la peste ou le choléra, je prends presto l'ennui même s'il empeste parce que j'ai pas le courage d'avoir mal...

5. Le lundi 12 février 2007 à 13:22, par cassiopée

J'imagine bien que l'ennui d'un otage déconnecté de tout stimuli doit rendre fou à terme. Même quelqu'un qui inflige une souffrance s'intéresse au moins à sa victime. Et là, on n'est pas très loin du syndrome de Stockholm où la victime lui en est reconnaissante.

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