En quelques décennies la pratique du catholicisme s'est effondrée. Je n'ai jamais été croyant mais je m'amuse aujourd'hui à fréquenter les mystiques, à guetter ici ou là les restes d'une immense et folle mythologie. Les catholiques deviennent une minorité exotique, bien moins médiatisée que d'autres. Pour cette raison ils ont toute ma sympathie, quels que soient les agacements qu'ils peuvent susciter.

Le récit de Thibault de Montaigu, La Grâce (Plon, 2020) fait partie de ces résurgences incongrues. Le narrateur y raconte sa crise mystique, et son enquête sur un oncle lui-même touché par la grâce. Dans les deux cas, la révélation est survenue après des mois de débauche. Elle a surgi à un moment qui paraissait la refuser, à une époque qui n'était pas faite pour elle. Au fond, le Christ nous fait l'effet d'un Dieu bizarre, un peu inquiétant, alors qu'Il dort sans doute en nous bien plus que nous ne l'imaginons.