Pour « La Viveuse » (2022), j’ai pensé prendre un pseudonyme. Le prénom Camille, épicène, aurait entretenu le doute et m’aurait évité les jugements du type : « Encore un homme qui fantasme sur les p… ! » (Reproches qui surviendraient en effet). Mon éditrice Angie David m’en a dissuadé. Son argument était qu’il serait dommage de ne pas capitaliser sur un nom d’auteur déjà identifié ici ou là.

On retrouve cet argument dans son propre livre, « La Renommée » (2024, Léo Scheer). Elle y disserte agréablement sur le fait qu’elle a troqué le nom de son père pour celui de sa mère. Son nom d’écriture est ainsi devenu, par le miracle d’une loi opportune, son nom légal – cas original. Le titre joliment polysémique annonce une réflexion subtile sur le rapport complexe des auteurs à leurs noms. Le livre étudie par exemple les cas d’Edouard Louis ou de Constance Debré, dont les œuvres relèvent précisément de l’invention de soi.

Pour ma part, j’ai moins le fantasme de me créer par l’entremise d’un nom que de lancer une carrière-bis sous un pseudonyme qui serait un masque. A son ombre, je m’adonnerais à toutes sortes d’expériences littéraires inavouables. La liberté par l’anonymat, en somme – pas par la fusion du masque et du visage.