J’étais à HEC, je m’agitais déjà pour me frayer un chemin vers la littérature. Je venais de fonder un journal potache sur le campus et j’ai tout naturellement choisi Roland Jaccard pour ma première interview – journal pas si potache, en fin de compte, puisque j’y semais ces bordées de pessimisme qui me faisaient rire. J’avais dû repérer ses œuvres dans les rayons de Gibert Joseph, les jours où je traînais à Paris. Je me souviens d’un homme affable qui nous a reçus très simplement dans le bar de ce grand hôtel parisien. J’étais surpris qu’il se rende aussi accessible. Par la suite, j’ai eu l’impression que son œuvre tombait dans l’oubli. Les hommages que je vois fleurir ici ou là démentent en partie cette impression, et j’en suis heureux – les œuvres sulfureuses ont donc encore leur public.