L’année dernière, mon pèlerinage au pays de Colette a failli tourner court. J’ai d’abord trouvé ennuyeuses ces « Vrilles de la vigne » qui me lassaient avec leur délire d’images et de mots datés… Et puis, je me suis souvenu qu’avec Colette il fallait ralentir le rythme et rester conscient qu’il s’agissait, avant tout, de poésie. Alors, j’ai pu goûter à nouveau sa plume sensuelle. Et je suis tombé sur plusieurs passages essentiels à la compréhension de son œuvre, comme cet autoportrait en véritable déesse de la nature :

« Tu crois qu’elle dort ? Elle cueille en ce moment, au potager, la fraise blanche qui sent la fourmi écrasée. Elle respire, sous la tonnelle de roses, l’odeur orientale et comestible de mille roses vineuses, mûres en un seul jour de soleil. Ainsi immobile et les yeux clos, elle habite chaque pelouse, chaque arbre, chaque fleur – elle se penche à la fois, fantôme bleu comme l’air, à toutes les fenêtres de sa maison chevelue de vigne… » (Dialogue de bêtes)