Je n’ai rien contre les « nouvelles pédagogies », je les pratique et j’ai même récemment participé à un colloque de didactique. Mais je ne rechigne pas de temps en temps à une petite satire contre les mœurs de l’époque, et contre l’omnipotence d’un certain progressisme.

Patrice Jean s’est fait une spécialité de la dénonciation des faux espoirs du moment, de la culture du slogan, des endoctrinements collectifs, et c’est assez naturellement qu’il s’en donne à cœur joie, dans « Rééducation nationale » (Rue Fromentin, 2023), contre les idéologies en vogue parmi les professeurs, puisqu’il enseigne lui-même. On attendait cette sorte de coming out… Et c’est mordant à souhait, avec ce qu’il faut de caricature et surtout de noirceur, ce désespoir soft qui fait désormais sa patte.

« Ils se virent trois fois pendant les vacances. Agnès aida Bruno à déserter le camp des généreux, des valets du Bien et des Narcisse de l’engagement. Plus il lisait et plus Bruno revenait à lui-même, au réel, au rien. Ces deux sources – Agnès et la littérature – purifiaient sa volonté maladive d’être utile aux autres, de créer du lien social, de raccommoder les déchirures collectives. » (page 108)