La littérature sous caféine


lundi 12 mai 2008

Soyons sérieux, Tortue Géniale !



J’ai repris depuis quelques semaines maintenant le petit cours (2 heures par semaine) (intitulé Lecture / Ecriture) que je donne à Sciences-Po, devant une vingtaine d’élèves de première année. C’est toujours un plaisir de présenter les auteurs qu’on aime, auprès d’un public motivé. J’ai commencé comme l’année précédente par l’étude de quelques auteurs japonais, mais je suis tombé cette fois-ci sur des spécialistes de culture nippone (du moins, de culture télévisée nippone) qui n’ont pas oublié de me reprendre quand ils me considéraient un peu léger sur certains points d’érudition.

J’ai par exemple plaisanté sur le fait que les auteurs japonais présentaient souvent des personnages de vieillards libidineux, comme dans le classique de Kawabata, Les Belles Endormies, dont l’action se passe dans une auberge où des hommes âgés, si possible impuissants, payent pour passer la nuit avec de jeunes vierges, qu’ils ne sont pas censés toucher.

Cela me rappelait fortement le personnage de Tortue Géniale, ce vieillard sémillant apparaissant dans la série Dragon Ball, qui demandait à Son Gôku d’aller s’entraîner dans la montagne pendant qu’il s’amusait à reluquer les donzelles de passage. Un élève est venu me voir en fin de cours pour me dire que ça se voyait que je n’étais pas un spécialiste de Dragon Ball, car Tortue Géniale n’est pas vraiment un vieillard, mais un immortel, ou quelque chose approchant… J’ai pu constater de cette manière que la culture manga, qui se développait à peine lorsque j’étais ado, a fait de surprenant progrès ! Je réviserai mes classiques, la prochaine fois…

« « Et veuillez éviter, je vous en prie, les taquineries de mauvais goût ! N’essayez pas de mettre les doigts dans la bouche de la petite qui dort ! Ça ne serait pas convenable ! » recommanda l’hôtesse au vieil Eguchi. (…) Les dents de la fille sous le doigt d’Eguchi paraissaient au toucher enduites d’une substance légèrement visqueuse. L’index du vieillard, glissant entre les lèvres, suivit la rangée des dents. Deux fois, trois fois dans un sens, puis dans l’autre. » (Les Belles Endormies, Livre de Poche, p 5 / p 43)

vendredi 2 mai 2008

Pas si facile, l'Easy Reading (Millenium contre Maupassant)



En cette fin de vacances je suis en phase active d'élaboration de scénars (quelques projets pour les mois à venir), et certaines lectures n'en sont que plus difficiles pendant les heures creuses : c'est comme si j'étais à l'affût de chaque idée qui pourrait me venir, ce qui rend problématique toute concentration prolongée sur un autre objet que ces histoires que j'ai dans la tête.

Il aurait été logique, dans ces conditions, que j'en profite pour avancer l'un de ces livres qui ne tiennent que par l'intrigue, et dont les pages défilent sous vos yeux sans douleur, sans effort particulier. J'ai donc voulu reprendre la lecture du premier tome de Millenium, ce thriller du Nord dont tout le monde vous dit en ce moment qu'il a été incapable de le lâcher. J'avais aimé les 100 premières pages, efficaces et sympathiques, et si délicieusement fluides (l'auteur (décédé depuis) prenant d'aileurs garde à ce qu'on suive si parfaitement l'intrigue qu'il a tendance à se répéter...).

Le livre raconte l'histoire d'un vieil homme dont la fille a disparu depuis des années, et qui charge un enquêteur en fin de course de reprendre l'enquête. Atmosphère à la Agathie Christie, agrémentée d'aperçus sur la vie économique suédoise... Le livre avait tout pour me divertir, et pourtant je rame comme un fou à finir les 100 pages suivantes (je ne compte même plus m'attacher aux 300 qui suivent encore). C'est que l'intrigue, aussi simple soit-elle, exige que je me plonge durablement dans le bouquin, et j'en suis tout simplement incapable !

J'ai trouvé beaucoup plus facile de lire Pierre et Jean, le petit roman de Maupassant (que j'ai chargé l'une de mes classes de seconde de lire pendant les vacances) : la prose en est (légèrement) plus dense que celle de Stieg Larsson, et l'intrigue moins palpitante, mais ces courtes scènes de vie normande, ponctuées de drame et de désespoir, de petits portraits savoureux, conviennent bien mieux à mon état d'esprit. Peut-être faudrait-il qu'à l'avenir je ne m'attaque aux lectures les plus exigeantes (poèmes de Mallarmé, pages de Lacan) que dans mes heures de plus intense déconcentration...

mercredi 2 avril 2008

Défonce minimaliste



Il y a d'excellents romans pour les lendemains de cuite, ou les lendemains d'indigestion alimentaire : lundi dernier j'avais du mal à me tenir éveillé (insomnie la veille), alors je me suis emparé de Factotum, de Charles Bukowski, succession de très courts chapitres narrant les vadrouilles alcoolisées et sexuelles d'un narrateur rêvant de gloire, errant de petits jobs en petits jobs.

Les phrases sont courtes, sobres, à la fois sordides et hilarantes. C'est un relevé minimaliste de rencontres, d'insultes et de déconvenues - l'auteur ne s'autorise même pas de coups de gueule, car il vaut beaucoup mieux que cela, traînant sa grande carcasse d'auteur déglingué avec un naturel insolent.

"Tous les sièges étaient pris. Il y avait des femmes, quelques mémères, grasses et un peu connes, plus deux ou trois dames qui en avaient vu des dures. Comme j'm'asseyais, une poule s'est levée et s'est barrée avec un mec. Elle est revenue cinq minutes après.
"Helen ! Helen ! Comment fais-tu ?"
Elle s'est marrée.
Une autre s'est pointée pour essayer.
"Ca doit être valable ! J'en veux aussi !"
Ils sont sortis ensemble. Helen est revenue cinq minutes après.
"Elle doit avoir une pompe aspirante à la place du con !
-J'vais essayer ça, a dit un vieux mec dans le fond du bar. J'ai pas bandé depuis que Teddy Rossevelt a passé l'arme à gauche."
Ca a pris dix minutes à Helen pour se le faire
." (Livre de poche, p 45)

Signalons au passage que l'adaptation cinéma du même nom, starring Matt Dillon, (cf vidéo) est excellente.

jeudi 6 mars 2008

Les substances particulières (Retour de New York, 2)



(Photo : façades à Broadway)

1) L’avion atterrissait à Newark, à trente minutes en train de Manhattan, et j’ai tout de suite pensé à Philip Roth, situe la moitié de ses romans dans cette ville. A cette occasion j’ai relu les cent dernières pages de Pastorale Américaine, sans doute l’un de ses meilleurs opus (l’histoire d’un Juif Blond, surnommé le Suédois, à qui tout réussit dans la vie, jusqu’à ce que sa fille se compromette dans un absurde attentat…), et j’ai comme toujours été frappé par la force de ces pages, leur réalisme puissant, leur lyrisme douloureux. Roth, décidément le meilleur romancier américain vivant ?

Au seul bémol près qu’il rate souvent la fin de ses romans : les pistes narratives s’éloignent dans toutes sortes de directions sans jamais converger vers un vrai point final. Sans ces fins brouillonnes, Roth serait un écrivain parfait.

Exemple de page exemplaire (une sur dix, à peu près ?) :

« Que l’être humain ait ses facettes, cela ne le surprenait pas, même s’il était toujours un peu choqué de le redécouvrir à l’occasion d’une déception. Ce qui le stupéfiait, c’était cette façon qu’avaient les gens d’arriver à épuisement, de se vider de leur substance particulière et personnelle, au terme de quoi on les voyait devenir le type même de personne qui les aurait consternés naguère. A croire que, tant qu’ils menaient des vies riches et bien remplis, ils s’écoeuraient en secret ; qu’ils étaient pressés de jeter à l’égout leur santé physique et mentale, tout sens de la proportion, pour faire apparaître cet autre en eux, le vrai, qui n’était que leurre et confusion mentale. » (Pastorale Américaine, Folio, p 450)

2) Un mardi soir, une soirée proposait un hommage à l’écrivain Chinua Achebe (que je ne connaissais pas) : des auteurs aussi prestigieux que Toni Morrison (Prix Nobel) ou Colum Mc Cann, parmi dix autres au moins, intervenaient pour lire des textes et parler de ce qu’ils devaient à leur aîné. Malheureusement la soirée était complète, et je n’ai pas su trouver de billet au noir. Je n’aurais sans doute pas tout compris ce soir-là, mais le simple fait d’avoir manqué cette occasion m’a donné envie de lire un livre de chacun des auteurs présents. Ils resteront pour toujours en moi « ces auteurs dont je n’ai pas vu le visage… » (peut-être même prendront-ils une place plus importante dans mon panthéon que si je les avais vus ?)

J’ai d’ailleurs acheté sur place le livre de Achebe, Things Fall apart (qui me paraît fort lisible, en anglais). Les couvertures des livres américains sont magnifiques, même si le papier laisse à désirer…

3) J’ai également acheté le dernier roman de Thomas Pynchon, Against the Day, pas encore traduit en français. C’est un livre énorme, que je ne lirai sans doute jamais en anglais (j’ai déjà du mal à finir ses romans traduits). Mais la force de mon admiration est telle, que j’aurais regretté de ne pas l’avoir acheté. Dans l’avion au retour j’ai lu la première page, très bonne, mais le nombre de mots que je ne comprenais pas dépassait toutes mes estimations. 25 Dollars pour une trentaine de lignes, et 750 grammes dans ma bibliothèque…

J’ai également acheté un énorme volume des aventures de Garfield, et celui-là je l’ai lu d’une traite.

mercredi 20 février 2008

"La joyeuse insolence d'un jour" (Javier Cercas, A la vitesse de la lumière)

En commençant ce blog, j'ai eu peur d'épuiser très vite le stock des livres à chroniquer, mais c'est exactement l'inverse qui se produit... De chaque côté de mon ordinateur deux, puis trois, puis quatre piles de livres se font menaçantes - ceux que je viens de lire et dont j'aimerais ne serait-ce que dire un mot (sans compter les piles, encore plus grandes, de tous ceux que je commence à lire et qui n'en valent pas la peine).

(Outre le problème du temps pour essayer de rendre compte d'un minimum de lectures, il y a le problème du budget consacré aux livres (si mes calculs sont bons, ces derniers mois je n'ai pas acheté moins d'un livre par jour en moyenne) et celui de la place (je vais bien devoir me débarrasser de quelques kilos).

Dans cette masse effrayante, il y a parfois de singulières pépites qui se détachent, et nul doute que le roman de Javier Cercas, A la vitesse de la lumière (Babel, janv 2008), aura été l'une d'elles au cours de l'année 2007-2008: une prose fluide, précise, souvent belle, pour cette histoire émouvante d'une amitié entre un romancier espagnol bientôt submergé par le succès, et un vétéran du Vietnâm traumatisé par ce qu'il a commis (les événements les lieront de façon dramatique, comme il se doit).

Le thème n'est que moyennement tentant, et les cinquante premières pages un peu longuettes, mais bientôt c'est la force du récit qui vous happe et la succession de réflexions tour à tour brillantes et touchantes. Du bel ouvrage, parfaitement maîtrisé.

"Bien des années plus tôt, Rodney m'avait prévenu et, même si j'avais interprété alors ses paroles comme l'inévitable sécrétion moralisatrice d'un perdant imbibé de l'écoeurante mythologie de l'échec qui gouverne un pays obsédé jusqu'à l'hystérie par le succès, j'aurais au moins dû prévoir que personne n'est vacciné contre le succès et que ce n'est qu'au moment de l'affronter qu'on comprend que c'est non seulement un malentendu et la joyeuse insolence d'un jour, mais que ce malentendu et cette insolence sont humiliants." (p186)

Profitons du fait que le narrateur de ce roman se laisse souvent bercer par la musique de Van Morrison pour glisser ici-même l'un des plus grands tubes de ce grand artiste de rythme and blues (mâtinée de pop et de rock), trop méconnu à mon goût, et que j'ai découvert grâce à un duo avec M.Knopfler :

lundi 28 janvier 2008

Paranoïa made in USA (Hubert Selby Jr. / Philip Roth)



Il est frappant de voir à quel point la littérature américaine est traversée par le thème de la paranoïa. Les deux derniers romans américains que j’ai lus sont hantés par des ennemis plus ou moins visibles, et par la folie que cette menace provoque chez les protagonistes. C’est particulièrement frappant dans La Geôle, de Hubert Selby Jr., dont j’avais déjà dévoré Le Démon (qu’on pourrait sous-titrer « roman d’un baiseur ») et Last Exit to Brooklyn (« Roman des mamies qui se shootent »).

Il s’agit ici du monologue halluciné d’un homme apparemment arrêté à tort, et qui se morfond en prison jusqu’au procès des policiers… Qui donc est coupable ? Le système est-il monstrueux ? Sommes-nous tous déments ? Hurlements et délires dans une prose particulièrement brutale… On découvre un Kafka sous amphétamines, en plus douloureux encore et plus terre à terre.

« …mais attendez seulement que vienne mon grand jour au tribulal. Jeleur tricoterai les nefs à ces salauds. Jeles ferai comparaître et jeles réduirai en miettes. Jeles montrerai tels qu’ils sont : de vrais singes. Je les crucifierai les salauds. Jen’aurai pas besoin d’un putain d’avocat pour m’aider à les écraser. Jeferai ça tout seul. Quand je leur aurai réglé leur compte ils maudiront leur mère pour les avoir mis au monde, ces vilaines pédales. Le putain de procureur et le juge pourront bien manipuler toute la merdouille de procédure qui leur plaira. Je m’en fous. Jeneveux qu’une chose : les amener à la barre. C’est tout. Laissez-moi seulement les obliger à déposer et jeles punirai ces pinnespuantes. Jeleur montreraiqui est coupable à ces culs pourris. » (La Geôle, p 166)

Quant à l’avant-dernier opus de Philip Roth, Le Complot contre l’Amérique (Folio, 2007), c’est la paranoïa du Juif qu’il met en scène : Roth imagine quel aurait été le sort des Juifs américains si Lindberg, pilote mythique et notoire antisémite, était parvenu à la Présidence en 1940 à la place de Roosevelt. J’ai hésité à me plonger dans ce roman, car à vrai dire je ne voyais pas vraiment l’intérêt de cette politique fiction...

Cela aurait été sans compter l’étonnant talent de ce type : dès les toutes premières pages on est happé par le réalisme étourdissant de sa fiction, et la démonstration devient passionnante. C’est une vie fragile qu’on découvre, celle de familles entières que l’Histoire aurait pu menacer. L’émotion naît de l'infime décalage avec le réel, et du fantasme de basculement dans l’horreur. Je ne me voyais lire qu’une cinquantaine de pages de ce livre, je vais être bien obligé de le finir…

jeudi 8 novembre 2007

Coup de massue : Lunar Park (Bret Easton Ellis, Pocket 2007)



Lunar Park (le dernier roman de Bret Easton Ellis) s’ouvre par un chapitre magistral, intitulé « Les Débuts » : le narrateur, qui semble se confondre avec l’auteur, décrit le succès foudroyant qu'il a rencontré dès son premier roman, l’impressionnant Moins que Zéro (brillante succession de scénettes trash chez les étudiants friqués de Californie), sa plongée dans la drogue et la débauche.

L’effet de réel est saisissant. Bret maîtrise toutes les ficelles du burlesque et d’une sorte de suspense existentiel. Résultat tellement flamboyant, même, dans la défonce et le délire, qu’on se demande si tout est vraiment vrai.

Le doute se confirme lorsque la suite du roman bascule dans un genre nouveau pour Ellis, le fantastique, mâtiné de chronique familiale, par ailleurs très drôle (Ellis excelle dans la description des tourments d’un père de famille complètement dépassé par les événements).

Le narrateur voit en effet sa vie basculer dans l’horreur, les événements inexpliqués se multipliant autour de lui. Effet de la drogue ? Retour du refoulé ? Vengeance de ses propres personnages ?

L’effet de surprise dure deux cents pages, et puis Bret se casse les dents dans ce nouveau genre : il n’arrive pas à la cheville de Stephen King ! Non seulement le suspense s’essouffle, mais certains développements sont même franchement tartes…

Il aurait presque fallu publier séparément les chapitres 1 et 4 (ce dernier poursuivant la veine sexuelle et « droguesque » du premier, en proposant les bases d’un roman pornographique écrit par le narrateur : autre grand moment d’anthologie). A moins que je n’aie rien compris à la subtilité des trois cents pages suivantes. J’étais pourtant parti conquis ! Etrange livre hybride, au final… A la fois le meilleur d’Ellis, et son plus raté.

Extrait (dans les bonnes pages) :

« Et puis il y avait des effets secondaires plus graves, du fait de se droguer pendant une tournée longue et épuisante : la crise cardiaque à Raleigh-Durham et le coma quasi mortel à St. Louis. Très vite, Terence s’en est foutu complètement (« Mec, tu veux de la dope, prends de la dope », me disait Terence avec une certaine lassitude dans la voix, en tortillant ses dreadlocks du bout du doigt. « Terence veut pas savoir. Terence ? Fatigué, mec ») et donc je m’en enfilais toutes les dix minutes pendant les interviews dans un bar d’hôtel à Cincinnati, tout en avalant des doubles Cosmopolitan à deux heures de l’après-midi. » (p38)

vendredi 19 octobre 2007

L'annuaire mondial du futur (Philip K. Dick, Ubik)



Adolescent, j’ai dévoré ce roman, Ubik, de Philip K. Dick, sans rien y comprendre, mais le hissant à la première place de mon panthéon des meilleurs bouquins de Science-Fiction. A l'âge de vingt ans j’ai remis le couvert, décrochant assez vite et plus guère intéressé par ces histoires de voyages dans le temps, de contraction de l’espace et de paradoxes narratifs.

Et puis je l’ai relu la semaine dernière et ça a été le choc. La puissance de ce romancier déglingué, inspirateur d’un nombre incroyable de films hollywoodiens (de Blade Runner à Minority Report en passant par Total Recall), m’a frappé pour longtemps. J’ai ressenti un plaisir sidérant – celui d’un gamin surintelligent shooté aux amphét’. Le roman est trépidant, parfaitement construit (comment cela se fait-il qu’il n’ait pas été adapté encore au cinéma ?), et d’une imagination absolument folle (les vivants communiquent avec les morts, les temps se télescopent, les emboîtements du scénario deviennent vertigineux).

Les jours suivants, je bouillonnais d’idées pour des romans de genre (thriller horrifique et compagnie), mais il y a des maîtres en la matière qu’il est intimidant d’affronter.

Seul bémol, qui fait le charme du livre : publié en 69, les aperçus sur le monde du futur sont souvent risibles.

Exemple :
« - Qu’on me passe l’annuaire mondial, dit-il. Je vais prévenir le moratorium pour qu’on nous attende.
Il regarda sa montre. Encore dix minutes de vol.
- Voilà, Mr Chip, dit Jon Ild après avoir fait des recherches.
Il tendit à Joe la grande boîte carrée avec son clavier et son microsondeur.
Joe tapa sur le clavier SUI, puis ZUR, et enfin MOR FRE BNAIM.
- C’est comme de l’hébreu, dit Pat derrière lui. Les condensations sémantiques.
Le microsondeur se déplaça d’avant en arrière, en procédant à des sélections et à des éliminations ; puis le mécanisme finit par éjecter une carte perforée que Joe glissa dans la fente réceptrice de l’audiophone
. » (p106)

Vous imaginez, un annuaire mondial à l’heure de la colonisation de la lune ! Et des fax ! K. Dick était loin d’avoir imaginé ce que pourrait être internet.

(Serait-il cependant à l’origine de l’idée de matrice telle qu’elle sera développée dans Matrix ? L’écrivain William Gibson passe pour son inventeur, et pourtant l’idée de matrice et de vrai monde parallèle est reprise plusieurs fois dans Ubik…)