Quelques récentes déceptions (légères, cependant):

- La cloche de détresse, de Sylvia Plath: J'aime beaucoup les poèmes de Sylvia Plath mais je n'ai pas pu me retenir de penser, en lisant ce récit publié quelques années après sa mort, et qui a rencontré un succès considérable à l'époque, qu'il n'aurait pas eu tant d'écho si l'auteur n'avait pas connu de fin si tragique. La plume est sensible, l'ensemble se lit très bien mais j'ai eu du mal à sentir sa détresse profonde en dépit de l'évocation, dans les dernières pages, des séances d'électrochocs.

- Ravelstein, de Saul Bellow : autant je suis admiratif de Philip Roth (qui se revendique de Saul Bellow), autant Saul Bellow lui-même me laisse chaque fois sur le sentiment de bâcler ses livres. Ravelstein est agréable à lire mais il s’agit d’un tissu de conversations délayées, sans ligne directrice ni structure, avec pour seul prétexte le portrait d’un prestigieux universitaire. Les semaines passent, et le souvenir du livre s’estompe irrémédiablement…

- Mon nom est légion, de Antonio Lobo Antunes : considéré comme l'un des plus grands romanciers européens, Lobo Antunes délaisse l'épopée coloniale portugaire pour l'évocation des banlieues de Lisbonne. Comme d'habitude le récit est éclaté, la prose fluide malgré son haut degré de recherche formelle (les monologues s'éparpillent en milliers de petites notations sensibles, en fantasmes furtifs dessinant un monde) et l'intensité dramatique est assez forte - on suit le périple de voyous qui violent une femme, et le parcours des personnes concernés par cette virée. Cependant on s'y perd un peu, les chapitres défilent sans qu'on y prenne un plaisir foudroyant et la matière semble assez mince, en définitive, pour ce pavé réclamant un temps de lecture important.