Je lis d’une traite le beau livre où Springsteen et Obama discutent de leurs carrières respectives. Je serai toujours surpris par l’optimisme foncier des Américains, du moins celui qu’ils affichent si souvent dans leurs discours et dans les œuvres. Mais aussi par les valeurs qui structurent la gauche américaine, des valeurs qu’on a tendance désormais à classer, de ce côté-ci de l’Atlantique, à l’extrême-droite : l’amour du pays, la foi en Dieu, la dévotion vis-à-vis de la famille. Et puis, il y a cette joie presque naïve qui me paraît avoir tout à fait déserté la scène politique française… Le spectacle en est revigorant, et sans doute un peu triste pour notre pays.

« Ce que j’ai appris dans l’Iowa n’a fait que conforter ce en quoi j’avais cru depuis le début : à savoir que, en dépit de toutes nos différences, il y avait des traits communs chez les Américains, que les parents de Michelle, dans le South Side de Chicago, envisageaient les choses de manière très similaire à un couple de l’Iowa. Les deux couples croyaient au dur labeur. Tous deux croyaient aux sacrifices consentis pour les enfants. Pour les deux, il était important de tenir parole. Ils croyaient en la responsabilité individuelle, et que nous devons accomplir certaines choses les uns pour les autres, par exemple s’assurer que tous les enfants bénéficient d’un bon enseignement, ou que les seniors ne sombrent pas dans la pauvreté. Qu’en cas de maladie, vous ne vous retrouviez pas livré à vous-même. Et la fierté d’avoir un boulot. Tu vois ces valeurs communes et tu te dis : si j’arrive juste à convaincre les gens des villes et les gens de la campagne, les Blancs, les Noirs et les Hispaniques – si j’arrive à faire en sorte qu’ils s’entendent, ils se verront et se reconnaîtront les uns dans les autres, et, à partir de là, nous aurons une base pour véritablement faire avancer le pays. »