(Photo : façades à Broadway)

1) L’avion atterrissait à Newark, à trente minutes en train de Manhattan, et j’ai tout de suite pensé à Philip Roth, situe la moitié de ses romans dans cette ville. A cette occasion j’ai relu les cent dernières pages de Pastorale Américaine, sans doute l’un de ses meilleurs opus (l’histoire d’un Juif Blond, surnommé le Suédois, à qui tout réussit dans la vie, jusqu’à ce que sa fille se compromette dans un absurde attentat…), et j’ai comme toujours été frappé par la force de ces pages, leur réalisme puissant, leur lyrisme douloureux. Roth, décidément le meilleur romancier américain vivant ?

Au seul bémol près qu’il rate souvent la fin de ses romans : les pistes narratives s’éloignent dans toutes sortes de directions sans jamais converger vers un vrai point final. Sans ces fins brouillonnes, Roth serait un écrivain parfait.

Exemple de page exemplaire (une sur dix, à peu près ?) :

« Que l’être humain ait ses facettes, cela ne le surprenait pas, même s’il était toujours un peu choqué de le redécouvrir à l’occasion d’une déception. Ce qui le stupéfiait, c’était cette façon qu’avaient les gens d’arriver à épuisement, de se vider de leur substance particulière et personnelle, au terme de quoi on les voyait devenir le type même de personne qui les aurait consternés naguère. A croire que, tant qu’ils menaient des vies riches et bien remplis, ils s’écoeuraient en secret ; qu’ils étaient pressés de jeter à l’égout leur santé physique et mentale, tout sens de la proportion, pour faire apparaître cet autre en eux, le vrai, qui n’était que leurre et confusion mentale. » (Pastorale Américaine, Folio, p 450)

2) Un mardi soir, une soirée proposait un hommage à l’écrivain Chinua Achebe (que je ne connaissais pas) : des auteurs aussi prestigieux que Toni Morrison (Prix Nobel) ou Colum Mc Cann, parmi dix autres au moins, intervenaient pour lire des textes et parler de ce qu’ils devaient à leur aîné. Malheureusement la soirée était complète, et je n’ai pas su trouver de billet au noir. Je n’aurais sans doute pas tout compris ce soir-là, mais le simple fait d’avoir manqué cette occasion m’a donné envie de lire un livre de chacun des auteurs présents. Ils resteront pour toujours en moi « ces auteurs dont je n’ai pas vu le visage… » (peut-être même prendront-ils une place plus importante dans mon panthéon que si je les avais vus ?)

J’ai d’ailleurs acheté sur place le livre de Achebe, Things Fall apart (qui me paraît fort lisible, en anglais). Les couvertures des livres américains sont magnifiques, même si le papier laisse à désirer…

3) J’ai également acheté le dernier roman de Thomas Pynchon, Against the Day, pas encore traduit en français. C’est un livre énorme, que je ne lirai sans doute jamais en anglais (j’ai déjà du mal à finir ses romans traduits). Mais la force de mon admiration est telle, que j’aurais regretté de ne pas l’avoir acheté. Dans l’avion au retour j’ai lu la première page, très bonne, mais le nombre de mots que je ne comprenais pas dépassait toutes mes estimations. 25 Dollars pour une trentaine de lignes, et 750 grammes dans ma bibliothèque…

J’ai également acheté un énorme volume des aventures de Garfield, et celui-là je l’ai lu d’une traite.