La littérature sous caféine


lundi 29 novembre 2010

Vie de Merde, drôle ou pas drôle ?



1) Voulant acheter pour un cadeau l’un des volumes de Vie de Merde, livre tiré du site du même nom (compilant des anecdotes, censées être vraies, de galères du quotidien), je m’adresse à une vendeuse du rayon « comique » de Gibert Joseph. « Fais chier ! me répond-elle. J’en ai vraiment rien à foutre de ces merdes ! Vous trouvez pas que c’est sinistre, ce genre de trucs ? Non, mais vous croyez vraiment qu’on a besoin de ce genre d’humour ? C’est pas de l’humour, pour moi, c’est juste glauque ! Y’a vraiment un problème ! Génération pourrie ! Génération triste ! Les pauvres ! Si ça les fait rire ce genre de machin ! Moi je veux des trucs qui me tirent vers le haut ! Du véritable humour, quoi ! De la joie, des choses positives ! C’est vrai, quoi ! Moi je veux du positif, bordel ! Qu’est-ce qu’ils ont, tous, avec leur façon triste de voir les choses ! » (Cela dit, bien sûr, d’un air sinistre…)

2) Passant à la caisse, je vois le jeune homme derrière le comptoir commencer à feuilleter le livre : « Tiens, ils l’ont sorti en livre… Je savais pas… C’est marrant, comme truc… Y’en a une bonne, là… (Il la lit). Hin hin hin ! Vraiment marrant ! Tenez, je viens d’en recevoir une sur mon portable ! (Il me la lit) Hin hin hin ! Vous aimez bien, vous ? Moi je trouve ça pas mal… Ah ouais, y’en a vraiment plein dans ce bouquin, c’est bien… Mais vous êtes pressé, peut-être ? »

3) Le serveur d’un bar se plaint des rhumes qu’il attrape régulièrement maintenant qu’il habite à Paris. « Ça, c’est dans le métro, lui répond un homme goguenard d’une soixantaine d’années. Ça me rappelle ce que me disait souvent un ami. « L’air qu’on respire dans le métro, c’est un air qui a déjà été pété deux fois ! » »

jeudi 18 novembre 2010

Les amateurs de Hitler


N*E*R*D - Hypnotize U
envoyé par emipubfrance. - Clip, interview et concert.

(Vidéo: le meilleur titre du dernier album de N.E.R.D, le groupe de Pharrell Williams)

1) Lu dans une copie qui donne un exemple d'utilisation du mot "émulation": "Sa motivation et son envie de gagner lui permettra de s'émuler soi-même"

2) Une autre copie, voulant illustrer le mot "pugnace": "La pugnacité de Hitler l'a mené à perdre la confiance de ses amateurs".

3) Lu sur une table d'un bon lycée parisien : "Le français c'est vraiment du baratin".

lundi 1 novembre 2010

Ambiance, ambiance dans les bars havrais

Quelques jours dans les bistrots havrais pendant ces vacances de la Toussaint :

1) Un homme bedonnant clame à la cantonade : "J'vous dis pas, si j'étais une femme, j'serais une sacrée salope !" (Rire général)

2) Au Chiquito (le même nom que le bar en bas de chez moi à Belleville). Une femme d'une soixantaine d'annéees, manifestement en manque d'affection, portant ce qui doit être sa plus jolie robe, adresse la parole avec une certaine fébrilité à tous les hommes qui passent dans un rayon de dix mètres. Elle commence toujours par justifier le petit verre de rosé qu'elle sirote méthodiquement par: "Je bois ça parce que ça me rafraîchit..." Dehors, il pluviote et la température est passée sous la barre des cinq degrés.

3) M'apprêtant à quitter le même bar, la patrone m'interpelle de façon peu amène : "Monsieur, je ne me trompe pas, vous avez branché votre ordinateur sur la prise qui est là-bas ? - Euh, oui... - Eh bien permettez-moi de vous dire que ça ne se fait pas, Monsieur ! Qu'est-ce que vous diriez, vous, si je venais chez vous et que je branchais mon sèche-cheveux dans votre salon ? Hein ? Vous ne seriez pas content, n'est-ce pas ? Et bien c'est exactement la même chose dans mon bar ! Il y a des choses qui ne se font pas, Monsieur ! - Euh... J'ai l'habitude de le faire dans d'autres bars et ça ne pose pas problème, habituellement... - Au revoir, Monsieur !"

dimanche 24 octobre 2010

"Quand Houellebecq nous parle d'asticots, c'est passionnant !"

1) Dans un bistrot de Belleville, un sémillant soixantenaire entame un vibrant plaidoyer de Houellebecq devant sa femme qui n'a pas l'air de connaître vraiment : "Un talent fou, ce Houellebecq ! Dans son dernier roman il est capable de parler de mouches au moment où on s'y attend le moins ! Tu vois, dans la dernière partie, ça devient policier, et au moment de décrire le cadavre, il embraye sur une description des mouches avec plein de détails sur la vie des mouches, c'est incroyable ! Personne d'autre ne ferait ça comme lui ! Personne d'autre n'oserait le faire ! Il a vraiment du talent ! Pareil avec les asticots... Il embraye avec les asticots, tu vois, à propos du cadavre, et il rend ça passionnant ! Vraiment passionnant !"

2) Dialogue entre deux metteurs en scène apparemment spécialisés dans les auteurs d'Europe de l'Est : "Tu vois, Blumfeld c'est du Brecht mais avec une nuance de Maskovitz, la tradition des contes campagnards mais avec un travail sur la langue supplémentaire, davantage de travail sur la langue qu'avec Kardec... - Comme Milena Houstov ? - Exactement ! Mais en plus vivant, tu vois, libéré des lourdeurs qu'on peut trouver chez Börkel. - En somme, comme du Zladic mâtiné de Borj. - Je n'aurais pas su dire mieux !"

3) A la gare Saint-Lazare, un teckel passe et une petite fille de dix ans pousse un cri, s'effondrant sur la valise de son père. "'J'ai cru que c'était un tigre !"

jeudi 7 octobre 2010

Les répliques qui tuent de bon matin

Certains amis, certains collègues ont le don pour vous déstabiliser dès la première phrase échangée. Il y a les classiques "Mon Dieu, ce que tu as l'air fatigué !", "Je me trompe ou tu es malade ?", mais il y a des variantes plus fantaisistes.

Récemment, j'ai ainsi eu droit à : "Ouh là! Mais ton visage est tout rond ! Qu'est-ce qu'il t'arrive ? Tu as grossi, non ? (Regard inquisiteur...) Non... C'est fou, ça.... Comment ça se fait ?" Ou bien: "Tiens, c'est marrant ! Hi hi ! Je me rends compte seulement maintenant que tu ressembles à un poisson ! C'est vraiment surprenant !"'

dimanche 3 octobre 2010

Les questions qu'on n'attend pas



(Vidéo : Clip de Knockout, excellente fusion rock-rap dans le dernier album de Lil Wayne, Rebirth)

Quelques remarques ou questions récemment entendues de la bouche d'élèves de bts ou de lycée :

1) Monsieur, est-ce que vous êtes un bobo ?

2) Monsieur, vous avez de beaux restes.

3) - Monsieur, comment s'appellent vos enfants ?
- Euh... Je n'en ai pas encore.

4) Monsieur, faites pas trop la fête ce week-end, hein ?

jeudi 23 septembre 2010

Prendre du ventre ET des seins

1) Une femme d’une cinquantaine d’années, gouailleuse, à une terrasse : « Oui, j’ai pris du ventre ! Et alors ? J’ai pris des seins, aussi ! AH AH AH ! » (rire sarcastique)

2) Un octogénaire au beau visage, à la belle dégaine, clopant et buvant pendant qu’il discute avec une quinqua bobo : « Tu trouves déprimant ce que je te raconte ? Vraiment ? Mes théories sur Marx, sur la finance, sur l’avenir du monde, tout ça ? C’est vrai, c’est déprimant ! Mais c’est marrant, moi je suis pas du tout déprimé ! C’est peut-être que je crois pas à ce que je dis, au fond… C’est ça, je crois pas mes propres salades… AH AH AH ! »

3)- Une remarque d'un ami-lecteur à propos de Suicide Girls : « Tu utilises souvent le mot « queue », plutôt que sexe… Ça me paraît en décalage avec le langage plutôt soutenu, par ailleurs, du narrateur. En revanche tu utilises à deux reprises, me semble-t-il, le mot « précis » pour parler du ventre, ou de la poitrine, d’une femme, et c’est un terme que je trouve particulièrement bien choisi. »

4) Une remarque d'une amie-lectrice: « Quelque chose m’a agacé à propos du narrateur : une certaine naïveté de sa part… D’ailleurs lui-même utilise ce mot vers la fin. Dans quelle mesure est-il vraiment naïf ? Dans quelle mesure en est-il conscient ? J’ai du mal à me faire une opinion à ce sujet… Ca m’a gêné, je dois te dire, dans ma lecture… J’ai du mal à le cerner, ce narrateur… Se moquerait-il un peu de moi ? »

lundi 20 septembre 2010

La femme est un moyen de transport / "Quand j'entends le mort culture, je sors mon aspirateur"

1) Un élève, pendant son oral du bac, se mélange les pédales dans son commentaire d'un poème de Baudelaire. Cherchant sans doute à retrouver l'expression "transport amoureux", il m'assène la phrase, en conclusion : "La femme est un moyen de transport..."

2) Une exposition dans la belle Maison Rouge, galerie d'art parisienne. Plusieurs installations présentent des gravats, des amoncellements d'objets, des objets détruits. J'entends une jeune femme glisser à l'oreille de son petit ami : "Ouah, ça me donne envie de faire le ménage!"