La littérature sous caféine


jeudi 24 janvier 2008

Souffler sa peine (Poèmes d'élèves, suite et fin)



Dernière salve de poèmes d'élèves: j'en présente ici trois, parmi les meilleurs, et je publierai les autres dans les commentaires de ce billet, pour ne pas prendre trop de place sur ce blog...

1) Souvenirs défunts

Les rayons de soleil percent la brume / Froide d'automne, baigne une amertume. / Dans la rue personne, pas même ceux / Qui dansaient autrefois; dehors il pleut.

Et puis l'horloge du clocher sonna / L'heure où ton doux sourire s'effaça. / L'espoir fait vivre, m'avait-on dit; / Ce jour-là, m'aurait-on encore menti ?

Mon paradis s'est enfui sous la terre / Le soir où cette nouvelle au goût amer / Eut assombri ces souvenirs... défunts.

Ton coeur battait, mais c'est déjà la fin, / Silence interminable entre toi et nous. / Dehors il pleut, comme sur mes joues.

Anonyme, 2AA

2) Alice au pays des merveilles

Parce que ma tête est malade, elle me joue des tours, / Rêve classé anormal, puis un mauvais détour. / Me voilà chez Alice, une belle brune et ses yeux noirs, / La dame de coeur dans mon jeu et une lueur d'espoir.

Je relance la mise, elle va enfin se coucher, / Mais la peur d'un recul va me faire avancer. / Dans le noir alors, la souffrance crie et se débat, / Puis reste seule sur le lit, vulgaire pantin de bois.

Alice oublie mais perd de sa belle innocence, / Elle sort la nuit avec ce qu'elle a d'insolence, / Elle prend tout ce qu'il faut pour planer, sans trop y croire, / Et planifie déjà sa fin entre deux trottoirs.

Parce que ma tête est malade, elle me joue des tours, / J'ai vu ma reine de coeur dans le journal du jour, / Que j'ai acheté avec des roses et des jasmins, / Ce soir je vais chez Angélique, je sais qu'elle m'aime bien...

Aude Peyssou, 2AA

3) Le vieillard

Il s'est assis sur le banc / A l'ombre du marronier / Comme il le fait depuis des années / Le vieillard au chapeau blanc.

Son ami de tous les jours / N'étant plus au rendez-vous, / Il est seul, la tristesse l'envahit... / Qui pourra le comprendre ?

Son regard vide et absent / Fixe sans cesse l'horizon / Devinant sa fin qui est proche, / Il baisse la tête calmement.

Les jours défilent à toute vitesse / Son corps fatigué a cessé de lutter, / Gouttant la vie un dernier instant / Il souflle sa peine.

Nina Fayard, 2AA.

samedi 19 janvier 2008

Bilan du 20ème siècle : NUL

1) Après la lecture d'une série de poèmes du 19ème siècle, je commence à distribuer des polycopiés présentant des poèmes du 20ème. Histoire d'instaurer un minimum de dialogue pendant la distribution, je demande à la cantonade :
- Alors, à votre avis, elle sera comment, la poésie du 20ème ?
J'attendais des réponses du genre : "moderne", "bizarre", "marrante"...
Elle fut plus cinglante, et plus spontanée :
- Nulle !

2) Introduisant la lecture de poèmes de Victor Hugo, j'essaye de sonder les connaissances des élèves :
- Il y a un événement tragique qui a beaucoup marqué Victor, et qui lui a inspiré quelques poèmes... Vous savez quel est cet événement tragique ?
- Euh... Il est mort ?

3) Entendu en salle des profs. Une prof d'histoire corrige des copies :
- J'ai proposé un sujet de dissertation dont le sujet était : "La Guerre 14-18". Vous me savez ce que cet élève m'a fait comme plan ? I) 1914, II) 1918..."

vendredi 18 janvier 2008

Un vers, ça va... (Poèmes d'élèves, 5)



1) Un amour perdu


Je me souviens encore / De tes caresses sur mon corps / De nos deux coeurs en accord / Ton parfum, ta voix / Que mon corps accueillait en frissons.

J'aimerais encore faire partie de toi / Pour combler tout ce qui manque en moi / Comment oublier ta tendresse / Ton regard, qui m'ensorcelle.

Toi ma perle d'or, / Ma splendeur aux mille trésors / Une vie passée, couverte de roses / Car avec toi j'ose.

Rêve, emmène-moi, emmène-moi / Sur son chemin, sur ses traces / Rêve, emmène-moi, le temps d'une illusion / Que mes yeux se soulagent / Que quelques secondes, mon coeur s'apaise / Rêve, je te supplie / Le désespoir frappe à ma porte.

Un nouveau jour qui se lève / Et ma vie me pèse / Elle n'est que lamentations et désespoir / La douleur de vivre alors que tu n'es plus / La torture d'un sourire qui n'est tient / Mon coeur va mal, et je ne suis pas de taille / T'oublier, tel est ma tourmente.

Lettre d'une image abstraite / A son amour en retraite / Pour te faire revivre une dernière fois.

Mélany Semedo Mendès, 2AA

2) La musique

Elle, elle rythme ma vie / Changeante selon mes envies / Elle combat mon ennui.

Comme une drogue, non néfaste / Elle m'aide à faire face / Dans une folle ronde / Elle m'emmène vers d'autres mondes.

Et il arrive que parfois, / Elle me transporte de joie / Sur son tempo saccadé / Elle me fait onduler.

COmme une drogue, non nuisible / Elle me permet de survivre. / D'intensifier chaque moment / D'amplifier chaque sentiment.

Elle, elle me fait planer, / Vibrer, pleurer, rêver. / Et m'aide à ne pas sombrer.

Jade de Rooster, 2AA.

3) J'adore ton corps sué / Ce corps rempli de douceur / Que j'aime tant savourer.

PLus jamais je n'oublierai / Ton corps brûlant de chaleur / De tes baisers colorés.

Tu aimes me faire attendre / Me donner du plaisir / Sans pour autant me prendre / Cela te donne du plaisir.

Mon coeur s'est déchiré / D'extase que tu m'offrais / Mon corps tout épuisé / Dans tes draps je m'endormais.

Anonyme, 2AA

jeudi 17 janvier 2008

De l'amour et du sang (Poèmes d'élèves, 4)



Les slashs tiendront lieu désormais de saut à la ligne, pour ne pas occuper trop de pages...

1) Je veux te descendre

Une vision m'insupporte / Celle de ton visage / Image tellement méprisable / Il faut que ça sorte
Tu es l'incarnation / De tous ceux que je hais / Homme incapable de réflexion / Mais qui en plus se tait.
Je veux te descendre / Mes sombres rêves et pensées / Ne sont tournés que vers cette idée / Je veux te descendre.
Croyant en tes vestus imaginaires / Tu ne connais que le superficiel / Entraîner les gens à terre / C'est pour toi l'essentiel.
Ne voulant que ton bonheur / Je t'ai alors fait confiance / Mais tu m'as brisé le coeur / Et ça tu t'en balances.
Je veux te descendre / Mes sombres rêves et pensées / Ne sont tournés que vers cette idée / Je veux te descendre.

Léa Rigole, 2DM

2) Toi

Tu m'as montré en toi / Ce qu'il manquait en moi / A travers ton histoire / Au fond de ma mémoire.
Tu as bercé ma tendre enfance / En faisant oublier ma souffrance / Aujourd'hui, je vis / Et toi tu me souris.

Anonyme, 2DM

3) Ayant perdu son âme / Remplacé par sa lame / Ayant perdu la foi en la justice / Remplacé par sa haine et son supplice.
Son innocente épée ne le trahit jamais. / Couper, broyer, transpercer, hacher, trancher,
Face à ses crimes, son coeur jouit/ Tandis que son âme pâlit.
Allumée par les feux de son désespoir, / Avec ce énorme bout d'acier, / Cette épée comme seule amitié... / Qui lui permet de recommencer le cauchemar.
Lorsqu'il est dans la bataille / Acculé par plusieurs canailles, / Un revers de son épée / Et toutes leurs têtes sont coupées.

Vincent Ménard, 2DM

vendredi 11 janvier 2008

"Ton moteur si chaud" (Poèmes d'élèves (3))



7) "Je vous présente un grand classique de la poésie française du XXIème siècle :

Je te regarde souvent
Roulant rapidement
Sur le bitume brûlant
Laissant du caoutchouc
Encrer royalement
Le noir asphalte chauffant
Qui ne t'aime pas beaucoup

Devant ta royauté
Tous ces gens apeurés
Par ta rare majesté
Et ton moteur si chaud
Te connaissent sous le nom
De Skyline G-T-R
Trente quatre Z-tunes turno

Julien Rikam, 2AA

8) Deux petits mots

Une petite chose dans ma tête
Un quelque chose qui m'embête
Deux p'tits mots ordinaires
Qui sortent du dictionnaire

Notre amitié est si forte,
Que je n'veux pas qu'elle soit morte
Une fois que j't'aurai avoué
Mes sentiments pour toi, Beauté

J'aimerai te le prouver
Ou même te le crier
J'en serai débarrassé

Difficile à expliquer
Si difficile à prononcer
Même si je pense que tu les as devinés

Maxime Viala, 2AA

9) Un poème très sérieux...

... Bob le mouton


C'est l'histoire d'un mouton, en haut de la colline,
Tranquille dans son troupeau, on ne le distingue point.
Brouter son herbe fraîche, voici sa belle routine,
Derrière ses barrières, il ne va jamais loin.
Tout comme les autres, il n'a pas les idées fines.

Mais c'est un mouton, même s'il était carnivore,
Aurait-il le courage, la force de s'échapper ?
Il n'y a pas d'issues, il n'est pas assez fort,
Se pose-t-il des questions ? Veut-il s'exclamer ?
Je me suis fait trop d'illusions, j'ai sûrement tort.

Bob ne fait que manger, dormir et se vider,
Inévitable, car dirigé par cette chienne.
Il suit ce beauc troupeau, ainsi que des idées,
Qui malheureusement, ne sont pas les siennes.
Bob finira bossu, superflu et ridé.

Nicolas Collombon, 2AA

jeudi 10 janvier 2008

"Banlieue créative" (Poèmes d'élèves, 2)



1) Aujourd'hui une histoire d'amour
Demain peut-être plus rien
Toi et moi pour toujours
Seulement si la vie nous en donne les moyens

Comment aimer sans pouvoir autant te détester
Avec ton visage qui envahit toutes mes pensées

Chaque jour je pense à toi,
Toute seule dans mon coin
Avec cet espoir
De pouvoir vivre enfin,
Une merveilleuse histoire.

Pour toi mon coeur,
Je voudrais savoir voler pour pouvoir le décrocher
Durant toutes ces heures,
Sans jamais cesser de t'aimer.

Un jour sans toi, je n'ose m'imaginer
Mais plutôt contre toi, meilleure sera cette idée.

Un et un font deux,
Toi et moi font nous,
Mais tu ne peux
Qu'être mon tout
Car je le veux.

Caroline Sedira, 2DM (Seconde Dessinateurs Maquetistes)

2) PARIS

Commencez par le métro,
Puis passer par le Louvre,
C'est toutes les portes que Paris vous ouvre.

Mais malgré la pollution,
Vous y découvrirez
Toute une multitude de musées.

N'ayez peur de sa banlieue,
Bien qu'elle soit un peu craintive,
Elle reste tout de même très créative.

Incrustez-vous dans le monde,
Visitez donc les boutiques,
C'est une histoire très sympathique

Ce sont bien les touristes,
Qui viennent voir la capitale,
Cela n'est rien d'une ville banale.

Félix, 2DM

3) Amour caché

Lorsque je t'ai vue la première fois,
Ton image est restée gravée en moi.
Je ne pourrai jamais m'en détacher
Et personne ne pourra me l'arracher.

Ta chevelure, douce comme la soie
Me rend complètement dingue de toi.
Et de par tes yeux, les plus merveilleux
Je sais maintenant, je suis amoureux.

Mais saurais-je maintenant t'en parler ?
Ne risquerai-je pas de regretter ?
Car je ne voudrais pas te voir partir
Je ne supporterais pas d'en souffrir.

Pourtant pas besoin de milliers de mots
Pour moi ces deux seuls mots sont les plus beaux
Pour te révéler tous mes sentiments
Et tu les mérites très amplement.

Je t'aime et rien ne pourra le changer
Je ne veux que rester à tes côtés
Que ce soit dans les pleurs ou le malheur
Et te donner à jamais tout mon coeur.

Sébastien Lahaye, 2DM

mardi 8 janvier 2008

Des rimes au lycée (1)



(Photo : Portrait de Baudelaire par Courbet (tableau qu'on peut voir en ce moment à l'exposition Courbet du Grand Palais)

Lundi matin, dans le métro, quelques minutes avant de m'installer sur le siège de ma dentiste (je savais qu'elle allait m'enfoncer dans la mâchoire de très longues aiguilles - pour atteindre le niveau de l'oreille, avait-elle cru bon de me préciser), je lisais quelques poèmes d'élèves de seconde, et touché par cette atmosphère de poésie propre à me faire tolérer le savant supplice qui s'annonçait, je me suis dit : faisons profiter de ces jolis textes les lecteurs de ce blog.

Dans les semaines qui suivent, et pour changer quelque peu des "perles des cours de français", je vais donc reproduire les poèmes écrits par les élèves de deux de mes classes au lycée Eugénie Cotton de Montreuil (avec leur accord), poèmes qui devaient répondre à quelques (légères) contraintes formelles et thématiques. J'ai pris le parti de corriger les fautes d'orthographes...

1) Rêve de plume

Une plume
Noir et or
Avec une âme
Un corps

Qui n'écrit
Jusqu'au soir
Que des histoires
De vie

Dans l'ombre
Imagine
Qui illumine
L'ambre

Un soleil
Si étrange
Dont le réveil
Dérange

Les anges...

(Zoé Bourdon, Seconde Arts Appliqués)

2) L'Amour est l'Espoir
L'Espoir est l'Amour


Dans le froid et l'obscurité
Je décide de me lever
Les ténèbres tournoient autour de moi
Je ne sais plus que faire de ma foi

Elle me laisse alors seul ici
Seul, et plein de mélancolie
Puis jouissant de sa nouvelle existence
Me regarde et rit sans contenance

Cherchant un moyen de sortir
Elle arrive pour m'éblouir
Se dressant brillante et avec beauté
Telle une sublime divinité

Et déchirant le voile noir
L'espoir, je puis enfin le voir
Ma raison de vivre est arrivée
Elle me dit son nom, ma bien-aimée.

(Mostafa Quenum, 2AA)

3) Aimer,
Que veut dire ce mot lorsqu'on n'a que quinze ans
C'est un mot dont chacun a sa définition
Et qui nous remplit d'une telle réflexion
Aimer commence en souriant et finit en pleurant.

Parfois aimer est bien difficile pourtant
Du rire aux pleurs, de fierté à déception
Aimer n'est rien d'autre qu'une extrême passion
Des moments magiques où s'arrête le temps.

On a si mal parfois qu'il nous reste des fois
Un soupçon de regret et de larmes en soi
Même si on sait que personne ne pourra prendre sa place
Malgré ça avec le temps chaque peine s'efface.

Il restera toujours en moi un peu de lui
La douceur de ses mains, l'odeur de son parfum
Les étincelles de ses yeux éclairent mes nuits
Maintenant je n'ai qu'un souvenir sans fin.

(Anonyme, 2AA)