La littérature sous caféine


vendredi 14 mai 2010

"C'est original, tout de même..."



1) Un couple de soixante-quinze ans, dans un bar havrais projetant l'impeccable clip de Rihanna, Rude Boy (ci-dessus). La femme, sévère, refuse d'y prêter le moindre regard. L'homme, manifestement émoustillé par la chute de rein de la (très) jeune chanteuse R&B, ne peut s'empêcher de sourire: "C'est original, tout de même..."

2) Dans un bar de Belleville, un gamin de cinq ans déambulant dans les travées, hilare, hurlant pendant dix minutes: "Le caca c'est pas drôle ! Le caca c'est pas drôle !..."

3) Une élève de mon lycée de la Courneuve, à mon retour des vacances de février : "Monsieur, vous avez grossi... - Tu crois ? Je n'ai pas l'impression. - Si si..." d'une voix douce et rieuse.

samedi 28 février 2009

Noisette de prestige / La Seconde Guerre Mondiale est finie...



1) Dans un bistrot de Belleville, une femme entre deux âges, à l'allure modeste, se campe fièrement sur le zinc :
- Je voudrais que vous me serviez quelque chose de prestige !
- Quelque chose de prestige ?
- Oui, quelque chose pour fêter un grand événement !
- Du champagne, par exemple ?
- Euh... Du champagne... Mmm... Servez-moi un café noisette, en fait... Je crois que ça me suffira...

2) Dans une classe de seconde :
- Ecoute, file dans la salle des profs, demande gentiment si quelqu'un peut te faire une photocopie de ce texte... Si vraiment il n'y a personne, va chercher un pion...
- Un pion ? Vous dites un pion ?
- Euh, oui... Un pion... Un surveillant, si tu préfères !
- Ouah Monsieur ! Il dit encore pion le prof ! Trop fort ! Eh, Monsieur, on n'est plus au dix-neuvième siècle ! On dit plus pion !
- Ouh là là ! Vous vivez à quelle époque ! Ouah vous avez quel âge !
- Eh, Monsieur, elle est finie la Deuxième Guerre Mondiale ! On est en 2009 Monsieur !
- Bon, ok, ça va... Je croyais qu'on le disait encore...

Quelques minutes plus tard, l'élève parti faire une photocopie revient en classe:

- Ouah, Monsieur, j'ai dit aux surveillants que vous les appeliez des pions... Ils ont pas apprécié, Monsieur !

3) Dans une classe de seconde:
- Bon, je t'ai suffisamment prévenue... Tu me feras la punition pour demain.
- Oh non, c'est pas possible, Monsieur, c'est vraiment pas possible pour demain !
- Qu'est-ce qu'il y a de si grave ?
- Bah c'est pas possible, Monsieur ! Je regarde la télé, moi, le mercredi après-midi !

dimanche 1 février 2009

Sushis surréalistes



(Vidéo : Nas is like, le meilleur titre de toute la carrière de NAS, rappeur new-yorkais...)

1) Un élève de seconde : "Ouah Monsieur, on a vu vos vidéos sur dailymotion... Franchement, trop cool... On vous a vus, là, avec le verre de bière... Franchement, un prof de français avec un verre de bière, trop cool...

- Et sinon, vous avez retenu quoi de la vidéo ?

- Trop cool la bière franchement, trop cool..."

2) En classe de première, pendant l'étude de quelques poèmes surréalistes :

- C'est un des Surréalistes, Aragon, qui a un jour écrit cette phrases célèbre : "La Femme est l'avenir de l'Homme..." Vous la comprenez, cette phrase ? Qu'est-ce que vous en pensez ?

- La Femme, avenir de l'Homme... Euh... Oui, ça se voit que c'est une phrase surréaliste... La femme avenir de l'homme... Oui, c'est ça, complètement surréaliste...

3) Dans un restaurant japonais du 20ème, un homme avec son petit garçon :

- Papa, il parle chinois le monsieur ?
- Non, c'est un Japonais... On est dans un restaurant japonais...
- Oui, mais il parle chinois ?
- Non, je te dis qu'on est dans un restaurant japonais... Les sushis, c'est japonais, les rouleaux de printemps, c'est chinois... (sic) Là ce sont des sushis que tu as devant toi...
- D'accord papa, mais il parle chinois le monsieur ?
- Bordel, je te dis qu'il est JAPONAIS ! Les Japonais, c'est pas pareil que les Chinois ! Il parle japonais le monsieur ! S'il vend des sushis c'est qu'il parle japonais !
- Il parle chinois alors ou pas ?
- Bon, maintenant tu manges tes sushis et tu te tais...

mardi 27 janvier 2009

Les pédophiles et le maquillage à l'avocat




(Court moment d'anthologie dans ce débat entre Zemmour et Wolton sur France O : observez bien les tics d'agacement du présentateur, Jean-Marc Bramy, qui montent en puissance à partir de 5'30" pour exploser vers la 6eme minute dans un coup de gueule très peu crédible ! J'ai vraiment cru me reconnaître lorsque je perds patience face à une classe... Je dois faire le même effet de colère pas du tout impressionnante)

Dans mes classes de seconde au lycée de La Courneuve (93) :

1) - Nous venons de voir quelques-uns des types que l'on retrouve souvent dans le théâtre classique... Le jeune premier... L'amoureuse... Le valet... La confidente... Comment appelle-t-on d'ailleurs le vieux monsieur qui veut épouser la jeune femme ?

Toute la classe, enthousiaste et d'une seule voix :

- Le pédophile !
- J'aurais préféré le barbon, mais bon...

2) - Monsieur, vous êtes trop gentil...
- Ah oui ? Pourquoi tu dis ça ?
- Vous laissez passer trop de trucs... Les retards, les bavardages, tout ça...
- C'est vrai, tu as raison... J'avais d'ailleurs l'intention de resserrer la vis... Je vais sanctionner beaucoup plus sévèrement le bavardage, maintenant...

Une élève habituellemet bavarde, à quelques rangs de là, me fait signe discrètement et murmure, penaude :

- Oh non, s'il vous plaît, Monsieur, restez gentil...

3) Des voisin de table dans un Starbuck's du Marais :

- Putain, mais qu'est-ce que tu te mets, là ?
- Rien...
- Putain mais c'est vert ton truc !
- Je te dis que c'est rien !
- C'est du maquillage, non ?
- C'est rien, putain, merde !
- Putain, tu te mets du maquillage à l'avocat, c'est ça ?
- Putain mais t'es vraiment trop con, toi, tu le sais ça ? T'es vraiment trop con putain...
- Putain, du maquillage à l'avocat...

samedi 13 décembre 2008

Le pays le plus ridicule du monde / Méfiez-vous des expressions



1) Deux jeunes filles dans un café du quartier des Halles :

"Ouah faut que je te raconte putain, tu sais là l'autre le mec qui me faisait kiffer, enfin mais pas trop quand même, mais bon, ça pouvait aller tu vois, alors le mec il me chauffe à fond tu vois, depuis des jours qu'il me chauffait le mec, et surtout l'autre soir putain, comment il me chauffait trop et ça me foutait l'affiche mais bon tu vois moi je profitais tu vois, alors je le laissais me chauffer...

"Mais bon putain tu sais ce qu'il me dit le mec ? Il me dit "faut que je te dise un truc", et là tu vois ce qu'il me dit c'est qu'il a une copine... Putain le mec ! Je le crois pas ! Il voulait que je sois sa sex friend tu vois putain ! Mais attends ! Attends ! Attends ! Le pire c'est pas ça tu vois, putain ! Le pire c'est qu'il me dit que sa copine tu vois elle est au Kazakhstan ! Tu le crois ça putain ? Le Kazakhstan !! Le pays le plus ridicule du monde ! Putain ! Et elle est là-bas, et elle l'attend, et lui il veut que je sois sa sex friend ! Putain ! Le Kazakhstan...

"Alors moi tu vois c'est pas possible... De toutes façons il me faisait que kiffer moyen... Tu vois, ça pouvait être possible mais en fait non... Alors j'en ai profité tu vois, quand tu peux maîtriser le truc une fois de temps en temps t'en profite, c'est pas tous les jours ! Alors je l'ai fait saliver le mec tu vois ! Putain comment il était chaud ! Il en pouvait plus le mec ! L'autre soir il était à bloc ! Trois semaines que ça dure ! Mais moi je profite... Je lui ai dit plein de fois que peut-être un jour, mais pas maintenant... Et l'autre soir j'ai fini par lui dire que c'était pas possible... Il était vert putain ! Le délire ! Il me kiffait trop mais moi c'est pas possible putain... Le Kazakhstan..."

2) Une élève de seconde en fin de cours : "Ouah Monsieur, pourquoi vous avez fait prof de français ? C'est trop zarbe le français, franchement ! Non mais vous trouvez pas ? Les figures de style, tout ça... Trop zarbe, vraiment, trop zarbe... Vous en avez pas marre de faire des trucs zarbes comme ça ?"

3) Discussion en salle des profs : "Il y a des expressions, je me demande vraiment d'où elles viennent... Par exemple, "avoir le cul bordé de nouilles..." Je serais curieux de savoir quelle est son origine ! Je m'attends à quelque chose de vraiment graveleux !
- Attends, je cherche sur le net !
-Oh mon Dieu, je m'attends au pire !
- Eh bien, tu avais raison... Ils expliquent, là, que le "cul", c'est souvent un synonyme de "chance", de "bol" (d'où l'association avec les nouilles). Mais surtout, l'expression viendrait de certaines moeurs en prison... Si l'on en croit certaines hypothèses, certains prisonniers se laisseraient plus facilement que d'autres prendre sous les douches, offrant leur corps en quelque sorte pour obtenir certains avantages en nature... Ils finiraient de cette façon par avoir un certain pouvoir, dans la prison, une certaine influence, interprétés comme une certaine chance... Et comme les hommes qui se laissent un peu aller à ce niveau-là développent assez facilement des hémorroïdes, je ne vais pas vous faire un dessin...
- Oh mon Dieu ! Je m'en doutais, je m'en doutais..."

(Clip de la semaine : Réussite parfaite de l'album de Gainsbourg, Histoire de Mélodie Nelson (1971), langoureux funk psamoldié qui n'a pas pris une ride, jazz rock soyeux, le genre d'album qui fait regretter que Gainsbourg n'ait pas travaillé un tout petit peu plus sérieusement, et ne se soit pas si souvent contenté de ballades brillantes et légères...)

vendredi 28 novembre 2008

La politesse extrême / Les billets doux



(Clip de la semaine : je découvre en ce moment la discographie du groupe Foo Fighters, formé par la batteur de Nirvana juste après la mort de Kurt Cobain. Leur dernier album en date, Echoes, silence, patience and Grace, sorti en 2007, est un savant mélange de pop-rock et de métal, à l'image de l'incroyable premier titre, The Pretender, dont le clip est une merveille de rage et d'énergie plus ou moins contenue.)

1) Toujours cette satanée politesse excessive :
quand un élève sur le chemin de la sortie de cours balance un chewing-gum ou une boule de papier dans la corbeille, j'ai fâcheusement tendance à lui dire merci.

Mais il m'arrive de croiser des personnes qui souffrent du même symptôme : tout à l'heure je cherchais à m'extraire péniblement d'une rame surchargée du métro, bousculant plusieurs voyageurs alors que j'aurais dû m'y prendre beaucoup plus tôt. L'un d'eux m'a dit, textuellement : "Je vous prie de bien vouloir me pardonner..."

2) "Baudelaire se compare dans ce poème à un gros meuble contenant des billets doux... Quelqu'un peut-il m'expliquer ce qu'est un billet doux ?
- Euh, c'est un billet de cinq cents Euros ?
- Comment ça ?
- Bah c'est doux, Monsieur, un billet de cinq cents Europs... C'est très doux, même, cinq cents Euros...

3) A 8h30, petit exercice de rédaction dans une classe de seconde. Il s'agit d'écrire un court poème, sachant que le ton peut être mélancolique, dramatique, euphorique, ou même comique. Mouvement d'humeur d'un élève :
"Vas-y, je suis pas comique, moi, à 8h du matin ! C'est pas possible, ça, Monsieur !"

vendredi 21 novembre 2008

Les rimes bling-bling (+ Clips de la semaine : Spéciale Matage de culs)





(Clips de la semaine : C'est un classique dans les clips de rap US que le matage de cul... Beaux exemples tout au long du clip Dangerous, de Kardinal Offishall featuring Akon, qui tournait en boucle sur les ondes pendant ma virée cet été en Californie, mais aussi dans le classique de T-Pain, Kiss Kiss, à la 55ème seconde... Plutôt drôle !)

1) - Alors, on vient de voir qu'une rime qui présentait trois sons en commun s'appelait une rime riche. Quelqu'un sait comment on appelle une rime avec quatre sons en commun ?
- Euh... Une rime milliardaire ?

2) Pendant une interro, une élève se plaint d'être fatiguée et de ne pas arriver à se concentrer. Sa voisine, le plus sérieusement du monde, se tourne vers elle et lui déclare :
"Il faut que tu prennes Actimel, le matin. Je te jure, ça renforce les défenses immunitaires."

3) Dans un bistrot du 20ème, un type agité de soubresauts, de tics en tous genres, le bras tordu, crispé sur une chope qui menace de verser à tous moments, s'adresse à une femme très bourgeoise avec laquelle il a cherché à nouer conversation, et qui s'apprête à quitter le bar :
"Bonne chance !"

jeudi 6 novembre 2008

Obama Coke (+ Clip de la semaine)



(Clip de la semaine : Clip de circonstance avec ce tube de Nas, assez médiocre au demeurant (terriblement gnangan, ce refrain), mais si représentatif d'un certain volontarisme à l'américaine. Son titre, I can, évoque évidemment le slogan de Barack Obama pendant la campagne, et reprend un rengaine qu'on entend constamment dans les films, livres et chansons made in USA. "Si vous voulez, vous pouvez..." J'ai toujours eu du mal à comprendre d'où venait exactement cette obsession américaine de la volonté et de la réussite)

1) Entendu à une terrasse parisienne, mardi 4 novembre :
"Si Barack Obama gagne, on devrait tous avoir droit à du Coca gratuit !"

2) Extrait d'une brève conversation dans une gare, au pied du train :
- Elle a perdu cinq kilos d'un coup, putain ! En une semaine ! Elle a mangé rien que des légumes !
- La pauvre !
- Putain la misère... Elle doit être amoureuse, y'a que ça !
- Putain...

3) Dans un bistrot parisien, une femme d'un certain âge détache le regard du Parisien, se tourne vers moi, et me déclare de but en blanc, hilare :
- J'ai perdu ma jeunesse, mais qu'est-ce que j'ai gagné comme kilos !
Puis elle retourne à sa lecture.