La littérature sous caféine


mercredi 19 mars 2008

Spéciale Collections permanentes de Beaubourg (+Clip de la semaine)

Une classe en visite à Beaubourg :

1) Devant une toile de Picasso – un visage de femme très schématique :
« Putain, mais il a eu besoin de modèles pour faire ça ? »

2) La conférencière est déçue que tant de tableaux de Picasso ne soient plus dans la salle, car ils ont été prêtés.
« Tu parles d’un musée pourri, putain ! Le musée qui prête ses œuvres ! »

3) Devant une série de photos pour le moins surprenante – atmosphères de sexe et de scatologie. Devant l’air dubitatif des élèves, je lance, ironique :
« Faites gaffe, ce sont des chefs-d’œuvre, quand même !
- Des chefs-d’œuvre ? Des chie-d’œuvre, ouais ! »

(Clip de la semaine: dans mon exploration tout azymut de l'histoire de la musique pop, j'essaye de combler mes lacunes dans le rock des années 60-70, et je découvre avec plaisir, par exemple, le Velvet Underground, et leur bel album avec la chanteuse Nico, produit par Andy Warhol, s'ouvrant par la jolie chanson Sunday Morning (vous observerez au passage le regard très vif du type au clavier ):

jeudi 13 mars 2008

Spéciales Oraux du Bac Blanc



(Photo : Métro à Manhattan)

1) « A l’époque des Lumières, au 18ème siècle, quel état le régime politique ?
- Euh… Le royaumisme ? »

2) « Pouvez-vous me dire ce que combattaient les philosophes des Lumières ? Ce qu’ils voulaient changer dans la société de l’époque ?
- Euh… Bah ce qu’ils voulaient changer, c’était la vie, quoi… Je sais pas… Ils voulaient que ça change… Après eux, les gens étaient moins coincés, quoi… »

3) « Pourquoi, à votre avis, appelle-t-on le 18ème siècle le Siècle des Lumières ?
- Euh… Bah c’étaient les Frères Lumières… Mais bon, euh… Je voulais vous dire que moi, en fait, mon point fort c’est l’écrit… »

jeudi 21 février 2008

Van Gogh, quel looser !



Je pars une petite semaine à New York, et je vous laisse en présence d'élèves de Terminale lors d'une sortie au Musée d'Orsay :

1) Un élève, devant une toile (pointilliste) de Seurat :
"Ouah, putain, comment j'aurais trop la flemme de finir la toile !"

2) A la fin de la visite, je demande à un élève:
"Alors, bilan de la matinée ? Petit commentaire sur la conférencière ?
- Bah, elle aurait été plus jeune, et avec plus de formes, c'est sûr, j'aurais été plus concentré !"

3) Un élève, découvrant la salle des Van Gogh :
"Putain, je vous jure, si on m'obligeait pas à venir ici à cause de la formation, je viendrais jamais moi ! C'est trop moche ces trucs ! Je vous jure, je trouve ça vraiment moche !"

mercredi 13 février 2008

Spéciale téléphones portables



1) Un homme dans un bar, bière à la main, décrochant son portable d'un air inquiet :
"Qui êtes-vous, Monsieur ? Qui êtes-vous ? Voulez-vous me dire qui vous êtes ? Je vous demande de ne plus m'appeler, Monsieur ! Qui êtes-vous ? Ne m'appelez plus, je vous demande de ne plus m'appeler !"
Il raccroche, l'air toujours aussi inquiet, et replonge ses lèvres dans la bière.

2) Un homme en colère, sur un trottoir, hurlant dans son portable :
"On m'a pas comme ça, moi ! Je suis pas con, moi ! Je te jure, je suis pas con ! Alors c'est pas comme ça qu'on peut m'arnaquer ! Promis, je suis pas con, ça jamais ! Le jour où on m'arnaquera, putain !... Parce que moi, je suis pas con putain !..."

3) Dans le métro, cinq jeunes qui parlent vivement, et très fort :
"Putain, le plus lourd quand on te braque, c'est pas les coups !... J'te jure, ça les coups tu les oublies, tu sais, ça te fait des bleus et ça te fait mal, mais après tu vois la douleur elle passe, deux jours après tu sens plus rien !... Ouais c'est sûr !... Mais le plus chiant, c'est le portable qu'on te pique... Alors là ouais, ça c'est chiant putain ! Parce que tu le retrouves pas putain ton portable, les bâtards ! Les coups, tu les oublies, mais ton portable tu l'oublies pas les bâtards..." (Rires sonores des autres, excitation)

jeudi 7 février 2008

La vulgarité se perd

1) J’ai vu, de mes yeux vu, non loin de Beaubourg, deux petits vieux considérer le plus sérieusement du monde une cuvette de chiottes déposée contre un arbre. L’un des deux l’a fièrement prise sous le bras, s’éloignant d’un pas tranquille…

2) Dictant un cours sur le théâtre, je vois que ma fiche annonce une sous-partie intitulée « Le Nœud » (après une première sous-partie sur l’exposition d’une pièce de théâtre). Je m’inquiète des rires gras qui ne manqueront pas de fuser à cette occasion, et je me creuse la tête pour désespérément trouver un synonyme. C’est la mort dans l’âme que je finis par inscrire au tableau :

LE NŒUD.

Pas de réactions cependant… Le vocabulaire salace n’est décidément plus ce qu’il était.

3) Correction de copies sur le théâtre, encore. Une question portait sur les différents types de comiques. J’attendais des réponses du genre : « Comique de situation, comique de caractère, comique de gestes… » Une copie s’est montrée particulièrement créative : « Comique de frappe, comique drôle, comique de jeu… »

vendredi 1 février 2008

Les répliques qui tuent

1) Dans le film d'Ozon, Swimming Pool (variation contemporaine sur la Piscine, avec Alain Delon ?), l'éditeur de l'auteur de thrillers incarné par Charlotte Rampling lance à celle-ci :

"Les Prix Littéraires, c'est comme les hémorroïdes : n'importe quel trou du cul finit par en avoir..."

2) Un couple d'une soixantaine d'années, se tenant la main et marchant d'un pas vif dans la rue, parlant haut et fort.

La femme : "C'est une salope ta copine, je te dis ! C'est une salope, c'est une salope !"
L'homme : "Oui, c'est vrai, c'est une salope ! Mais bon, elle est sympa quand même..."

3) Dans un bar, deux hommes discutent. L'un des deux s'emballe:
- Tu vois, l'intelligence, c'est un outil, en fait... Tu en fais ce que tu veux... C'est comme un marteau, tu vois... Un marteau, tu peux faire plein de trucs avec !... Tu peux construire une maison... Tu peux aussi taper sur la tête de ton voisin !...
- Tu peux aussi... euh... te le foutre dans le cul ?...
- Euh, oui, par exemple...

Clip de la semaine : le dernier clip de Prince, sur un titre extrait de son dernier album, Planet Earth. De la disco-pop parfaitement calibrée pour les ondes (ce qui est devenu rare, chez le Nain Pourpre), et singulièrement efficace :

jeudi 24 janvier 2008

Souffler sa peine (Poèmes d'élèves, suite et fin)



Dernière salve de poèmes d'élèves: j'en présente ici trois, parmi les meilleurs, et je publierai les autres dans les commentaires de ce billet, pour ne pas prendre trop de place sur ce blog...

1) Souvenirs défunts

Les rayons de soleil percent la brume / Froide d'automne, baigne une amertume. / Dans la rue personne, pas même ceux / Qui dansaient autrefois; dehors il pleut.

Et puis l'horloge du clocher sonna / L'heure où ton doux sourire s'effaça. / L'espoir fait vivre, m'avait-on dit; / Ce jour-là, m'aurait-on encore menti ?

Mon paradis s'est enfui sous la terre / Le soir où cette nouvelle au goût amer / Eut assombri ces souvenirs... défunts.

Ton coeur battait, mais c'est déjà la fin, / Silence interminable entre toi et nous. / Dehors il pleut, comme sur mes joues.

Anonyme, 2AA

2) Alice au pays des merveilles

Parce que ma tête est malade, elle me joue des tours, / Rêve classé anormal, puis un mauvais détour. / Me voilà chez Alice, une belle brune et ses yeux noirs, / La dame de coeur dans mon jeu et une lueur d'espoir.

Je relance la mise, elle va enfin se coucher, / Mais la peur d'un recul va me faire avancer. / Dans le noir alors, la souffrance crie et se débat, / Puis reste seule sur le lit, vulgaire pantin de bois.

Alice oublie mais perd de sa belle innocence, / Elle sort la nuit avec ce qu'elle a d'insolence, / Elle prend tout ce qu'il faut pour planer, sans trop y croire, / Et planifie déjà sa fin entre deux trottoirs.

Parce que ma tête est malade, elle me joue des tours, / J'ai vu ma reine de coeur dans le journal du jour, / Que j'ai acheté avec des roses et des jasmins, / Ce soir je vais chez Angélique, je sais qu'elle m'aime bien...

Aude Peyssou, 2AA

3) Le vieillard

Il s'est assis sur le banc / A l'ombre du marronier / Comme il le fait depuis des années / Le vieillard au chapeau blanc.

Son ami de tous les jours / N'étant plus au rendez-vous, / Il est seul, la tristesse l'envahit... / Qui pourra le comprendre ?

Son regard vide et absent / Fixe sans cesse l'horizon / Devinant sa fin qui est proche, / Il baisse la tête calmement.

Les jours défilent à toute vitesse / Son corps fatigué a cessé de lutter, / Gouttant la vie un dernier instant / Il souflle sa peine.

Nina Fayard, 2AA.

samedi 19 janvier 2008

Bilan du 20ème siècle : NUL

1) Après la lecture d'une série de poèmes du 19ème siècle, je commence à distribuer des polycopiés présentant des poèmes du 20ème. Histoire d'instaurer un minimum de dialogue pendant la distribution, je demande à la cantonade :
- Alors, à votre avis, elle sera comment, la poésie du 20ème ?
J'attendais des réponses du genre : "moderne", "bizarre", "marrante"...
Elle fut plus cinglante, et plus spontanée :
- Nulle !

2) Introduisant la lecture de poèmes de Victor Hugo, j'essaye de sonder les connaissances des élèves :
- Il y a un événement tragique qui a beaucoup marqué Victor, et qui lui a inspiré quelques poèmes... Vous savez quel est cet événement tragique ?
- Euh... Il est mort ?

3) Entendu en salle des profs. Une prof d'histoire corrige des copies :
- J'ai proposé un sujet de dissertation dont le sujet était : "La Guerre 14-18". Vous me savez ce que cet élève m'a fait comme plan ? I) 1914, II) 1918..."