La littérature sous caféine


jeudi 29 novembre 2007

Knock et la Dame en rut



1) Dans le métro, un jeune homme lisant une publicité pour un forfait internet :
« Forfait illimité, dans la limite de tant d’heures… N’importe quoi ! Illimité, mais dans la limite... Ils se foutent vraiment de notre gueule… »

2) J’annonce à une classe que nous étudierons bientôt des poèmes d’amour.
Réaction quasi-unanime chez les filles :
« Oh non ! Ras le bol de l’amour ! Y’a pas que l’amour dans la vie, quoi ! »

3) Exercice écrit à partir de la pièce de théâtre Knock, de Jules Romain : je demande aux élèves d’écrire une courte scène au cours de laquelle le docteur Knock escroque un patient.
- Vous pouvez choisir le nom du patient que vous voulez… Vous pouvez reprendre la Dame en Noir, aussi… Ou la Dame en Violet… Ou la Dame en Vert, si ça vous amuse…
- Et la Dame en Rut, Monsieur, on peut ?

jeudi 22 novembre 2007

Confit de Connards et Pépitos



(Photo : les tours les plus haut placées de Montreuil, dominant toutes les villes voisines, le long d'une rue bien nommée : Rue de l'épine prolongée (ça ne s'invente pas))

1) Je travaillais dans un bistrot ce matin : sans doute consterné par les propos plus ou moins brillants des piliers de bar, le patron s'est trompé dans le menu du midi qu'il inscrivait à la craie:
En guise de plat du jour, il a proposé : "Confit de connard".

2) Scène de baston dans le métro, hier. Deux ados s'envoient des coups de poing dans la gueule.

Une mamie, curieusement indignée que le conducteur de la rame demande à l'un des deux ados de descendre du wagon :

"On est tous au garde à vous ! Vous parlez d'une démocratie !"

3) Librairie Le Merle Moqueur, 20ème arrondissement, presque vide en cette heure matinale. L'une des libraires sort en fanfare de la salle du personnel et clame haut et fort :

"C'est l'heure du goûter ! Je vais aller acheter des gâteaux ! Qui n'en veut ? Je vais prendre aussi du PQ ! Vous voulez des Pépitos ? Lâchez-vous, c'est le moment !"

La mention bruyante du PQ m'a déconcentré de ma lecture de la 4ième de couv' du livre de Yannick Haenel, Cercle, dont le narrateur plaque le monde du travail pour vivre, enfin, sa propre vie. La touche de scatologie rigolarde dans cette belle librairie me fait un instant trouver un brin solennel, un brin théâtral, ce départ du monde du travail...

lundi 19 novembre 2007

La vie est dure !



Coup dur avec ce blog qui me sucre, sans prévenir, tous les commentaires accumulés depuis plus d'un an !

3 perles pour se remonter le moral :

1) Une personne qui pousse un coup de gueule contre L'Elégance du Hérisson, de Muriel Barbery (parfait exemple de long seller, avec plus de ventes accumulées depuis un an que Les Bienveillantes itself - la barre des 500 000 est largement dépassée):

- Moi je lis pas des romans pour qu'on me refourgue l'intégralité de mon cours de philo de terminale !

2) Ma nouvelle dentiste a bien failli s'appeler Madame Mazeaud, mais j'ai finalement renoncé...

3) Mon nouveau conseiller bancaire, lui, s'appelle Monsieur Baratin.

mercredi 14 novembre 2007

Tu me casses les dents, putain !

1) Un cours sur les Haïkus, ces courts poèmes japonaises de trois vers.
J'écris au tableau l'un des plus fameux (le plus mystérieux, d'ailleurs, et pas le plus beau à mon goût):

"Rosée du monde
Monde de rosée -
Et pourtant..."


Un élève me demande:
- Il était alcoolique, Monsieur, l'auteur ?
- Eh, non ! C'est LA rosée, pas LE rosé !

2) Haïkus, toujours. J'explique que les poètes japonais méditaient longuement lors de leurs errances dans la campagne, ou la montagne... Je plaisante en affirmant qu'ils méditaient parfois douze ans avant d'écrire un de leurs poèmes.
- Vous imaginez, Monsieur, si on nous laissait douze ans, à nous, pour passer le bac ?

3) Dans le métro parisien, en soirée: un clochard ivre mort interpelle un colleur d'affiches qui l'a dérangé dans son sommeil:
- Eh, putain, tu me casses les couilles ! Putain c'est vrai ça tu me casses les couilles ! T'as compris ? Tu me casses les couilles ! Et j'ai mal aux dents putain !

mercredi 7 novembre 2007

Spéciale cour de récréation (et cour du Louvre)

1) Un élève me voit arriver avec mon manteau d’hiver :
- Ouah, Monsieur, un G-STAR ! Ça rigole plus !

2) Je traverse la cour pour me diriger d’un pas alerte vers la salle des profs. Un petit groupe de filles (dont une surveillante ?), assis sur un banc, commente à voix haute mon passage :
- Putain, mais c’est qui ça ?
- Ça doit être un prof !
- Tu trouves pas qu’il ressemble à l’acteur ?
- Lequel ?
- Bah tu sais, l’autre, là, tu sais bien !
- Qui ça putain ? L’acteur porno ?
- Mais non ! T’es trop conne ! L’autre, là… Tu sais, celui qui a une tête bizarre !

3) Une sortie au Louvre avec une classe. Pendant l’heure libre, pendant laquelle les élèves peuvent déambuler dans les couloirs, j’aperçois un groupe agglutiné à une fenêtre : dans la petite cour du Louvre, des ouvriers sont en train de monter des échaffaudages.
- Qu’est-ce que vous faites ?
- Rien, M’sieur… On regarde les Portugais…