La littérature sous caféine


jeudi 4 octobre 2012

Non au vinaigre balsamique

1) J’aime beaucoup le vinaigre balsamique, que je mets dans presque tous mes plats quand je mange seul.
A ma gauche, au restaurant, un homme distingué harangue le serveur.
« Dites-moi, pourquoi ce fond musical ? Pourquoi cette soupe ? Je viens ici manger un bon plat, pas subir cette agression sonore… C’est terrible, notre époque, on est toujours agressé par des musiques, des slogans ! Au fait, dites-moi, ce plat, vous précisez qu’il y a du vinaigre balsamique… Mais vous n’en mettez pas trop, j’espère ? C’est une horreur aussi, ça, le vinaigre balsamique… Les gens en mettent dans tous les plats… Ça n’a aucun sens ! Le vinaigre balsamique, c’est uniquement en Italie, et il faut l’acheter par dosettes, vous savez… Mais dans tous les plats, quelle horreur ! Les gens n’ont vraiment aucun goût. »

2) Dans un wagon de métro bondé, une mère entre en bousculant plusieurs personnes. Elle élève la voix. « Faites de la place ! Faites de la place pour un enfant handicapé ! »
Mouvement de foule, un homme se plaint d’avoir reçu un coup de pied. « Espèce de connard, je ne sais pas ce qui me retient de vous mettre ma main sur la gueule. La peur de me salir, sans doute. »
L’enfant, embarrassé d’être au centre de toutes les attentions, supplie du regard sa mère d’arrêter son esclandre. Mais elle continue, forte tête : « Je vous jure, il y a des gens qui mériteraient que je leur crache à la gueule. Mon fils est handicapé, il a droit à sa place assise. »

3) Dans un bistrot du Marais, un homme d’une cinquantaine d’années, rondouillet, quelques verres dans le nez, apostrophe le serveur. « Eh, ça te fait pas trop chier d’être petit ? Enfin bon, petit… Petit mais valeureux, hein ? Comme Kirikou ! AH AH ! Kirikou ! Petit et valeureux ! Comme toi ! »

lundi 1 octobre 2012

Mieux vaut mourir par balles que mettre des pansements

1) Au moment de payer, je me rends compte avoir pris deux numéros du Monde. « Désolé, j’en ai pris deux… » La vendeuse du kiosque, la cinquantaine bien tassée, me répond discrètement : « Mmm… Gourmand ? »

2) Dans la rue, une mère de famille exaspérée par sa gamine qui ne cesse de pleurer : « Mais tu es un enfant, ou quoi ? »

3) Dans une discussion sur le féminisme, je me permets de faire remarquer qu’il y a quelques situations dans lesquelles les hommes ont été désavantagés. C'est eux qu'on envoyait au front, par exemple. « Excuse-moi, me répond une amie, mais les femmes, elles, étaient infirmières. – Et alors ? – Eh bien, elles soignaient les blessés, et franchement, c’est pire. – Tu veux dire qu’il vaut mieux recevoir une balle en pleine tête ou finir mutilé que de soigner les blessés ? – Oui, c’est évident… » Je préfère clore ici la discussion, me rappelant le (très petit) scandale qu’avait provoqué la fameuse phrase de Christine Okrent déclarant, à propos d’une guerre se déroulant en Afrique, que « les hommes étaient abattus et, pire, les femmes violées. »