La littérature sous caféine


lundi 28 juin 2010

Vive le sport en cours de français !

Quelques perles des oraux du bac 2010 :

1) "Dernière question pour finir cet entretien... Tu as aimé Bel-Ami ? - Euh... Pour tout vous dire, c'est pas trop mon truc la lecture... Les romans surtout... Le théâtre, parfois, ça va, ça peut être drôle... - Ok. Tu as quelque chose à ajouter, pour clore cet oral ? Un détail que tu voudrais préciser, une analyse que tu aurais oubliée ?... - Euh... Je sais pas, non... Ah oui : VIVE LE SPORT !!"

2) "Pourrais-tu me parler des rimes, dans la première strophe ?... - Les rimes ? Euh... - Par exemple, tu as remarqué que nous avions la structure a-b-a-b ? - Ah oui, j'allais le dire ! - Et comment s'appellent ce genre de rimes ? - Euh... Des rimes inversées ? - Non. - Des rimes enjambées ? - Non. - Des rimes alternées ? - Non. - Des rimes emboîtées ? - Non. J'attendais plutôt: des rimes croisées. - Ah oui, j'allais le dire !

3) Pour la première fois de ma carrière, et même pour la première fois tout court, j'entends quelqu'un me dire du bien des descriptions chez Balzac. Il s'agit d'un élève passant en candidat libre et que j'ai fait travailler sur un texte de Proust, grande première aussi pour moi en tant qu'interrogateur pour le bac : "Tu m'as dit aimer lire Balzac... Qu'apprécies-tu en particulier chez lui ? - Eh bien j'aime beaucoup ses descriptions, ses portraits... - Tu me surprends ! On a l'habitude de dire que ses descriptions sont ennuyeuses. - Je ne trouve pas. Ce sont même les meilleurs passages à mon goût. Elles sont chargées de sens, avec une lueur fantastique, parfois. On y devine en creux toute la signification du roman, et c'est même la métaphysique de l'auteur que l'on y entrevoie..." (Dans mon esprit, la note 18 faisait progressivement son apparition...)

mercredi 23 juin 2010

Maman aime les pipes



(Le génial Tony Joe White en concert)

1) Dialogue entre une femme et sa fille âgée de 8 ans, dans le métro : "Dis, maman, tu aimes les pipes ? Parce que papa, il aime les pipes... - … - Papa, il aime les pipes… Tu aimes les pipes, toi, maman ? Pouquoi tu réponds pas ? Tu aimes les pipes, toi, maman ? – Euh... Oui, ma chérie. Maman aime les pipes. Parle un peu moins fort. Allez, on descend ici…"

2) Deux manutentionnaires, dans les rayons du Monoprix, très sérieux : « Tu sais, il a le choix entre sa femme et son chien, tu vois, et il va choisir le chien. – Pourquoi ? – Bah il le fait pas chier, son chien. – Ouais, d’accord… mais il va faire quoi, avec son chien ? »

3) Un homme très maniéré se jette avec avidité sur le dernier Voici, chez un marchand de journaux, et comme à le feuilleter d'un air goguenard : « Bon, alors, il s’est passé quoi dans le monde cette semaine ?... »

jeudi 17 juin 2010

Faut-il épouser un Blanc ?



(Vidéo: Snoop fait le bilan de sa carrière dans "Neva have to worry" (2008), en attendant le concert du 30 Juin à l'Olympia)

1) Sur le chemin d'une visite au Louvre, conversation rapide avec deux élèves de mon lycée de la Courneuve :

"Moi, ma mère, elle m'a dit que je ne pouvais pas épouser un Blanc... Sauf s'il se convertit à l'Islam !" Petit rire timide, de la part de cette élève dont la famille est d'origine tunisienne. Sa copine, qui vient de nous expliquer tout aussi timidement qu'elle était bonne en espagnol parce qu'elle parlait couramment le portugais, elle dont les parents viennent de Guinnée-Bissau et qui se sont installés en France plutôt qu'au Portugal parce qu'il n'y avait pas de travail à Lisbonne, prend la parole :
"Moi, ma mère me dit qu'il vaut mieux épouser un Blanc. Les Noirs, c'est des bandits, elle me dit ! Oui, c'est ça, des bandits ! Vous marrez pas ! On dit des bandits, parce que c'est la nouvelle mode chez les Noirs, me dit ma mère, ils ont plusieurs femmes, ils vont voir ailleurs, alors que si j'épouse un Blanc, il me respectera !" (Rires)

2) Sur une copie, une élève donne la définition du mot "effervescence", qu'elle devait apprendre: "Effervescence: quelque chose qui fond. Exemple: la neige est effervée"

3) Une élève est persuadée que je suis juif depuis que nous avons discuté de Jamel Debbouze et de Mélissa Theuriau. Selon elle, si je savais que cette dernière était de confession juive et qu'elle allait passer des vacances avec Jamel à Tel-Aviv, c'est forcément que j'avais des informations de première main (alors que je les tiens de la lecture de Voici). "Monsieur, ça se voit que vous êtes juif... Je sais pas, quelque chose dans le style, dans votre physique..."

Une heure plus tard, une autre élève: "Monsieur, ça se voit trop que vous avez des origines chinoises ! Dans les yeux, les pommettes, je sais pas, mais quelque chose de chinois, ça c'est sûr !"

jeudi 10 juin 2010

Les proies de Ronsard



(Ci-dessus l'un des clips de l'excellent titre d' Uffie, en attendant la sortie dans huit jours de son album très attendu)

Lors des oraux du bac blanc 2010, à la Courneuve :

1) Au cours d'un commentaire sur le poème de Ronsard, "Mignonne, allons voir si la rose...", l'élève évoque la stratégie de Ronsard pour séduire la jeune femme: "Dans ce poème, Ronsard est prêt à tout pour annexer des proies..."

2) Un plan de commentaire en deux parties sur le monologue de Dom Juan dans lequel il fait l'éloge de l'inconstance en amour : I) Un séducteur passionné. II) Un séducteur vraiment très passionné...

3) Entretien à propos des Liaisons Dangereuses de Choderlos de Laclos: "Pourrais-tu me définir ce qu'est la littérature épistolaire... - La littérature quoi ? - Epistolaire... - Euh... Eh bien... C'est la littérature avec un pistolet ?"

mercredi 2 juin 2010

Tata Joe a encore frappé



1) Lors d'une sortie au Louvre, une élève de première : "Ouah, Monsieur, c'est trop pourri le centre de Paris : toutes les rues, elles sont vieilles !"

2) Un homme à cran dans un bistrot de Belleville, à qui l'on demande ce qu'il veut prendre : "Oh, un café ! Comme d'habitude ! Qu'est-ce que vous voulez que je prenne d'autre, hein ? (Rire sardonique) Du champagne ? AH AH AH ! Par les temps qui courent..."

3) Dans une ferme en Normandie, un mouton dont la tête déborde de frisettes passe la tête à travers la barrière. Une mère de famille la désigne à sa petite fille: "Regarde, on dirait tata Joe..."