La littérature sous caféine


samedi 16 juin 2012

A quoi sert au juste le café décaféiné ?

1) Place d’Italie, dans un café très justement nommé « Le Parisien » (vous allez voir pourquoi), je commande un déca. Quelques minutes plus tard, les deux serveurs et la patronne s’expriment à voix très haute (le font-ils délibérément ?) :
- Franchement, ça sert à quoi de demander un déca ? Aucun intérêt ! Les gens, ils ont vraiment que ça à foutre !
- Un déca, putain ! Mais pourquoi ils viennent dans un café pour boire un déca ? Autant demander un verre d’eau.
- Moi je te dis que c’est pour faire chier le monde qu’ils demandent un déca.
- Quand je vois tous ces gens qui commandent des décas – ou pire, des décas allongés –, je me dis : Pauvre France…
- Un déca allongé, putain !

2) Je traverse le cimetière du Père Lachaise et je passe à proximité d’un groupe de visiteurs écoutant un guide leur parler de la tombe de Colette – des admirateurs y laissent souvent des croquettes pour que les chats viennent y manger. J’écoute, à quelques mètres, cherchant à glaner quelques anecdotes.
Le guide m’interpelle de manière vigoureuse, sur un ton de fausse amabilité : « Vous désirez, Monsieur ? Je vois que vous tendez l’oreille… – Oui, j’aime beaucoup Colette, et… - Bonne promenade, Monsieur ! » (Il reprend ses explications sur un mouvement du menton qui signifie mon congé).

vendredi 8 juin 2012

Y aller mollo sur le vin blanc à huit heures du matin

1) Un jeune SDF marche à mes côtés, sur le boulevard Saint-Michel, m’interpellant sur un ton proche de la révolte :
« Vas-y, dis-moi tout ! Raconte-moi ta vie, lâche-toi, balance ! Vas-y, dis-moi tout, dis moi-tout !»
Je n’ai pas envie de l’ignorer complètement, puisqu’il reste sympathique. Alors je me tourne vers lui :
« Tout ! »
Déstabilisé, mais calmé tout à coup, il s’arrête et me laisse partir, grommelant :
« Bonne réponse… »

2) Un pilier de bar, dans un bistrot de Montmartre, joyeux et aviné, s’adresse bruyamment à la serveuse : « Eh, Chérie, ça te ferait marrer si je te disais qu’on m’a fusillé le cerveau ? Hin hin hin… » (Rire sardonique de grand timide).

3) Deux hommes se font servir deux verres de vin blanc, à huit heures du matin. « Doucement, dit l’un d’eux. Remplis pas le verre à ras-bord ! Faut commencer mollo, quand même… »