La littérature sous caféine


lundi 28 février 2022

Epernay découvre l'assistance sexuelle

Article d'Hélène Nouaille sur "La Viveuse" dans L'Union.

mercredi 23 février 2022

Stigmatisation des "femmes de mauvaise vie" (Lectures connexes (9))

Dans son beau livre « Vilaines filles » (Anne Carrière, 2020), à la fois récit, document et essai féministe à propos des travailleuses du sexe, Pauline Verduzier montre que le sujet souffre d’une polarisation qui interdit les discours nuancés : soit on décrit la prostitution comme une activité condamnable, soit on la brandit comme un acte de liberté. Mais si l’on sort de l’alternative misérabilisme / éloge, on prend le risque de ne pas être entendu, ou d’être accusé de faire le jeu de la prostitution. Or, cela renvoie dans l’ombre l’existence de toutes ces femmes qui, plus ou moins volontairement, rejettent « l’injonction à la respectabilité » en devenant travailleuses du sexe. Ceux qui détournent le regard de cette réalité contribuent à fragiliser davantage encore la situation sociale des TDS. Le personnage de ma Viveuse s’inscrit dans ce champ-là : ni victime ni championne, elle connaît une phase où, se cherchant, elle évolue dans des eaux troubles mais formatrices.

mardi 22 février 2022

De la démocratisation de l’assistance sexuelle (« La Viveuse », lectures connexes (8))

Dans un article vigoureux publié dans Transfuge, Arnaud Viviant a récemment écrit que le beau roman de Chloé Saffy, « A fleur de chair » (La Musardine, …), signait une démocratisation du SM dans le sens où celui-ci relevait désormais de la performance bien plus que de la cruauté. L’auteure prend ici le temps de mettre en scène un monde qui s’ouvre aux prises de parole, aux entraînements physiques, aux inversions de rôles, autant de choses qui contribuent à rendre le SM accessible, en dépit de pratiques qui ne cèdent rien de leur radicalité.

Cette démocratisation du SM me paraît s’inscrire dans un phénomène plus vaste de démocratisation tous azimuts. Un peu partout, des domaines auparavant réservés à des spécialistes s’ouvrent à l’ensemble de la population par le miracle d’une information plus fluide et plus hétéroclite, par la multiplication des forums et des tutoriels – les arts, la politique, la mécanique… Il n’y a pas de raison que la sexualité y échappe.

Dans ces conditions, puisque des pratiques auparavant jugées sulfureuses se banalisent, l’assistance sexuelle devrait bénéficier de ce mouvement. Encore en partie méconnue, suscitant de nombreuses levées de bouclier – la plupart du temps au nom de la condamnation de toute marchandisation du corps –, celle-ci me semble ainsi promise à un bel avenir.

vendredi 18 février 2022

Régine Deforges la sulfureuse (Livres connexes (7))



Julien Cendres et François Perrin m’ont judicieusement conseillé de lire un roman que je ne connaissais pas, « Toutes les femmes s’appellent Marie » (2012), l’un des derniers textes de Régine Deforges. Je découvre un livre étonnant de brièveté détonante, à vrai dire beaucoup plus radical que ma propre « Viveuse », pourtant assez crue. Car il ne s’agit pas seulement d’assistance sexuelle, mais d’assistance sexuelle poussée dans ses derniers retranchements de scandale : l’histoire d’une mère dépassée par le désir de son fils handicapé mental, couchant avec lui, tombant enceinte puis tuant son fils et se suicidant dans la foulée ! Régine Deforges ose montrer le pire en termes de tragédie familiale, mais avec une douceur, une empathie, une façon singulière de montrer qu’il y a parfois des impasses dans la vie de certains et qu’il serait maladroit de les juger. Le livre se clôt par une brève défense de l’assistance sexuelle qui n’a pas pris une ride, montrant qu’il existe des cas précis pour lesquels le refus de l’assistance n’est pas une chose digne. La réputation de souffre et de liberté de Régine Deforges n’est pas surfaite !

jeudi 17 février 2022

Mystères de la séduction ("La Viveuse", films connexes (2))

J’ai toujours admiré le travail de François Ozon – films sobres, denses, subtils, osés, produits avec une belle régularité. Avant d’écrire « La Viveuse », je n’avais pas vu « Jeune et jolie » (2013) dont le thème est pourtant voisin. J’ai rattrapé mon retard. Je me sens décidément proche de sa façon de décrire les choses sans fioriture mais avec une belle facture classique, et de ne pas juger les personnages. Ici, la protagoniste (jouée par Marine Vacth) est une jeune bourgeoise qui se prostitue par ennui, par goût de la sensation. Ma Viveuse partage en partie cette motivation, même si sa modestie sociale est également déterminante. Le cœur du film me paraît être la relation à la mère, qui réagit à la nouvelle avec beaucoup de brutalité. Ce seront des personnes plus lointaines (le beau-père, la femme du dernier client…) qui sauront faire preuve d’empathie. Pour la mère, le scandale tient au fait que la fille n'a aucune raison valable de se prostituer : elle est belle, elle est aimée, elle évolue dans un milieu aisé… Forcément, il faut aller consulter un psychologue ! Au fond, elle ne comprend pas que les rapports de séduction sont aussi recherches de limites, et qu’il y a quelque chose d’absurde à vouloir plaindre ceux qui vont apparemment trop loin. La toute fin du film laisse deviner une explication possible. On découvre l’épouse du dernier client de la jeune femme, qui est mort dans ses bras. Cette femme, journée par l’impeccable Charlotte Rampling (on ne pouvait rêver de casting plus approprié), pourrait en vouloir à la prostituée, mais elle avoue finalement qu’elle aurait aimé, elle aussi, plus jeune, se vendre pour de l’argent, mais qu’elle n’en a pas eu le courage. Pied de nez final de la part d’un réalisateur qui s’amuse à laisser le spectateur au-dessus d’un ultime vertige…

mercredi 16 février 2022

La fragilité (films connexes (1))

Dans la scène la plus forte de « Presque » (janvier 2022), le personnage campé par Campan renonce à la prostituée qu’il s’était promise et celle-ci, attendrie par le jeune handicapé joué par Alexandre Jollien, décide d’offrir à ce dernier sa première nuit d’amour. Sans doute certains estimeront-ils que ce personnage de prostituée joué par Marie Benati, belle, sympathique, intelligente, souriante, distinguée, capable d’offrir ses charmes par simple souci d’humanité, relève du simple fantasme masculin. N’empêche que cela donne une scène où Jollien joue très bien la panique qui peut s’emparer d’un homme qui n’a jamais connu l’amour et qui, détournant la tête, bafouille des phrases d’angoisse comme : « Tu vas te salir… » Il s’agit sans doute ici du moment où Jollien exprime avec le plus de profondeur ses peurs et sa fragilité, films et livres confondus. C’est aussi cette fragilité que j’ai cherché à saisir dans plusieurs scènes de « La Viveuse ».

lundi 14 février 2022

Une courageuse confidence d'Alexandre Jollien (Lectures connexes (6))

Dans « La sagesse espiègle » (2018), celui qui est devenu la véritable égérie des handicapés, Alexandre Jollien, se livre à une surprenante confidence : il a connu une addiction aux jeunes éphèbes, d’abord par webcam, puis par le biais de l’escorting. Bien sûr, de nombreux lecteurs l’ont pris comme un aveu d’homosexualité, mais il n’en est rien, nous assure-t-il. Comme il l’écrit dans le livre, il s’agissait pour lui de s’abreuver au spectacle de corps en pleine santé, mais aussi de renouer avec la sensation d’un corps acceptable. Il avance bien quelques scrupules (« La souffrance ne donne aucun droit »), vite oubliés. Le simple fait d’observer quelqu’un d’éminemment normal et d’être approché de lui revêt quelque chose de miraculeux. A côté, les techniques de méditation paraissent dérisoires. L’auteur décrit ce recours aux escorts comme une passade à la fois honteuse et éphémère, et finit par rire de cette « pâlotte paire de fesses » qui l’a tellement obsédé, mais on comprend l’importance de cette passade dans son parcours.

dimanche 13 février 2022

L’abolitionnisme a-t-il vraiment emporté la mise ? (Lectures connexes (5))

A en croire le très documenté « Sur les trottoirs, l’Etat » (Gwenaëlle Mainsant, Seuil, 2021), qui fait le point sur la lutte de l’Etat français contre la prostitution de rue, l’abolitionnisme l’aurait emporté dans la sphère politique, au détriment de toute démarche visant à tenir compte des conditions concrètes d’exercice du métier : on se contente désormais de viser la disparition de cette activité. Or, le décalage me paraît assez flagrant avec les échos sur le terrain (associations, personnalités…), où le réglementarisme semble plutôt de mise, à l’exemple de Klou, qui publie ces jours-ci un récit graphique sur son expérience de Travailleuse Du Sexe (« Bagarre érotique », Anne Carrière, SexAppeal).

On y retrouve la fougue et la fierté de Grisélidis Réal, et de jolis développements sur ce qui l’a amenée au métier. Une conviction très forte domine l’ensemble : la prostitution n’est pas une sinécure, bien sûr, mais elle vaut bien d’autres activités. Celles qui le choisissent le font pour des raisons valables. Plutôt que d’interdire la prostitution, clame le livre, facilitons plutôt son accès aux femmes et aux minorités : toutes et tous ont droit à payer pour du sexe !

samedi 12 février 2022

"La Viveuse" au prix Sade

Très heureux d'être nominé pour la 2eme fois pour le Prix Sade, dont j'ai toujours aimé l'insolence et la beauté des choix. Il fallait de l'audace pour couronner le radical "Chienne" de Marie-Pier Lafontaine en 2020 et même pour accepter de mettre en lumière mon improbable "Homme qui frappait les femmes" en 2013. J'ai déjà eu l'occasion de dire à Laurence Viallet, membre du jury, toute mon admiration pour son travail d'éditrice, puisque Kathy Acker et David Wojnarowicz sont deux jalons de ma formation littéraire. La Viveuse n'a sans doute pas la radicalité de ces auteurs, mais l'impulsion de son écriture a puisé dans des sources comparables. Merci à Emmanuel Pierrat !

mardi 8 février 2022

"Un roman tendre et doux"

"Un roman tendre et doux", dixit Flore Cherry à propos de "La Viveuse" pour l'émission de Brigitte Lahaie, "Parlons vrai" (Sud radio). Déjà, en 2013, Brigitte Lahaie avait été l'une des seules à m'accorder la parole pour un roman singulier, "L'homme qui frappait les femmes". Une nouvelle fois, en acceptant de diffuser cette belle chronique, elle fait preuve de sa sensibilité aux thèmes délicats et contemporains.

lundi 7 février 2022

Résister au désespoir par le style (Lectures connexes (4))

Le débat sur la prostitution fait rage, même dans les rangs féministes : faut-il l’abolir ? Faut-il en améliorer le statut ? Faut-il en revendiquer la pratique ? Près de vingt ans après sa mort, Grisélidis Réal garde son aura de prostituée assumant pleinement son travail – au grand dam de certaines franges du féminisme. Surtout, elle sublime le tout dans une œuvre incandescente et belle. On dirait une Nelly Arcan refusant de se laisser happer par le désespoir, à la force de son style et de son obstination militante.

(couverture du Magazine du Monde, 29 janvier 2021, Pascale Nivelle, Marie-Pierre Lannelongue)

dimanche 6 février 2022

"Lamour au temps du handicap" (Raphaëlle Dos Santos, à propos de "La Viveuse")

Par Raphaëlle Dos Santos, sur Culture31.com

"La Japan expo est un forum sur la culture populaire japonaise. On y croise des amateurs de Pikachu et de Lara Croft. C’est dans ce décor ambigu de dessins animés et de filles en mini-jupes, qu’une aide-soignante, Anaëlle, fait la connaissance de Christian, un handicapé. Jusqu’ici, trois hommes occupaient la vie d’Anaëlle : Philippe, avec qui elle hésite à s’installer (parce qu’il est trop « tendre », et finalement trop enfantin) ; Frank, un amant occasionnel (mais qui se révèlera instable) ; et son père, rendu amer par son récent divorce. La rencontre avec Christian va réorienter sa vie. Il l’attire – et très vite va se poser la double question des raisons de cette attirance, et de la sexualité. Elle se découvre animée par des désirs qui, si éloignés qu’ils semblent, se marient parfaitement : la bienveillance, la volonté d’« apporter du réconfort » ; et le plaisir de la mainmise sur son partenaire : Anaëlle aime que Christian soit physiquement à sa merci.

LA SEXUALITÉ ASSISTÉE

Guidée par Mathieu, un ami infirmier, elle découvre une association spécialisée dans « l’assistanat sexuel », tarifé ou bénévole. Elle participe à des réunions pour se former à cette « activité », qui pourrait devenir un métier : elle a besoin d’argent pour son père. Elle a bien sûr conscience de la difficulté que l’on aura à la distinguer d’une prostituée. Pourtant, ceux qu’elle rencontre dans l’association ne semblent pas poussés par des intérêts financiers – bien que leurs motivations ne soient pas toujours sans équivoque : « Je n’ai jamais été en couple et je n’ai plus de rapport avec ma famille, explique une jeune femme. Je considère les handicapés comme des frères de destin. Ce que je leur donne, c’est un peu comme si je me l’offrais à moi-même. »

Anaëlle est également ambivalente. Elle aime le « sentiment de puissance » que lui procure le corps des infirmes livrés à ses caresses. « Au fond, reconnaît-elle, la personnalité de [Christian] l’intéressait moins que son handicap ». Mais ses intentions changent selon les « patients » : « Elle glissa la paume sous la nuque afin d’inciter le jeune homme à se redresser, ôta la chemise qu’elle déposa comme une relique sur le dossier de la chaise. » Le mot et les gestes sont autant chrétiens et sacrificiels que médicaux. D’ailleurs, en sortant de la chambre de Martin, un myopathe, elle éprouve d’abord de la honte, une poussière morale qu’elle chasse d’un souffle : « Pourquoi se sentir coupable ? Elle avait travaillé au bien-être d’un individu diminué, et elle parvint à éteindre ses scrupules. L’épaisseur des billets faisaient une présence rassurante. »

SAINTE, PERVERSE OU PROSTITUÉE

Anaëlle est donc traversée par trois rôles, « celui d’une sainte, d’une perverse ou d’une prostituée », passant de l’un à l’autre en passant d’un patient à l’autre, de Christian à Martin, de Martin à Didier. En somme, La Viveuse est le roman d’une évolution psychologique à travers la sexualité. Partie de Philippe (grand enfant à la sexualité simple et sans surprise) et de Frank (à la sexualité excitante et animale), elle réconcilie avec Christian ses besoins de réconfort, de soin et de puissance, dans leur rapport ambigu à l’excitation sexuelle. Portée par un mélange d’altruisme et de narcissisme, de don de soi et de suprématie, elle sait que l’on n’échappe pas à la dépendance : on dépend tous de quelqu’un – le père d’Anaëlle dépend de l’argent de sa fille, les patients dépendent de la sensualité d’Anaëlle, et celle-ci dépend de l’argent qu’on lui verse.

RAPPORTS DE CLASSE

Une dépendance est un rapport de pouvoir, et tout pouvoir un rapport sexuel direct ou différé ; il était donc naturel que ce roman traitât des classes sociales, et des rapports de classe. À cet égard, il s’inscrit dans la lignée de deux autres livres, au moins, d’Aymeric Patricot : Les Petits Blancs et La révolte des Gaulois.

La Viveuse est le roman d’une prolétaire. Anaëlle a conscience d’avoir seulement « son corps à offrir » ; sa meilleure amie, Pauline, et certains de ses patients, sont d’un milieu aisé : ils ont les moyens financiers de s’offrir Anaëlle. Quand Pauline obtient un appartement pour le père de son amie, ce geste solidifie leur amitié et creuse ce qui les sépare – et qui est, encore une fois, la dépendance : Anaëlle n’aime pas se sentir redevable. Il en va différemment avec Christian, à qui elle refuse de « tarifer ses prestations ».

Une scène entre la mère du jeune infirme et Anaëlle montre d’ailleurs, dans la domination qui essaie de s’installer, un vrai rapport de classes : « Je ne fais pas ça pour l’argent », dit Anaëlle en refusant la somme que cette mère lui propose. « Ah bon, pour quoi alors ? ― Je ne sais pas… Pour l’amitié, peut-être. ― À d’autres ! » Cette femme aimerait mieux que son fils ait affaire à une prostituée : l’argent la rassurerait sur les intentions de cette « assistante sexuelle », qui, ramenée à la vénalité, en ressortirait en outre diminuée. En refusant d’être payée, Anaëlle échappe à cette mère, elle échappe à la domination, elle échappe à la société.

Ce roman riche et singulier passionne parce qu’il croise adroitement les questions morales, sociales, professionnelles, autour du sexe et du soin, de l’argent et de l’amour ; et parce qu’il devient une réflexion sur le pouvoir et la soumission, à condition de retirer à ces deux notions leur préjugé négatif – et c’est tout le talent d’Aymeric Patricot d’y parvenir, sans moralisation ni complaisance. Avec un essai, il aurait peut-être essayé de trancher la question ; en choisissant le roman, ce genre de l’ambiguïté, du croisement des contraires, il pousse le lecteur vers des régions qu’il n’aurait pas pensé visiter."

samedi 5 février 2022

Daruma pour La Viveuse

Cette semaine est sorti « La Viveuse », mon cinquième roman (et dixième livre !) – non pas le plus personnel, puisqu’il ne s’agit presque pas de moi, mais sans doute le plus abouti. Comme souvent, j’ai eu à cœur de mettre la main sur un sujet sensible et de l’éclairer par une prose assez sobre. Un grand merci aux éditions Léo Scheer qui, une fois de plus, prouvent leur ouverture d’esprit et leur générosité. Espérons qu’il trouve son chemin dans la jungle toujours plus féroce de l’édition française ! Pour l’occasion, j’ai noirci le premier œil du Daruma que je gardais précieusement dans ma bibliothèque depuis mon séjour au Japon, voilà vingt ans – nous verrons bien si le petit moine bouddhiste m’accompagne dans cette aventure, d’autant que le roman réserve quelques clins d’œil à la spiritualité zen.

mercredi 2 février 2022

Les féministes trahies par le porno (« La Viveuse », lectures connexes (3))

C’est assez drôle de lire, ici ou là, chez des féministes ou plus généralement chez des auteures, un certain désarroi devant leurs goûts en matière de porno (notons que le porno vit une certaine banalisation) : elles avouent trouver du plaisir aux vidéos classiques, conçues pour les hommes et souvent dénoncées comme telles, car mettant en scène des rapports non pas forcément de domination mais de soumission des femmes au plaisir de l’homme. Force est de constater que le porno féministe, woke ou antipratiarcal les ennuie ! Je pense notamment aux livres de Mona Chollet, « Réinventer l’amour » (La Découverte, 2021), et à celui de Claire Richard, « Les chemins de désir » (Seuil, 2019).

Comment l’interpréter ? Persistance d’un inconscient de soumission soufflé par le patriarcat dans les tréfonds de la chair ? Ou bien – mais cette thèse a quelque chose d’inacceptable aujourd’hui – y aurait-il des fantasmes et des rapports sexuels intangibles, une constance biologique dont aucune révolution ne viendra à bout ?

J’avoue ne pas avoir la réponse. Il semblerait en tout cas que la sexualité hétérosexuelle et basiquement genrée ait encore de beaux jours devant elle – pour La Viveuse, je ne me suis d’ailleurs pas aventuré sur le terrain des questions de genre, les thèmes croisés du handicap et de la sexualité hétérosexuelle générant déjà suffisamment de points sensibles.