La littérature sous caféine


mercredi 16 mars 2022

Les points de rupture

A quelle profondeur ausculter la folie ? Les romanciers ont toujours maille à partir avec les dilemmes, mais ils choisissent des sujets plus ou moins douloureux, des points de bascule plus ou moins radicaux. Dans une majorité de mes romans, j’ai mis en scène la violence. Dans le dernier en date, La Viveuse, je braque mon attention vers les physiques blessés et la figure controversée de la prostituée. Immanquablement, je m’attire des réactions du type : « Mais pourquoi donc écrire là-dessus ? », à quoi je réponds : « Pourquoi pas ? », suivi de : « C’est le rôle de la littérature, après tout, de s’intéresser à ce qu’on ignore habituellement. »

Parfois, je croise d’autres romanciers qui font ce pari du thème radical traité de manière classique, c’est-à-dire avec une prose limpide et sage, et je pense par exemple à Sophie de Baere dont le dernier roman, « Les ailes collées » (JC Lattès, 2022), représente une étonnante réussite. On croit entrer dans un univers policé de sentiments romantiques et d’intrigues familiales, on tombe bientôt dans une redoutable histoire de sexualités cachées, de harcèlement et de meurtre, le tout servi par un style sonore et maîtrisé. Peut-être faut-il de la mesure et même une forme de délicatesse pour approcher les points de rupture les plus fous ?

mercredi 9 mars 2022

Rencontre et lecture autour de "La Viveuse"

Le Lundi 28 mars, à partir de 18h30 au 1er étage du Café de Flore à Paris, la comédienne Natacha Régnier lira des extraits de "La Viveuse".

Rencontre animée par Laurence Biava.

lundi 7 mars 2022

Interview sur le site Actualitté

Interview publié sur le site Actualitté :

"Le thème de l’assistance sexuelle me hante depuis de nombreuses années"

Rarement abordé, ou alors de biais, le thème de l’assistance sexuelle pour handicapé demeure tabou en France. Dans La Viveuse (éditions Léo Scheer, 2022), Aymeric Patricot traite frontalement de la question, par le truchement de la fiction. Héroïne ambigüe, insatisfaite, la jeune Anaëlle se lance dans l’aventure, aidant des infirmes à se réaliser moyennant finance…

Étienne Ruhaud : Tu aimes à traiter les sujets tabous, comme la question de la blanchité (à travers Les Petits blancs ou La Révolte des Gaulois). Comment t’est venue l’idée d’évoquer l’assistance sexuelle ?

Aymeric Patricot : C’est vrai que la plupart de mes livres abordent des questions peu traitées. Ils passent parfois pour provocateurs alors qu’ils s’attachent simplement à décrire des pans de réalité. Sans doute y a-t-il deux raisons principales à ce goût : le fait d’avoir vécu des choses qui m’ont révélé la face parfois très dure de l’existence, mais aussi une dynamique qui me paraît propre à la littérature, et à l’art en général, celle qui porte à vouloir lever des secrets.

Le thème de l’assistance sexuelle me hante depuis de nombreuses années. J’avais en tête le personnage, évoluant dans un monde intermédiaire entre le monde de la respectabilité sociale et celui des choses honteuses. Il m’a été inspiré par des gens que j’ai pu croiser, et dont j’estimais cerner la psychologie. J’ai attendu plusieurs années avant que l’histoire ne cristallise vraiment en moi, et que le thème me paraisse porté par l’époque.

Ton roman est très documenté. Peux-tu nous parler de tes recherches, de tes investigations ?

Aymeric Patricot : Pour un thème aussi sensible, il faut connaître certaines réalités, l’état des législations, la nature des débats en cours. Sinon, la crédibilité même du texte en souffrirait. Cependant, l’essentiel de mon travail a consisté à donner de l’épaisseur aux personnages. J’ai davantage cherché à cerner le tempérament d’une femme capable de vivre cette expérience que je n’ai voulu décrire précisément des pratiques. Mon livre est un roman, pas un essai. Je n’ai pas voulu que la documentation étouffe l’émotion. Je n’ai d’ailleurs pas d’expérience directe de ces choses, dans le sens où je ne suis ni handicapé, ni escort. J’ai simplement connu des gens qui sont passés par là.

Anaëlle correspond-t-elle à ta définition du « petit blanc », précisément ?

Aymeric Patricot : Je n’ai pas écrit ce roman comme un prolongement de mon livre sur les « petits Blancs » - c’est-à-dire des Blancs pauvres, qui se perçoivent comme Blancs dans un contexte de métissage. Je n’avais pas ces problématiques raciales en tête. À vrai dire, La Viveuse fait plutôt écho à Suicide girls, par le thème et le ton – le narrateur de Suicide girls faisant d’ailleurs une brève apparition dans le roman. Cependant, il est vrai que la question sociale est très présente, et qu’Anaëlle, l’héroïne du livre, est une fille de famille ouvrière, qu’elle est en recherche d’argent, et qu’elle travaille précisément dans les beaux quartiers. Elle tombe amoureuse d’un bourgeois, mais suscite la méfiance de la mère et subit parfois l’arrogance de familles aisées. De ce point de vue, on peut parler de lutte des classes. Anaëlle n’a pas de colère contre les bourgeois, mais elle perçoit les différences et sait en tirer parti. En revanche, la question raciale n’est pas présente dans le livre.

Les motivations d’Anaëlle sont-elles purement vénales ? Quel est son rapport exact aux handicapés ?

Aymeric Patricot : Elle découvre le monde du handicap en tombant amoureuse d’un jeune handicapé. Progressivement, elle développe une activité d’assistante sexuelle, mais ses motivations sont complexes. Il entre une part de vénalité, bien sûr, mais aussi de plaisir – Anaëlle est d’une sensualité plus prononcée que celle de son petit ami, au début du roman. Par ailleurs, la question de l’humanisme se pose : Anaëlle refuse peu à peu certaines choses, comprenant qu’il lui faut un prétexte humanitaire pour accepter les passes. Comme beaucoup, le spectre de la prostitution pure lui fait peur, si tant est qu’il existe une différence de nature entre les deux pratiques.

Les scènes de sexe sont crues, directes, décrites avec un implacable réalisme. Pour autant une certaine tendresse se dégage. Peut-on parler de roman sentimental ?

Aymeric Patricot : J’ai voulu les scènes de sexe explicites, mais sans complaisance. Après tout, on est proche d’une forme de médecine, et le sujet me paraissait réclamer cette crudité. Par ailleurs, il y a un plaisir littéraire me semble-t-il à oser affronter le spectacle de ces choses. Cependant, la douceur finit toujours par prendre le pas. Le roman est structuré autour d’une histoire d’amour, et même dans les scènes les plus explicites, l’enjeu reste le besoin d’affection. Dans le texte, les rapports humains se nouent toujours avec une grande part de délicatesse. La véritable recherche est bien celle de l’amour.

Pareillement, l’héroïne semble se chercher, à travers les plaisirs charnels notamment. Est-ce un roman de formation, d’apprentissage ? En effet, La Viveuse est un roman d’apprentissage. L’héroïne se lance dans une quête érotique, existentielle, amoureuse et sociale. Elle découvrira son corps, ses limites, ce qu’elle comprend de l’amour et de la société. Pendant quelques mois, l’activité d’assistante sexuelle deviendra pour elle un catalyseur d’expériences nombreuses et fortes.

Le personnage de Christian, handicapé, évoque à un moment donné Michel Houellebecq, à travers Extension du domaine de la lutte. En quoi Houellebecq t’a-t-il influencé ? Peut-on parler de roman houellebecquien, ou tout simplement de roman réaliste ?

Aymeric Patricot : Houellebecq est un modèle, évidemment, surtout pour la façon décomplexée qu’il a d’aborder les thèmes contemporains. Il n’hésite pas à aller directement à ce qui fâche, ce qui peut passer pour de la provocation. En tout cas, l’un des thèmes abordés dans Extension du domaine de la lutte était la misère affective et le fait qu’un régime politique plus abouti chercherait à résoudre cette question. Il posait déjà la question des assistants sexuels ! De même, dans son dernier roman, Anéantir, l’assistance sexuelle est évoquée.

Thème mis à part, je ne sais pas si La Viveuse est houellebecquien. Il l’est peut-être par son réalisme, sa volonté d’aborder frontalement une question sensible. Cependant je ne propose pas de digressions sociologiques comme celles qui ont fait le succès de Houellebecq, et je n’émaille pas le texte de vannes comme la plupart de ses narrateurs. Mais il y a peut-être le même genre de douceur bienveillante que dans Anéantir, le désespoir en moins – ce roman est sans doute le moins sombre que j’aie pu écrire.

Anaëlle, qui souhaite offrir les meilleurs soins à son père cancéreux, augmente ses tarifs au fil de l’intrigue. Ce désir de faire cracher le bourgeois au bassinet est-il strictement motivé par l’appât du gain ? S’agit-il d’une revanche sociale ?

Aymeric Patricot : Le roman met en scène ces différences de classes sociales, et le mépris qu’expriment parfois les couches aisées. Cependant, si Anaëlle cherche l’argent où il se trouve, elle ne se situe pas dans une perspective de revanche. Elle tombe d’ailleurs amoureuse de ce jeune bourgeois, Christian. Puisqu’elle adopte une démarche de bienveillance et de don de soi, qui peut aller de pair avec la recherche d’argent, elle ne laisse pas de place à la mesquinerie, qui ruinerait sa pratique.

Contrairement à son amie Pauline, Anaëlle semble totalement détachée de toute dimension spirituelle. Elle apparaît tour à tour comme une prostituée, ou comme une sainte faisant preuve d’abnégation. Quel est selon toi son rapport au christianisme ?

Elle-même se pose la question : elle réalise qu’elle n’a ni la foi de son amie Pauline, ni sa culture religieuse. Elle souligne le mystère de cette religion, ainsi que certaines hypocrisies chez ses pratiquants. Elle n’exprime cependant pas de mépris. Et elle perçoit la dimension spirituelle de sa propre pratique. Après tout, le don de soi, la bienveillance, le souci de l’autre la rapprochent de la philosophie chrétienne. L’érotisme lui-même s’apparente à une forme de spiritualité. Mais elle lorgnera davantage vers le zen, lors de ses éclairs de lucidité.

mardi 1 mars 2022

"La Viveuse, un roman vrai" (Etienne Ruhaud, sur Zone Critique)

Un article d'Etienne Ruhaud dans Zone critique :

"Aide-soignante issue d’une famille ouvrière désunie, peu amoureuse d’un compagnon immature, Anaëlle, la vingtaine, se cherche dans les bras d’amants fugaces, jouisseurs. Son travail en EHPAD ne la satisfaisant pas, la jeune femme se tourne vers l’assistanat sexuel… Comme souvent, Aymeric Patricot parle ici d’un sujet tabou, jusque là peu abordé dans la fiction , ou alors en filigrane.

Itinéraire d’une enfant perdue

Pourvue d’un physique avenant, mais manquant cruellement de confiance en elle, Anaëlle correspond assez à ce que l’auteur appelle lui-même une petite blanche , soit ces Français de souche, ou d’origine européenne de la classe moyenne pauvre. Effectuant un job ingrat, la jeune femme trouve momentanément consolation auprès d’un bourgeois bête de sexe, ou encore auprès de Pauline, une amie catholique à l’abri du besoin. La rencontre avec un jeune paraplégique, croisé à la Japan Expo brise la routine d’une existence morne, sans surprise ni passion amoureuse. Saisie d’un trouble nouveau, et attirée par l’élégant et riche Christian, Anaëlle noue une étrange relation basée sur le plaisir, et sur une forme de domination d’abord non vénale, puis tarifée. Lassée par son job, et confrontée au cancer de son père, homme lui aussi immature, Anaëlle finit par se faire payer tout en se formant au sein d’un centre de formation associatif. Les prestations s’enchaînent sous la direction de Matthieu, aide-soignant désabusé, souteneur improvisé. Anaëlle se fait payer de plus en plus cher, jusqu’à repousser ses propres limites, jusqu’à se mépriser avant de fuir avec Christian en une aventure désespérée. Trahie par Pauline, en rupture avec son propre père, malade et choqué, la professionnelle finit par trouver sa voie, et tourne le dos au passé, comme s’il s’agissait d’une parenthèse, d’une phase.

Un roman naturaliste

On est d’emblée frappé par la crudité du propos. Comme chez Houellebecq, animal abandonné, perdu sur une autoroute (p. 262) évoqué au détour d’une page, les scènes physiques sont décrites avec une précision chirurgicale, faisant du lecteur un quasi voyeur. Sans user d’artifices particuliers, Anaëlle parvient à user de manœuvres diverses pour amener les handicapés à découvrir, re-découvrir les plaisirs charnels. Contrainte de redéfinir, à chaque nouveau client/patient, un type de rapport singulier en accord avec le handicap, Annaëlle prodigue souvent, et peut-être d’abord, de l’affection, choyant des corps, ou parfois des esprits, diminués, des êtres en souffrance parfois rejetés par leurs proches, en situation d’abandon (p. 282). On pourrait parfois parler de naturalisme, tant les prestations, ou tout simplement les rapports d’Anaëlle sont dépeints avec vérité, de manière presque technique, scénaristique : Elle ondulait maintenant des yeux au-dessus du visage, exhibant sa poitrine au plus près des yeux. Ce qu’elle voyait au-dessous d’elle était un corps à peine animé, dilué par la faiblesse (p. 146).

Le roman prend aussi une valeur documentaire, dans la mesure où Aymeric Patricot parle du « métier », encore non reconnu en France d’assistant(e)-sexuel(le). Le novice découvre ainsi un emploi aux contours flous, non défini juridiquement : La France était en retard par rapport à d’autres pays pour la prise en compte de cette activité. Considérée comme de la simple prostitution, elle n'était pas interdite mais soumise à des mesures vexatoires – les client pouvaient être sanctionnés, par exemple (p. 80). Bien documenté, l’écrivain explore, par le truchement de la fiction, une activité encore taboue, plus ou moins encadrée par des associations, attirant des gens aux profils variés, parfois mus par l’appât du gain, parfois animés par un sentiment de charité, d’empathie, à l’instar de Flore, femme au regard un peu triste (p. 96), très seule, et qui considère les handicapés comme des frères de destin (p. 97).

… et sociologique

Venue, comme nous l’avons dit, d’un milieu relativement pauvre, victime de l’éclatement du foyer (p. 128), Anaëlle fréquente toutefois la riche Pauline, tout en restant aide-soignante. Socialement infériorisée, mais plus à l’aise avec son corps, avec sa sexualité, que ne pourrait l’être son amie, Annaëlle entre par effraction chez intrusion dans les beaux-quartiers (p. 231), dans ces demeures cossues où elle officie en tant que servante, maîtresse des plaisirs, prenant de l’ascendant sur des infirmes fortunés. On est ainsi frappé par l’attention toute réaliste portée aux décors, et plus particulièrement aux peintures (littéraires) de maisons, autant de représentations d’une abondance malheureuse, ne protégeant ni de la mort, ni surtout de la décrépitude physique qui frappe des fils de famille en manque de caresses. Consciente de cette différence de statut, méprisée par Pauline, et par certaines familles qui ne voient en elle qu’une pute, une videuse, Annaëlle accepte son sort et s’habille en conséquence, évitant les tenues affriolantes trop marquées. Animée, au départ, par des sentiments ambivalents à la fois charitables et maternels, mais blessées par le dédain qu’elle recueille, la jeune femme devient cynique, désirant faire cracher le bourgeois au bassinet, et monnayant ses prestations au prix fort. Peut-on parler de revanche de classe ? La question reste ouverte. L’héroïne, qui travaille beaucoup pour payer de bons soins à un père cancéreux, se venge peut-être inconsciemment.

La maman et la putain

… Car les motivations profondes d’Annaëlle demeurent floues. Si la vénalité ne fait plus de doute puisqu’il faut financer le séjour en clinique, l’assistante paraît aussi pleine d’abnégation, dépassant un dégoût inné pour soulager des malheureux, frustrés, souffrants. Dépourvue de toute formation religieuse, écœurée par le catholicisme frelaté, jugeant, de Pauline, Anaëlle s’apparente pourtant à une martyre laïque. L’attitude de Madame Amparat, mère de son semi-amant Christian, et qui ne voit en elle qu’une fille intéressée, la meurtrit, et l’incite justement à se professionnaliser : Elle se demandait si son rôle était celui d’une sainte, d’une perverse ou d’une prostituée (p. 167). Dévouée jusqu’au bout, Annaëlle pratique aussi pour sauver un père pourtant condamné, et relativement ingrat, condamnant l’activité même d’une fille aimante.

Peut-on pour autant parler de sainteté ? Anaëlle se sent émoustillée au contact de ses clients, ou de ses patients (le statut restant flou). Aviveuse avivée par les handicapés, Annaëlle est aussi et d’abord une viveuse, une jouisseuse honteuse, tératophile inavouée. Ainsi va-t-elle parfois jusqu’à la pénétration, animée par des sentiments doubles, mêlant dégoût et attirance, jusqu’à atteindre des folies d’excitation qui lui faisaient honte (p. 281). D’ailleurs l’auteur cite Crash !, où J.C. Ballard met en scène des pervers qui provoquent des accidents de la route, et se délectent de corps mutilés. Sexuellement attirée par l’infirmité, Anaëlle prend peut-être plaisir à dominer ainsi des êtres diminués, entièrement sous sa coupe. Mais Anaëlle est aussi une sentimentale, très attachée à Mauricette, vieille dame atteinte d’Alzheimer à laquelle elle offre des poupées, et avec laquelle elle passe trop de temps (selon sa supérieure), à l’EHPAD. Elle aussi diminuée, Mauricette voit en Anaëlle une fille de substitution, et s’émeut de la voir partir. De même, l’amour qu’elle porte à Christian semble sincère, et dépasse le simple attrait sexuel. Fascinée par la culture et la délicatesse du jeune homme, Anaëlle se perd en une fugue éperdue en bord de mer, quitte à perdre un job qui de toute façon l’ennuie. Ce faisant, et par-delà l’intérêt documentaire cette histoire tendre et douce (selon Flore Cherry ) s’apparente à un conte romantique, servi par une plume parfois lyrique : Jamais elle n’avait encore senti Christian de cette façon : ça n’était pas un contact de tendresse ni de sensualité, tout juste deux corps abouchés l’un à l’autre, serrés par l’effort, contractés par l’air marin, lancés vers un horizon de sensations qui les impressionnait. Anaëlle croyait serrer un enfant, comme une mère après le bain. L’intimité se faisait essentielle (…) Anaëlle (…) était heureuse : la douleur diffusait par endroits comme la preuve qu’ils s’aimaient et que leurs personnes fouillaient l’une vers l’autre (p. 267).

Un livre complexe et vrai

Comme souvent, Aymeric Patricot semble s’attacher à dire la vérité, ou, à tout le moins, à explorer certaines zones d’ombre, quitte à choquer. Roman réaliste, sinon naturaliste au titre polysémique, La Viveuse apparaît comme un roman vrai, une mise à nu de fantasmes inavouables, une catharsis. Par-delà, la troublante héroïne, triplement vénale, perverse, et sentimentale, demeure profondément attachante par sa fragilité même. Et la littérature, précisément, est là pour tout dire."