La littérature sous caféine


mercredi 24 janvier 2007

Salman Rushdie, "Mes Lumières"



Excellente interview de Salman Rushdie dans le dernier numéro du Nouvel Observateur 2006 à propos du métissage et du choc des civilisations.

« Le mélange, le métissage est-il l’avenir de l’humanité ? Je le crois profondément. La question n’est même pas de savoir si c’est souhaitable ou non : de toute façon, c’est ce qui va se produire. C’est comme la mondialisation : qu’elle soit bonne ou mauvaise, c’est déjà une réalité, et on ne peut plus la défaire. De même, le métissage est inévitable. (…) Et à mes yeux, c’est une dimension enrichissante pour l’individu, la communauté, la culture et même la langue, sans parler du renouvellement génétique. Même si beaucoup de gens y sont hostiles ou s’en inquiètent. Et un écrivain honnête se doit d’écouter aussi les voix qui ne lui disent pas ce qui va de soir. Car bien sûr il y a souvent une part obscure dans ce mélange : il nous est pénible de vivre aux côtés des gens dont nous rejetons ou craignons la culture, les valeurs, les croyances. Mais c’est la réalité. »

Je trouve ses positions à la fois réalistes et courageuses. C’est un mélange qui me plaît.

vendredi 27 octobre 2006

Cyril Delhay : Promotion Zep (Des quartiers à Sciences-Po) (Hachette Littérature, 2006)

Très beau livre que ce récit du lancement, houleux, des fameuses Conventions Zep, signées entre Sciences-Po et certains lycées pour favoriser le passage dans la célèbre école de très bons élèves issus de milieux défavorisés. Il se dégage du livre un optimisme puissant. On se prend à rêver qu’avec du courage, de l’intelligence et de la bonne volonté, tout reste possible en matière de politique d’intégration. Véritable hymne aux incroyables ressources humaines gisant dans nos banlieues, apologie de la diversité dans tous les recrutements, l’ouvrage tient par son style, élégant et maîtrisé, autant que par la force des témoignages – quelques-uns des premiers élèves de ces toutes nouvelles promotions, et l’auteur lui-même, qui nous livre au passage de belles pages, souvent émouvantes, sur son expérience de professeur.

mardi 17 octobre 2006

Peter Sloterdijk : Ni le soleil ni la mort (Hachette Littératures, 2004)



Fini de lire l'incroyable livre d'entretiens du philosophe sur des thèmes aussi variés que la mondialisation, notre rapport au corps ou l'idée de cercle... Son intelligence scintillante fait mouche à chaque page, et nous donne l'impression d'élaborer une perception minutieuse et merveilleusement actuelle du monde qui nous entoure.

Exemple : "La modernité, c'est le fait que nous apportons un substitut technique à la maternité, dans tous les sens du terme. C'est le sens du mouvement matrifuge qui s'opère sur la base de l'artificiel. On remplace les mères, les bio-mécènes, par des systèmes artificiels de mécénat. Pour le comprendre, il faut se rappeler le fait que les hommes sont des créatures orientant leurs prétentions vers un environnement qui les gâte, vers le mécénat biologique exercé par d'autres, et vers une structure immunitaire biologique et sociale efficace." (p251)