La littérature sous caféine


vendredi 7 janvier 2011

La pierre et le béton de Sicile



(Une rue de Palerme, fin 2010)

Je reviens d'une petite semaine en Sicile, que je découvrais. Quelques rapides impressions :

- Au nombre des bonnes impressions, les paysages très verts, surtout au Nord et au centre de l'île, vastes et majestueuses plaines plantées d'oliviers et couvertes de prairies de couleurs vives. Un effet conjugué de l'hiver, relativement doux, et d'une terre fertile ? Je m'attendais à des étendues beaucoup plus sèches, que je n'ai guère aperçus qu'au Sud.

- J'ai été conquis par les cafés, plus petites que les français, mais plus élégants, plus colorés, servant aussi de pâtisseries et des encas salés - véritables intermédiaires entre le bistrot et la boulangerie.

- A ce propos, j'ai pris goût aux cafés italiens (la boisson) que j'avais trouvés jusqu'à maintenant beaucoup trop corsés mais qui, très légèrement sucrés, m'ont paru cette fois-ci savoureux.

- J'ai été frappé par le contraste entre Palerme et d'autres villes, plus petites : autant le centre historique de Palerme tombe en ruines (encore crasseux et délabré malgré la rénovation qui semble à l'ordre du jour), autant les autres villes présentent quelques délicieuses ruelles témoignant d'un glorieux passé historique, bien entretenu (je pense par exemple à Agrigente).

- A cet égard, cependant, la seule chose à m'avoir vraiment déçu de ce que j'ai vu de la Sicile est l'aspect général des villages, même les plus appréciés : je n'ai pas vu de village vraiment beau, dans le sens où la plupart des maisons sont faites de parpaing et de béton ou sont couvertes d'enduits bien ternes. A quoi dont-on que les villes siciliennes paraissent si belles, de loin, mais qu'elles prennent un aspect relativement misérable quand on les approche ? Pénurie de belles pierres ? Caractère terne de la pierre sicilienne ? Coût de cette même pierre ? Pauvreté de l'île ? Catastrophes subies (guerres, tremblements de terre...) ayant nécessité des constructions rapides ? Les villages siciliens occupent souvent des sites spectaculaires, mais j'en ai pas vus qui soit aussi léchés que ceux de Toscane, par exemple, ou ceux de certains campagnes françaises.

- J'ai lu toute la semaine le somptueux roman de Lampedusa, Le Guépard, sur lequel je vais revenir bientôt...

mercredi 29 décembre 2010

Quelques jours...

Je pars quelques jours en Sicile, avec Mishima sous le bras...

lundi 16 août 2010

Un parc naturel tous les cent mètres



(Photo: bord de lac dans les environs de Malacoota)

Quelques remarques, en vrac, à propos des quinze jours que je viens de passer en Australie (côte Sud-Est):

- Je n’ai jamais vu de pays à la nature à la fois si domptée et si généreuse – le réseau routier est parfaitement tenu, et c’est en même temps une débauche continuelle de forêts, de plages, de campagnes quasiment vierges, où jamais vous ne croisez de touristes (mais c’était l’hiver, là-bas) et où les animaux sont omniprésents (perroquets, kangourous, dauphins…).

- Les gens sont d’une gentillesse confondante, d’une chaleur humaine surprenante – et le retour à Paris est cruel : pas un regard, pas un bonjour chez la plupart des commerçants, alors qu’en Australie vous êtes systématiquement accueillis par un sonore : « Hello, how are you ? » (un « hello » dont le « o », nasillard et fermé, se prolonge étonnamment)

- Le pays se présente souvent comme l’un des plus multiculturels au monde, mais je n’ai pas trouvé cela très frappant dans les grandes villes. Les Aborigènes, qui constituent 2 % de la population globale, ne sont presque pas visibles dans la rue. Ce sont de loin les Asiatiques les plus présents, après les populations de type européen (faut-il les appeler « les Blancs » ?), et ils forment à vue de nez près de cinquante pour cent de la population du centre-ville de Melbourne. Mais à Sydney, le métissage n’est vraiment pas celui de Paris ou même des villes d’un pays qui évoque à tant d’égard l’Australie par son histoire et ses enjeux politiques, les Etats-Unis. Pas un seul Noir, à peine quelques Indiens, et encore une fois ce sont les Australiens d’origine asiatique (surtout chinoise) qui constituent la seule vraie communauté visible dans la ville. Existe-t-il le même type de quartiers de relégation qu’en France, dans les environs de Sydney ? Je suppose, mais je ne les ai pas aperçus (il n’y a rien qui ressemble de près ou de loin à ces grands ensembles dont la France est si friande). La question de l’immigration semble malgré tout très présente sur la scène politique, il n’y a pas un jour sans que le journal télévisé n’évoque la question des bateaux de réfugiés.

- Le sentiment persistant qui a été le mien pendant ces quinze jours, c’est que la qualité de vie des Australiens me paraissait très nettement supérieure à celle des Français (du moins dans les grandes villes). Sydney, notamment, m’a fait l’impression d’une grande ville américaine en plus belle, en plus douce et en plus accueillante.

jeudi 12 avril 2007

L'énigme souriante



Je viens de comprendre comment compresser des images, et je ne résiste pas à l'envie de glisser ici l'une des photos tirées de mon voyage au Sénégal - atmosphère mélancolique ici pour cette vue d'un quartier de pêcheurs, à Saint Louis...

Et je complète par une belle phrase du roman Thérèse, de Schnitzler :

"Devant elle, l'énigme souriante des quelques heures dont elle pouvait disposer." (p 60)

jeudi 1 mars 2007

Le romantique à casquette



1) Mélancolie de mes balades dans les anciennes rues de Saint-Louis – véritable ville en friche, envahie par le sable… Les romantiques éprouvaient sans doute à peu près la même chose devant les ruines de cathédrales ou de temples romains.

2) Un homme m’aborde dans l’intention de me dire la bonne aventure. Pour me protéger du soleil j’ai vissé sur mon front une casquette jusqu’aux arcades sourcilières. Le reste de la partie supérieure de mon visage est masqué par des lunettes de soleil disproportionnées. L’homme n’hésite pas une seconde à lancer sa phrase d’accroche :

« Ton front me dit des choses intéressantes ! »

3) Accents baudelairiens de ce beau poème de Léopold Sédar Senghor, premier président du Sénégal :

« (…) Visage de masque fermé à l’éphémère, sans yeux sans matière
Tête de bronze parfaite et sa patine de temps
Que ne souillent ni fards ni rougeur ni rides, ni traces de larmes ni de baisers
O visage tel que Dieu t’a créé avant la mémoire même des âges
Visage de l’aube du monde, ne t’ouvre pas comme un col tendre pour émouvoir ma chair
Je t’adore, ô Beauté, de mon œil monocorde ! »

(Masque Nègre)

mercredi 28 février 2007

Le tunnel de la performance



Lu dans la presse locale, pendant mon voyage au Sénégal, quelques jours avant la réélection triomphale d’Abdoulaye Wade, dans la bouche d’un autre candidat à l’élection présidentielle : « Dieu m’a envoyé pour être le cheveu dans la soupe du Président Wade ».

Autre passage savoureux du livre de Fatou Diome, lorsque la narratrice compare les états d’esprit français et sénégalais :
« En Afrique, je suivais le sillage du destin, fait de hasard et d’un espoir infini. En Europe, je marche dans le long tunnel de la performance qui conduit à des objectifs bien définis. Ici, point de hasard, chaque pas mène vers un résultat escompté ; l’espoir se mesure au degré de combativité. » (p14)

lundi 26 février 2007

Soleil et brochettes



Pendant une semaine je me suis régalé de brochettes de Lotte grillée. Quelle déception de découvrir dans le roman de Fatou Diome, Le Ventre de l’Atlantique, que tout Sénégalais rêve précisément de ne plus en manger, comme l'auteur nous l’explique dans ce portrait d’un homme auréolé de prestige après son séjour en France :

« A son arrivée, on se contenta d’admirer son pouvoir d’achat, faramineux par rapport à la moyenne de l’île. Lui au moins pouvait se permettre de remplacer l’éternel riz de poisson par un délicieux ragoût de poulet. » (p 32)

(Photo : environs de Saint-Louis)

vendredi 16 février 2007

Tics en Afrique



Je pars 8 jours au Sénégal…

J’emporte sous le bras l’intégrale des poèmes de Senghor et quelques romans contemporains sénégalais (ceux de Fatou Diome par exemple). A mon retour j’aurai bien sélectionné la plus belle page ! D’ores et déjà je goûte quelques vers parmi les premiers de Senghor :

« O Morts, qui avez toujours refusé de mourir, qui avez su résister à la Mort
Jusqu’en Sine jusqu’en Seine, et dans mes veines fragiles, mon sang irréductible
Protégez mes rêves comme vous avez fait vos fils, les migrateurs aux jambes minces.
O morts ! défendez les toits de Paris dans la brume dominicale… »