La littérature sous caféine


lundi 28 janvier 2013

"Court, intense et sans voyeurisme..."

Sur le site Unwalkers, cette critique de "L'homme qui frappait les femmes":

"Comme dit le proverbe : "Bats ta femme, si tu ne sais pas pourquoi ? Elle, elle sait »

Un bon proverbe à la con à ranger à côté de : « Mets du guano sur ton crâne, tes cheveux repousseront »

Ah, taper les femmes, là n’est pas tout à fait le sujet du livre, mais une analyse d’un homme qui aimait frapper les femmes, et de sa déviance pathologique.

Sujet casse-gueule par excellence ou on pourrait osciller entre atermoiment et haines, ce qui n’est pas le cas ici. Nous se somme pas non plus dans l’amour avec notre « héros », juste spectateur de cette tragédie humaine et sociale. Quelques indices en fin de livres, nous amènent à penser à une certaine solidarité masculine d’une bêtise crasse, qui doit bien exister.

Et fin des clichés on n’est pas chez dédé qui sort de l’usine passe au bar et…

On est dans la haute, là ou on pète dans la soie. On suit donc notre homme sur une longueur de sa vie, de sa première claque donnée à ses coup de poings à sa femme enceinte, au passantes dans la rue frappées en anonyme.

Entre roman et analyse, c’est un livre qui éclaire et qui a surtout le mérite de s’attaquer à un phénomène de société millénaire à l’exponentielle.

C’est très bien écrit, court, intense, sans voyeurisme, les mots sonnent juste.

A la fin du livre, on retrouve un court texte de l’auteur où il se met à poil, et nous raconte ce livre, sa génèse. En un seul mot : magnifique
."

Dans L'Union, cette autre critique:

"Dans la tête d'un mari violent.

« Je tiens à m’excuser pour la véritable indécence que constitue ma vie. Je ne tirerai cependant pas de conclusion, ni sur le plaisir que certaines femmes tireraient de mes dérapages, ni sur l’éminente utilité de la violence… Je me souviens parfaitement du premier jour où j’ai giflé une fille ». Aymeric Patricot aborde un sujet difficile et répulsif, la violence faite aux femmes. Si les témoignages des victimes sont favorisés par les romanciers, lui a choisi d’entrer dans la tête d’un homme violent. Dès l’adolescence, il ne peut réprimer le désir obsessionnel de frapper les femmes. Il raconte son parcours au rythme des coups qu’il assène à des proies chassées toute sa vie. Il bat sa femme et finit par tout perdre. Famille, travail, réputation jusqu’à la déchéance. Perversion, maladie psychiatrique, monstruosité ? Le roman ne donne pas de réponse, mais il ouvre un débat qui dérange." F.K.

samedi 26 janvier 2013

Premier éreintement

Première critique négative par le blogueur Noann :

"Avec ce court roman, l’auteur fait un pari risqué. Il mise tout dans la psyché d’un seul personnage, un pervers à qui le lecteur aura peine à trouver la moindre circonstance atténuante. L’auteur nous le livre sans fard, sans tenter d’atténuer sa responsabilité. L’homme dont il est question est détestable au plus haut point. On aura du mal à le comprendre, quand, dès les premières pages, il frappe tout à coup une femme qui l’aime. Alors que tout auteur normalement constitué tente d’émouvoir le lecteur, en lui présentant des personnages qui peuvent être mauvais mais s’amendent d’une façon ou l’autre, se remettent en question, ou sont rattrapés par la justice ou par les victimes, celui-ci poursuit ses violences purement gratuites tout au long d’une vie, sans quasiment être jamais inquiété.

La question : est-ce que ça le fait ? comme on dit. Je dois vous avouer que chez moi la méthode n’a pas vraiment marché, mais que le texte a suscité mon intérêt, mon effroi même… Et puis, en annexe, l’auteur nous livre quelques pages d’un « essai », où il nous dévoile sa motivation et ses craintes à la publication de son ouvrage. Et finalement, ces quelques pages absolvent un peu cette histoire accablante… Dans le fond, son personnage serait un phantasme, une projection des idées lugubres de l’auteur, de son trop plein d’adrénaline, qu’il ne parvient pas à canaliser. Alors je me suis quelque peu retrouvé, j’ai pensé qu’on avait tous un surplus de hargne qui errait en nous et qu’il suffisait d’un accroc pour que le contenu se déverse. Il reste que le personnage de « l’homme qui frappait les femmes » est déroutant, voire décevant, parce qu’il frappe trop, trop vite, trop souvent, sans véritable raison, trop jeune, avant même que la vie, la boisson ou la drogue ait pu l’affecter. Toutefois le sujet est consensuel, et j’aimerais un peu plus de bouquins sur la violence de la femme, et un peu moins sur le leitmotiv rabâché et très à la mode de l’homme violent. Je ne me suis pas reconnu dans le personnage de l’auteur, et je n’ai reconnu aucun homme, peut-être par un a priori. Il me semblait que la violence, si elle est innée, ne peut s’épancher que dans certaines circonstances
."

dimanche 20 janvier 2013

"L'homme qui frappait..." sur Radio Nova

Très belle lecture de Richard Gaitet, mardi 15 janvier dernier, dans son émission Nova Book Box, d'extraits de "L'homme qui frappait les femmes" : il est allé directement à la page la plus dérangeante avant de passer à deux passages beaucoup plus littéraires, plus théoriques, tirés de l'essai "L'Insoutenable" - avec, en fond musical d'ambiance, une alliance très réussie d'atmosphère angoissante et de notes gillerettes...


"L'homme qui frappait les femmes" (A... par monsieurping2

jeudi 17 janvier 2013

Les libraires de La Procure en état de choc !



Un ami - ancien collègue d'HEC - m'envoie un mail pour me raconter une scène drôlatique à propos de mes livres à la librairie La Procure :

"La scène se déroule quelques jours avant Noel, à La Procure, place Saint Sulpice, librairie religieuse notoirement connue pour sa clientèle de grenouilles de bénitier en loden et ses vieilles rombières momifiées. On y trouve une ambiance paisible propice à feuilleter ses achats avant de passer en caisse.

Rarement de passage en France où je ne vis plus depuis un moment, et bien décidé à reconstituer mon stock de livres français, je m’approche d’une vendeuse pour demander de l’aide :
- « Bonjour Madame »
- « Bonjour Monsieur », me répond fort urbainement la responsable du rayon Romans Français, réconfortée par la veste Barbour des plus versaillaises que j’arbore avec une bourgeoise courtoisie
- « Je cherche le roman d’un ami, « Amour chien », que je ne trouve pas dans vos rayons »
Petit temps de surprise de mon interlocutrice, femme que je qualifierai d’entre deux âges pour être poli, toute de grise vêtue, de l’anthracite charbonneux au souris léger.
- « Quel titre ? »?
- « Amour chien » !
- « Amours chiens » ? me répète-t-elle avec le nez un peu pincé par la surprise du titre.
- « Oui, c’est un court roman d’Aymeric Patricot. P…A…T….R… »
- « C’est cela, oui, c’est cela. Laissez-moi regarder dans ma base de publications »
- « C’est le romancier de « Suicide Girls », lui précise-je

Le sourire de façade s’effondre : la vendeuse se demande quel monstre se cache vraiment sous l’apparence du gendre idéal bon tient dont j’avais pourtant tous les attributs extérieurs. Je commence a saisir le décalage de la situation.

- « Amour chien » répète-t-elle en parcourant son écran. « Nous n’avons pas en stock mais…» la voix se fige et elle se tourne vers moi mortifiée « Nous aurons bientôt « l’homme qui battait les femmes » du même auteur »
- « Merci beaucoup » dis-je dans un susurrement a mi-chemin entre l’excuse de collégien pris en faute et le fou rire étouffé.

Avec l’envie de filer au plus vite, alors qu’elle ne quitte pas des yeux, je m’éloigne bredouille de mes envies d’achats mais riche d’une anecdote amusante a te raconter."

mercredi 16 janvier 2013

Quelques réponses à "20 Minutes"

Sur le site de 20 Minutes, quelques questions à propos de "L'Homme qui frappait les femmes":

1) Qui êtes-vous ?

Je suis professeur de français en lycée, en BTS et à Sciences-Po et je publie des romans et des essais depuis 2006.

2) Quel est le thème central de ce livre ?

Le thème central pourrait être celui des violences conjugales, mais il est plus précisément celui de la pulsion : le narrateur est un homme possédé par ses pulsions de violence envers les femmes. Il est écrit dans une veine réaliste, celle de Simenon par exemple, et il est suivi par un essai qui évoque la question du traumatisme en littérature et définit ce que pourrait être un roman punk.

3) Si vous deviez mettre en avant une phrase de ce livre, laquelle choisiriez-vous ?

La toute première : «Je ne chercherai pas dans ce livre à me justifier, ni même à présenter les choses sous un jour avantageux pour moi.»

4) Si ce livre était une musique, quelle serait-elle ?

Une chanson punk, comme «I wanna sniff some glue» des Ramones, ou bien une chanson de rock sombre et mélodieuse comme «Sympathy for the devil.»

5) Qu'aimeriez-vous partager avec vos lecteurs en priorité ?

Le sentiment d'une certaine énergie, d'une certaine beauté du désespoir radical.

6) Avez-vous des rituels d'écrivain ? (Choix du lieu, de l'horaire, d'une musique de fond) ?

J'écris beaucoup dans les cafés - je prends en moyenne trois ou quatre cafés par jour dans les bistrots parisiens.

7) Comment vous vient l'inspiration ?

Je puise dans ce que je ressens, et je travaille beaucoup pour l'organiser dans une matière romanesque.

8) Comment l'écriture est-elle entrée dans votre vie ? Vous êtes-vous dit enfant ou adolescent «un jour j'écrirai des livres» ?

J'écris depuis le plus tendre âge - huit ou neuf ans. C'est quelque chose que j'ai fait spontanément. J'ai aussi essayé la musique et le dessin, mais je ne suis pas doué pour ces choses-là...

9) Vous souvenez-vous de vos premiers chocs littéraires (en tant que lecteur) ?

Mon premier choc littéraire a été celui des nouvelles et romans de Sartre, à propos desquels je faisais des exposés en classe de cinquième. Mes premiers vrais plaisirs, au même âge, étaient cependant tournés vers l'aventure et la science-fiction...

10) Savez-vous à quoi servent les écrivains ?

A transmettre des émotions, à aider à mieux comprendre le monde, à créer de la beauté et à garder trace de ce qu'il est advenu dans l'histoire humaine.

11) Quelle place tiennent les librairies dans votre vie ?

Une grande place, puisque j'y passe presque tous les jours. Cependant elles me plaisent et m'angoissent à la fois parce qu'elles me rappellent que je ne pourrai jamais lire tout ce qui existe - encore moins m'en souvenir...

mardi 15 janvier 2013

Blog d'Omri Ezrati

Une critique sur le blog de Omri Ezrati:

"Aymeric Patricot revient chez Léo Scheer avec "L'homme qui frappait les femmes", un superbe roman qui raconte la vie d'un homme 'bien sous tout rapport" qui ne peut résister à ses violentes pulsions. Un roman, à l'écriture très directe, qui peut choquer, avec des cènes de violences inouïes décrites sans détours par Patricot. Son premier roman "Suicide girls", déjà, nous transportait dans un univers glauque, celui d'une prof, obsédée par le suicide. L'homme qui frappait les femmes ou comment un homme peut mener une vie bien rangée, travailler au contact quotidien des députés, fonder une famille, avoir des enfants, présider une association féministe, et le soir venu devenir un psychopathe sans scrupules qui rôde dans Paris à la recherche de femmes à frapper, parfois jusqu'à la mort. Patricot nous décrit avec justesse cet homme, depuis son adolescence en Normandie jusqu'à l'aine de sa vie sur la même plage normande qu'il fréquentait gamin.

Contrairement à ce qu'on pourra facilement croire, cet homme aux pulsions violentes à l'égard des femmes n'aura pas vécu une enfance de maltraitance, bien au contraire. Il fera des études, fera de la politique, deviendra un militant socialiste apprécié... Comme nous tous, il aura aussi des amis, même si l'un d'entre eux finira par s'en éloigné, choqué par son obsession ou un autre qui se taira. Le roman de Patricot est peut être l'une des plus belles découvertes de ce début d'année. On ne ressort pas indemne de cette lecture. A lire absolument
."

samedi 12 janvier 2013

Publication le 6 février du roman "L'homme qui frappait les femmes", suivi de "L'Insoutenable" (Léo Scheer)



Il y a presque deux ans, j'évoquais déjà la publication de ce roman : j'avais eu l'honneur d'être l'un des favoris du Prix Virilo - la seule parution du titre sur internet avait suffi à l'inscrire sur les listes.

Cette fois-ci, il sort pour de bon, agrémenté d'un petit essai, L'Insoutenable, qui donne un sens à sa violence et définit ce que pourrait être une "littérature punk" - j'ai vraiment ressenti le besoin de prendre tout ce temps pour mûrir ce petit texte.

La quatrième de couverture:

Je ne chercherai pas dans ce livre à me justifier ni même à présenter les choses sous un jour avantageux pour moi. Je ne ferai pas non plus l’apologie de ce que j’ai commis. Je comprends qu’on m’en veuille et, dans une certaine mesure, je comprends qu’on fantasme ma mort. (…) Je tiens d’ailleurs à m’excuser pour la véritable indécence que constitue ma vie. Je suis bien obligé de constater que ce défaut dans mon caractère m’a valu des succès…»

Le narrateur est un homme dominé par ses pulsions. Des plages normandes aux boulevards parisiens, du collège à l’Assemblée Nationale, il poursuit les femmes de sa passion destructrice. Ironie du sort, il deviendra pourtant responsable d’une association féministe. Mais pourra-t-il cacher indéfiniment ses penchants ?

Comment mener sa vie, comment fonder une famille lorsque des actes inavouables rythment et défigurent votre quotidien ?"