Je m’étais dit qu’il pouvait être intéressant de faire lire à mes étudiants quelques pages du roman de Nicolas Mathieu, « Connemara ». Comment réagiraient-ils à cette satire de l’audit ? Ils se préparent à entrer en entreprise mais n’en connaissent rien. Je les avais mis en garde : le chapitre leur donnerait une vision concrète mais pourrait les accabler.

Leurs réactions n’ont pas été probantes. Ils ont trouvé la peinture un peu triste, et n’ont pas pris la peine de lire ce que nous n’avions pas eu le temps de découvrir en classe. L’ironie, c’est qu’ils se sont ainsi comportés comme le romancier le reproche aux cadres sup, c’est-à-dire en se faisant une religion de l’efficacité. A quelques mois des concours, pourquoi perdre son temps à lire un roman ? Il y aurait cependant mauvaise grâce à le leur reprocher… Après tout, le professeur de prépa les initie par avance à la mécanique de l’utilitarisme. Est-il vraiment de son devoir de leur proposer des exercices d’ironie ?