J'ai déjà parlé ICI, à propos de l'affaire DSK, du problème de déni que suscitaient si souvent les agressions sexuelles.

Ces jours-ci, la terrifiante affaire Nina révélée la presse me semble de même assez symptomatique. Lorsque j’ai publié Azima, je me souviens des réactions de lecteurs qui disaient : « C’est horrible, ce que tu décris. Un peu exagéré, quand même… Et puis, dans un collège. On n’y croit pas ! Ça ne peut pas exister, ce genre de chose. D’ailleurs, ça n’existe pas ! »

Ça existe tellement peu que les journalistes décrivent ici des queues de garçons devant les toilettes de filles d’une école… primaire.

Réactions du même ordre à la sortie de Suicide Girls. « Qu’est-ce que c’est glauque ! Et puis cette fille qui subit tant d’agressions… C’est trop ! »

Trop pour la victime, oui, sans doute…

« Ecris sur autre chose, on n’a pas envie de lire ce genre de truc.
– Vous ne voulez pas lire « ce genre de truc », de même que vous détournez la tête quand vous en entendez parler, ou pire, quand vous le voyez. »
L’article de Libération précise que la mère de Ninon (je ne veux pas l’accabler ici) voyait sa fille prendre dix douches par jour sans comprendre ce qui se passait. Les viols se sont prolongés pendant des mois... Que penser au juste d’un tel aveuglement ?