La littérature sous caféine


lundi 25 juin 2018

Brigitte Bardot périmée ?

Au ciné-club, les étudiants n’ont semble-t-il pas été convaincus par deux films symptomatiques de la libération des mœurs dans les années 60 et 70. Les poses lascives de Bardot dans « Et Dieu créa la femme » les a plutôt laissés indifférents tandis que les virées picaresques de Dewaere et Depardieu dans « Les valseuses » ne les ont pas tant fait rire que ça. Surtout, ils ont été dérangés par la gifle que reçoit Bardot de la part de Trintignant à la fin du premier film, tout comme les scènes de harcèlement au cours du second. Finalement, la libération sexuelle a quelque chose d’archaïque à leurs yeux : ils pensaient découvrir des rapports outrageusement sexués, ils n’ont vu que des rapports sexistes. Femmes surjouant la femme, hommes surjouant l’homme… Au lieu de personnages révolutionnaires, des beaufs.

mardi 19 juin 2018

L'écoute négative

Maintenant que j’ai lu le terrible pamphlet de Nietzsche contre Wagner (Quel assassinat ! « Si un tel goût devenait dominant [celui de la mélodie continue], il en résulterait pour la musique (…) la totale dégénérescence du sens du rythme, le chaos à la place du rythme » (Le Cas Wagner)), je vais écouter Wagner en guettant ses défauts. Adolescent j’avais l’impression d’une masse musicale obscure d’où sortaient de brillantes fulgurances. Aujourd’hui je vais plutôt tendre l’oreille vers ces sortes d’ombres – qui sait, c’est quand on s’attend à être déçu qu’on vit les plus belles surprises.

mercredi 6 juin 2018

Coppola meilleur que Conrad

Revu récemment « Apocalypse Now » (Coppola, 1979), l’un des rares exemples de film plus réussi que le livre dont il est adapté – en l’occurrence, « Au cœur des ténèbres » (Conrad, 1899). Il aborde des thèmes plus variés et surtout il comble ce qui manquait au livre. Par exemple, ce personnage de Kurtz dont le narrateur n’arrêtait pas de vanter la parole et qu’on n’entendait finalement jamais : Coppola lui offre un monologue en bonne et due forme. Quant à la chute, incertaine et presque ennuyeuse chez Conrad, elle devient précise et spectaculaire chez Coppola – un meurtre à la machette au lieu d’une agonie dans un bateau. Hollywood sait faire du bon travail !