La littérature sous caféine


lundi 15 novembre 2010

Retour sur une couverture

Lorsque nous avons choisi cette photo d’Irina Ionesco pour la couverture de Suicide Girls, mes éditeurs et moi, j’étais convaincu de sa beauté, mais aussi de sa parfaite correspondance avec la teneur du texte. Relations sulfureuses, obsessions noires, romantisme érotique… Tout y était, et j’interprétais la beauté plastique de la photo comme une transcription graphique de la teneur toute classique du roman.

Je me doutais que l’effet sur le lecteur puisse être saisissant. Mais cela ne pouvait occulter, à mes yeux, la classe et le mystère de l’image. Je crois bien m’être trompé. Maintenant que le succès, disons, mitigé, du roman semble confirmé, je me rends compte qu’il y a de grandes chances que la couverture ait joué contre lui.

Qu’on en juge par deux anecdotes : tout d’abord, des amis de province m’ont confirmé le fait que certains libraires avaient rangé le livre au rayon « érotisme », loin des tables de nouveautés… Ensuite, quelle n’a pas été ma surprise de constater que Dailymotion avait classé « Contenu explicite » une vidéo contenant un entretien audio, tout ce qu’il y a de sérieux, sur laquelle j’avais affiché la fameuse couverture. Ce classement supposait que les mineurs ne pouvaient plus avoir accès à la vidéo, et qu’elle n’était plus référencée sur le site. Rien de bien grave, au demeurant, si ce n’est que l’incident révélait les crispations que l’image provoquait. On lui reprochait moins, me semble-t-il, son atmosphère sombre que la sexualité trouble qu’elle mettait en scène. L’accusait-on, même, de lorgner vers la pédophilie ?

Je me souviens maintenant de la couverture d’un livre célèbre d’Anaïs Nin, Venus Erotica, dont la version poche exhibe le même genre de photo, pour le coup ouvertement érotique – une très jeune femme à la poitrine dénudée, dans une atmosphère embrumée. Je pensais que ce genre de couverture pouvait susciter l’intérêt. J’ai sans doute très nettement sous-évalué la méfiance, voire la répugnance que cela pouvait inspirer. Les libraires chercheraient-ils à promouvoir essentiellement des livres optimistes, des livres joyeux ? Le parfum de scandale n’est-il supportable qu’avec des auteurs dont le succès est déjà confirmé ?

Je discute avec des gens qui ont lu Suicide Girls, et certains me confirment qu’ils ont été heurtés par la couverture, qu’ils trouvaient violente. « Le titre est brutal, déjà… Cela fait surenchère. Et puis le contenu n’est pas aussi trash. Le thème est dur, mais l’écriture plutôt douce et pudique. La couverture rebute, finalement, alors que le texte a de quoi séduire. »

Bien sûr, je ne suis pas dupe de ces interprétations après coup. Le livre aurait davantage rencontré de succès, on aurait loué sa couverture. Et je ne regrette pas un choix que j’estime toujours être le bon. Je me rends simplement compte, de manière un peu plus aigüe qu’auparavant, que le souffre n’a pas très bonne presse – ou que son public reste, dans la plupart des cas, confidentiel.

jeudi 4 novembre 2010

Lecture d'extraits avec "L'échappée Belle"

Sympathique moment passé avec deux étudiants de Radio Sciences-Po (RSP pour les intimes), au cours de la toute première émission littéraire "L'échappée belle". Nous y avons notamment lu de larges extraits de "Suicide Girls"...

Lien ICI.

jeudi 28 octobre 2010

Entretien avec Bénédicte Heim


Entretien avec Aymeric Patricot, "Suicide Girls" (1/4)
envoyé par monsieurping2. - Films courts et animations.


Entretien avec Aymeric Patricot, "Suicide Girls" (2/4)
envoyé par monsieurping2. - Découvrez plus de vidéos créatives.


Entretien avec Aymeric Patricot, "Suicide Girls" (3/4)
envoyé par monsieurping2. - Découvrez plus de vidéos créatives.


Entretien avec Aymeric Patricot, "Suicide Girls" (4/4)
envoyé par monsieurping2. - Futurs lauréats du Sundance.

jeudi 21 octobre 2010

Interview par Pierre-Louis Basse sur Europe 1 (4/10/2010)


Aymeric Patricot sur Europe 1, "Suicide Girls" (4/10/2010)
envoyé par monsieurping2. - Futurs lauréats du Sundance.

dimanche 26 septembre 2010

"La phrase est sobre, limpide..." (Bénédicte Heim et les Suicide Girls)

Critique de "Suicide Girls" sur le site Livres-addict, écrit par Bénédicte Heim, à lire ICI, suivi d'un lien vers une heure d'entretien radiophonique, à propos du même roman, dans les locaux des éditions Les Contrebandiers (lien à la fin de l'article).

vendredi 17 septembre 2010

La grande pureté des âmes

Lecture sensible de Suicide Girls par Savina de Jamblinne.

"Un roman. Deux voix. Le narrateur et Manon. L’un est professeur, trentenaire, suspectant son père de s’être suicidé, l’autre, une jeune femme violée, traumatisée par la vie.

Tout les oppose aussi : il est issu d’une famille intellectuelle et bourgeoise, elle provient des bas-fonds, racle le sol de café en café. Pourtant, au travers de ces dialogues parallèles, le lecteur percevra rapidement qu’une chose les réunit. Ce qui a de plus élémentaire, d’essentiel, de fondamental dans la vie : l’authenticité.

Dans le récit, la mort rôde autour du narrateur, caresse sa peau en entourant ses chevilles, remonte le long de ses cuisses par touches successives, presse son sexe, le contourne ensuite, pour continuer son avancée, plus haut, plus loin encore, là où elle peut s’affaler sur son buste, plonger dans son cou, avant de percer son cœur et pénétrer ses lèvres entrouvertes pour dévorer son âme.

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dimanche 12 septembre 2010

Wrath attaque !

La célèbre blogueuse Wrath, connue pour son démontage en règle du copinage germanopratin dans le monde de l'édition, ouvre le bal des critiques négatives de Suicide Girls, dans son billet à lire ICI.

Ne pas manquer les commentaires, au moins aussi savoureux que l'article.

mardi 7 septembre 2010

"Une écriture au classicisme vénéneux..."

Un article de Marc Séfaris, sur le site Chroniques de la rentrée littéraire, à propos de Suicide Girls :

"Autant le dire tout de suite, Suicide Girls est un livre malsain.
Il est question de fascinations macabres, d’amours délicieuses parce que sans issue, de roman familial foireux, de beautés glauques à souhait. En soi, rien de dramatique sans doute, un zeste de moralisme compassionnel ou une louche de complaisance permettrait de rassurer le lecteur : ah un roman pédagogique / ah du voyeurisme cynique, tout va bien, j’ai bien affaire à de la littérature contemporaine.

Seulement voilà, Aymeric Patricot en a décidé autrement. Ni rentre-dedans obscène avec mini-succès de mini-scandale à la clé ni voix doucereuse pour arrondir les angles, mais une écriture au classicisme vénéneux, nette et cruellement sensible. L’entreprise est ambitieuse et sans pitié : descendre dans les bas-fonds de la conscience, scruter les entrailles des êtres les plus tangents, avec un souci d’exactitude peu commun, et, poussée jusqu’à un certain point – un point sans cesse reculé – l’envie de comprendre, voire de célébrer ce que tout individu dit équilibré fuit spontanément.

Au début on ne se méfie pas, on commence avec une voix familière, un trentenaire qui fait part d’un malaise raisonnable. Il ressasse la disparition suspecte d’un père rongé par ses contradictions, se dit parfois assailli par des images suicidaires, déplore sa relation compliquée avec la trop saine (?) Laurence, conscient de leur « parfaite inadéquation » – relation tortueuse évoquée non sans subtilité et mélancolie sobre, à la manière d’un Benjamin Constant dans Adolphe. La structure du roman, fondée sur le principe de la double voix narrative, est toute aussi rassurante : une jeune femme, Manon, s’exprime parallèlement, évoquant sa sinistre trajectoire de fille trop désirée, meurtrie, violée, en guerre et en fuite. Cette seconde voix, plus juvénile, plus crue et moins réfléchie, complète parfaitement la première. On sait bien que ces deux solitaires sont appelés à se rencontrer un jour, pour le meilleur et pour le pire, l’angoissé et la cabossée, quelle belle idylle. D’ailleurs la 4° de couverture se fait fort de l’expliciter au cas où on serait étourdi, et de fait à la mi-roman, paf la rencontre. Bref, nous voilà en route pour du romantisme ténébreux, à coup sûr Eros va encore se ruer sur Thanatos, et réciproquement.

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