mardi 9 septembre 2025
Pastis cul sec
Par admin, mardi 9 septembre 2025 à 14:57 :: Littérature française
Une punchline par phrase, ça fait beaucoup. Le livre en deviendrait presque illisible. Mais en fait « Carnes » (Pauvert, 2025) est aussi excessif que les réalités qu’il décrit : Marseille, les cagoles, les trans, les nudes, les dates, les marcheuses de Belleville, la jeunesse déglinguée des écoles d’art… Les premières pages, on est assommé. On renâcle, on s’agace. Et puis on se fait au rythme comme en état d’ébriété. Chaque page est un verre de pastis cul sec et sans eau – elle se déguste seule, sans prêter attention à l’intrigue. On dirait un best-of culotté de l’autrice, qui n’en est pourtant qu’à son premier roman. Quand on lira un jour ses « morceaux choisis », attention aux coups de traître du dernier shot.
« Aux Beaux-arts, la peur essaime comme un ciel d’automne vomissant ses colchiques, peur de soi en premier, peur des autres après, les autres arrivent toujours après. Les étudiants aiment le sexe mais étouffent ce qu’ils ont entre les jambes. (…) C’est cette femme seule en terrasse qui fouille dans les yeux de l’homme installé à sa droite pour voir s’il la mate, déçue, profondément triste, il ne la regarde pas, qui sait que si ça avait été le cas elle l’aurait traité de gros porc, qui veut tout, ne sait plus rien » (page 180).
« Aux Beaux-arts, la peur essaime comme un ciel d’automne vomissant ses colchiques, peur de soi en premier, peur des autres après, les autres arrivent toujours après. Les étudiants aiment le sexe mais étouffent ce qu’ils ont entre les jambes. (…) C’est cette femme seule en terrasse qui fouille dans les yeux de l’homme installé à sa droite pour voir s’il la mate, déçue, profondément triste, il ne la regarde pas, qui sait que si ça avait été le cas elle l’aurait traité de gros porc, qui veut tout, ne sait plus rien » (page 180).









