Petite fantaisie rappelant Jeunet et Carot. Dans un univers sordide fait de décharges et de lignes à haute tension, le narrateur tente de trouver des raisons de vivre. Il travaille à l’abattoir et dresse quelques scènes de burlesque sanguinolent. Prose discrète et fine, quand elle aurait pu se faire lourdingue. La fable fonctionne – on attend que cette plume acérée fasse très bientôt le portrait de quelque monde moins fantasmatique.

Extrait : « On n’est pas tous malheureux non plus, ici, faut bien dire ce qui est. On n’a pas tous échoué là par hasard. J’ai des collègues qui ont toujours rêvé de travailler avec des animaux, qui ont ça dans le sang, c’est une vocation. Des gars qui arrachaient les pattes aux sauterelles avant même de savoir marcher et qui, hauts comme trois pommes, flinguaient déjà les moineaux sans sommation. Leur passion à eux, adolescents, c’était pas la branlette, ils préféraient de loin égorger les chats. Aujourd’hui, ils sont pleinement épanouis et, pour tout l’or du monde, ils changeraient pas de métier. » (p18)