La littérature sous caféine


lundi 9 décembre 2013

Un petit rouge pour les "Petits Blancs"

Signature du livre "Les Petits Blancs" au café-librairie LA BELLE HORTENSE (31 Vieille du Temple, Paris 4) le mercredi 11 décembre à partir de 20h.

jeudi 5 décembre 2013

"Petits Blancs et bonnes consciences" (Eric Zemmour, Le Figaro)

Article d'Eric Zemmour dans le Figaro du 5/12/2013, à propos des "Petits Blancs" et "De quelle couleur sont les Blancs ?" (La Découverte, novembre 2013) :

"Un voyage dans la France d'en bas des petits Blancs et un voyage dans la France d'en haut des consciences antiracistes. Entre souffrance et arrogance.

Traduire, c'est trahir. Et se trahir. Là où les Américains parlent de White trash, les Français traduisent « petit Blanc ». Là où les Américains assument deux fois, et la race et la déchéance, les Français adoucissent, euphémisent, aseptisent. Là où les Américains décrivent un des effets majeurs de la modernité multi-culturelle, les Français se croient obligés de passer par un terme désuet de la période coloniale. Tout au long de son « voyage dans la France d'en bas », écrit dans un style soigné d'agrégé de lettres et une prudence politiquement correcte de prof, Aymeric Patricot décrit avec empathie mais sans fard la condition désespérée de ces chômeurs, précaires, femmes élevant seules leurs enfants, vivant d'aide sociale et d'ex-pédients, tout cet univers que les œillè-res idéologiques et la légèreté médiatique ont exclusivement accolé aux populations issues de l'immigration arabo-africaine.

Misère financière, misère sociale, misère psychique, misère familiale, misère sanitaire même, Patricot laisse parler ses interlocuteurs qui lui confient leurs malheurs, leur sentiment de déchéance, leur haine des autres et de soi ; jusqu'à la misère sexuelle des jeunes prolétaires blancs qui, éduqués dans l'univers du féminisme occiden-tal, ne peuvent rivaliser avec la virilité ostentatoire de leurs concurrents noirs ou arabes, qui séduisent nombre de jeunes femmes blanches, blondes de préférence, comme le prouve le succès du site blanchablacks.com, que Patricot interprète comme la revanche symbolique de la colonisation, sans voir qu'il exprime aussi l'antique attrait des femmes pour le mâle dominant, le vainqueur, à l'instar de ces Françaises qui couchèrent pendant la Seconde Guerre mondiale avec des soldats allemands puis américains.

Quand on quitte Les Petits Blancs et qu'on ouvre De quelle couleur sont les Blancs ?, on change d'univers. On passe des dominés aux dominants, des ignorants aux sachants ; le ton humble devient arrogant ; certains se vantent de leur statut de « traître » à la France, traître aux « Blancs » ; d'autres veulent poursuivre le combat de la décolonisa-tion cinquante ans après les Indépen-dances. Brusquement, on vire de la réalité à l'idéologie, du témoin au militant.

Qu'ils soient historiens, sociologues, journalistes, tous les intervenants nous expliquent que le blanc n'est pas une couleur, que les races n'existent pas, mais que les racistes sont haïssables, qu'un Blanc, même petit, peut être un opprimé, mais est condamné pour l'éternité à être un dominant, alors qu'il est la grande victime de l'époque, que c'est sur son dos que s'est faite la mondialisation, ses emplois ayant été délocalisés en Inde ou en Chine, qu'il doit supporter la promiscuité de familles d'immigrés vivant comme « là-bas », pour lequelles il n'est plus un modèle à suivre, et qui lui imposent l'incroyable condition d'être minori-taire dans son propre pays ; et qu'il subit de surcroît les leçons de morale des bourgeois antiracistes qui ont seu-lement les moyens de se protéger, eux et leurs enfants, des ravages du multi-culturalisme. La triple peine.

Mais aux yeux de nos brillants esprits, tout cela n'existe pas ; ou plutôt, tout cela existe au niveau individuel (on peut se faire traiter de sale Français et de sale Blanc) mais pas au niveau idéologique et politique, car le Blanc est à tout jamais le colon raciste qui fait suer le burnous à l'Arabe et met des fers à l'es-clave noir. On sim-plifie ? Non, on synthétise. Chacun son style, chacun son discours. Mais ces pseudo-savants s'obstinent à voir dans la colonisation un universalisme blanc, alors que c'était un universalis-me français ; une domination qui préfi-gure la hiérarchie raciale des nazis, alors que c'était un Empire romain, où tous avaient vocation - un jour mais pas à n'importe quel prix - à endosser la toge. Même Charles Maurras a toujours rejeté avec dédain les délires racistes des nazis. Trop catholique, trop romain, trop politique.

Mais ils sont tellement enivrés d'idéologie qu'ils croient tout le monde à leur image ; ils ont tellement l'habitude de « déconstruire » pour nier la réalité, qu'ils prêtent aux autres leurs propres turpitudes. Les lire l'un après l'autre, c'est plonger dans notre malheur. D'aujourd'hui et de demain.

L'obsession de la colonisation - encore un passé qui ne passe pas - a entraîné le refus véhément de l'assimilation, vue comme un insupportable héritage de cette période, et une preuve indélébile du racisme des « Blancs » à l'égard des « basanés », alors qu'elle fut - il faut relire Braudel - le moyen le plus efficace pour favoriser « l'intégration sans douleur » de générations de Belges, Italiens, Espagnols, Polonais, et même de Kabyles ou de Sénégalais. Le rejet de l'assimilation entraîna l'échec de l'intégration - et non l'inverse -, puis la multiplication des discours victimaires et l'émergence des politiques de discrimination positive, c'est-à-dire une préférence accordée uni-quement en raison de ses origines : le retour du principe aristocratique dans la République.

Enfin, le refus de l'assimilation, joint à l'effet de masse de la démographie, provoquait dans de nombreux quartiers l'instauration d'un mode de vie étranger sur le territoire français, forçant les petits Blancs à se soumettre (jusqu'à la conversion à l'islam) ou à se démettre (c'est-à-dire fuir dans le fameux pé-riurbain). En clair, la référence obsessionnelle à la colonisation - de ses injustices, de ses souffrances, et de ses humiliations - a conduit à une contre-colonisation sur le territoire français menée au nom d'un projet « décolonisateur ». Des militants arabes d'extrê-me gauche ont même eu le culot de se qualifier d'« indigènes de la Républi-que », comme si les descendants des colonies nord-africaines de la France étaient à jamais des « indigènes » -c'est-à-dire des victimes - confinant les Français, même sur leur propre sol, celui de leurs ancêtres, dans le rôle éternel de colons - c'est-à-dire des exploiteurs racistes. Rien n'aura été épargné aux petits Blancs
."

mardi 3 décembre 2013

La France est-elle raciste ? Débat au Soir 3

Mon tout premier débat télévisé, au Soir 3, le 28/11/2013, sur le thème "La France est-elle raciste ?" Autres intervenants: Rokhaya Diallo et Toumi Djaïdja.


La France est-elle raciste ? (Patricot, Diallo... par monsieurping2

samedi 30 novembre 2013

SIGNATURE

Présence au Salon de Boulogne-Billancourt samedi 7 décembre après-midi.

"Le malaise de la France des "petits Blancs"" (Interview sur le Figaro.fr)

Interview sur le site du Figaro.fr :

LE FIGARO. - Que vous inspire le succès en librairie des livres sur la question de l'identité et sur l'histoire de France?

Aymeric PATRICOT. - Ils me paraissent traduire une certaine inquiétude. Certes, l'«identité de la France» n'est pas chose figée. Mais on la présente aujourd'hui comme un simple réceptacle à d'autres cultures, d'autres populations. Sans doute faudrait-il trouver un juste milieu entre sa dimension universelle, ouverte, et le fait qu'elle présente une épaisseur, celle de l'histoire, celle des régions, celle des «territoires». Il est dommage qu'en France les deux extrêmes se regardent en chien de faïence sans parvenir à dialoguer.

Dans votre livre, vous montrez que l'appartenance à une communauté a progressivement remplacé l'appartenance à une classe sociale...

Pas exactement. J'explique, et en cela je m'inspire de travaux de nombreux sociologues, que depuis le milieu des années 2000 une «question raciale» s'est ajoutée à la «question sociale». En d'autres termes, on ne peut plus se contenter d'analyser les rapports dans ce pays en termes de richesses relatives, de pouvoirs d'achat, de relégation sociale… Les émeutes, la question de la discrimination positive, les tensions autour de la question du voile, les luttes antiracistes, autant de symptômes d'un retour en force des questions ethniques. Non pas que les secondes se substituent aux premières, mais elles viennent s'y ajouter, compliquer le jeu. Certains voudraient qu'au nom de la «République universelle» on taise délibérément ces tensions. Je ne pense pas que ce soit une solution - en tout cas, plus maintenant. Une société multiraciale, pour être viable, doit se confronter à la question des regards croisés entre communautés. De toute façon, a-t-elle vraiment le choix?

Que signifie l'expression «White Trash» que vous utilisez à plusieurs reprises ?

«White Trash» est un terme américain désignant les Blancs si pauvres qu'ils se sentent à la fois méprisés par les minorités ethniques - en l'occurrence, les Noirs - et par l'establishment blanc. Il pourrait être traduit par «déchet blanc» ou «raclure blanche». C'est un terme extrêmement insultant, mais qui peut être revendiqué dans un deuxième temps par ceux qui le subissent - comme le fait Eminem dans nombre de ses chansons.

L'angoisse que ressent le White Trash, c'est celle d'être pris entre deux feux: les anciens esclaves se font un malin plaisir de lui cracher dessus parce qu'il représente, par sa couleur de peau, l'ancien maître ; et les bourgeois blancs le méprisent pour son comportement, sa saleté. D'une certaine manière, on considère qu'il a déchu de sa position de Blanc… La question, c'est de savoir s'il est possible ou non de parler de «White Trash» à la française.

Le racisme anti-Blanc existerait donc, selon vous ?

Ce n'est pas quelque chose dont je parle beaucoup dans mon livre. Cependant, pour répondre à votre question, les débats actuels sur la question pointent l'idée que le «racisme anti-Blanc» serait moins grave que d'autres parce qu'il répondrait à un premier racisme subi, et qu'il serait ainsi moins significatif. Je ne sais pas s'il faut vraiment raisonner de cette manière, en hiérarchisant les racismes par cette sorte de prééminence historique. En tout cas, je mets en relief une autre forme de mépris: pas celui qui s'exerce dans la rue, mais celui qui s'exerce dans les élites. Car la fracture qui existe désormais entre la bourgeoisie blanche et les «petits Blancs» est désormais si profonde qu'elle relève, à bien des égards, d'une différence raciale: certains membres autoproclamés de l'élite n'hésitent pas à voir dans les plus pauvres des gens dégénérés, pour lesquels on ne pourrait plus rien. C'est ce racisme-là dont je parle surtout.

Les associations antiracistes entretiennent-elles un conflit entre les Français?

Le raisonnement des associations antiracistes est le même depuis trente ans: les discriminations sont le fait des Blancs. Le prétendu «racisme anti-Blanc» serait une notion forgée par le Front national, qui plus est très peu significative sur le terrain. Il est vrai que nous manquons de statistiques. Mais, au-delà de la question des chiffres, je pense que nous avons changé d'époque. Depuis le début des années 1980 et la création de SOS Racisme, les temps ont changé. Les minorités ne sont plus si minoritaires. Les violences, les discriminations ont évolué. Les «ratonnades» anti-maghrébines, par exemple, ont disparu, ce qui est très bien. Mais il faut précisément prendre acte de ces progrès et rester attentif aux nouvelles formes de tensions. La politique de ces associations, pour la plupart, était de sceller une alliance entre les différentes composantes minoritaires françaises contre une majorité perçue comme blanche et catholique. Je ne suis pas sûr que dresser cette barrière-là, de manière aussi tranchée, soit de nature à apaiser le débat aujourd'hui.

Vous dîtes que les «petits Blancs» seraient interdits (moralement) de s'interroger sur leur identité...

Dans le dernier chapitre du livre, j'essaye de réfléchir à ce que peut être la «situation du jeune homme blanc» dans la société française d'aujourd'hui. J'établis un parallèle, sans doute assez osé, entre celle-ci et la «situation du Juif» dans les années 1930 telle que l'analyse Sartre dans son fameux livre Réflexions sur la question juive. Elles me paraissent opposées sur un point notable: de même que, nous explique Sartre, le Juif souffrait du fait d'être mis à l'écart, même symboliquement, de la communauté nationale en dépit de tous ses efforts pour s'aligner sur une sorte de norme commune, de même le Blanc ressent une certaine angoisse, au contraire, à se voir interdire de nommer sa différence au nom du fait qu'il serait membre de la majorité. En tant que tel, il lui faudrait accueillir toute la diversité du monde sans prétendre lui-même avoir une quelconque épaisseur. Le Juif de Sartre était constamment renvoyé à ses particularismes ; l'Européen blanc d'aujourd'hui se voit constamment ramené dans le giron d'une majorité sans visage.

Les «petits Blancs» se sentent-ils abandonnés par l'État ?

Il serait sans doute possible de marquer quelques dates clés dans ce processus: le «tournant sociétal» du PS dans les années 1980, le portant à se désintéresser en partie des questions sociales pour privilégier la question des minorités ethniques et sexuelles - ce qui n'est pas un mal en soi, bien sûr, mais change l'ordre des priorités et suscite la frustration ; l'aveu d'impuissance face au chômage, proféré par Mitterrand ; l'exhortation par le think-tank Terra Nova, adressé au PS, à laisser de côté les ouvriers parce que moins significatifs, d'un point de vue démographique - et politique.

Autant d'éléments qui contribuent à forger la prise de conscience d'une classe pauvre et blanche, blanche parce que «n'appartenant pas aux publics qui intéressent la classe politique». De même que le Noir était auparavant le Non-Blanc, le Blanc est aujourd'hui le «non-minoritaire».

Craignez-vous à terme que certains, ne se sentant pas écoutés, basculent de plus en plus dans la violence ?

C'est ma crainte, effectivement. Je pense que nous observons déjà les symptômes d'une société dont la brutalité s'accroît. Les débats font rage autour des chiffres, et je ne m'avancerai pas sur ce sujet-là, mais il existe de nouvelles formes de misère, des rancœurs qui cristallisent. Tout dépendra, me semble-t-il, de l'évolution économique: mais si nous tombons à des niveaux de pauvreté que connaît la Grèce, je ne vois pas ce qui empêcherait le pays de renouer avec des violences d'un autre âge.

mercredi 27 novembre 2013

"Les petits Blancs" au 20 heures de France 2 (26/11/2013)


"Les petits Blancs" sur France 2 par monsieurping2

samedi 16 novembre 2013

"Le malaise des "petits Blancs"" (article de Thomas Mahler dans Le Point)

Dans Le Point du 14/11/2013:

"Ils sont des « visages pâles » en banlieue, des ex-ouvriers d’Hénin-Beaumont ou des paysans moqués par l’émission « Strip-Tease ». Aux Etats-Unis, on les désignait par le terme white trash. En France, dans une République qui aime se fantasmer comme indivisible, le sujet demeure tabou. Dans sa passionnante enquête « Les petits Blancs », l’écrivain Aymeric Patricot ose esquisser le portrait d’une « communauté qu’on ne nomme jamais » : les Blancs pauvres prenant conscience de leur couleur dans un contexte de métissage. « On a des scrupules à dire qu’une personne est blanche, alors même qu’il est admis qu’il existe des minorités ethniques », s’étonne-t-il. Ce diplômé de l’EHESS est ainsi parti à la rencontre d’une France d’en bas estampillée « beauf » et « dégénérée ». Il y a trouvé un fort sentiment de déclassement et de paupérisation par rapport à l’élite. Mais il y aussi croisé rancoeurs, voire haines, vis-à-vis des populations immigrées que certains estiment mieux considérés qu’eux… Grand oublié de la France postcoloniale, le « petit Blanc » serait délaissé par les partis traditionnels depuis les années 80. « Le PS est passé des questions sociales aux questions sociétales. Il a abandonné symboliquement la classe ouvrière, estimant qu’elle diminuait en nombre. » Résultat : « Le FN prospère sur ce marché qu’on lui laisse, alors qu’aux Etats-Unis tous les partis se disputent cet électorat. » En mettant des mots sur les maux des « petits Blancs », l’écrivain fait le pari que dissiper les malaises autour des questions raciales est le meilleur remède au racisme. A l’image de Barak Obama qui, dans son célèbre discours « De la race en Amérique », expliqua comprendre la rancœur des classes moyennes et pauvres blanches."

jeudi 14 novembre 2013

"Une enquête passionnante" (Jérôme Dupuis, L'Express)

Dans L'Express du 13/11/2013, un article de Jérôme Dupuis sur le dernier essai en date d' Alain Finkielkraut. Le dernier paragraphe fait référence aux "Petits Blancs" :

"Ainsi donc, ce serait ça, le terrible brûlot qu'il conviendrait de ranger dans les bibliothèques quelque part entre Maurras et Hitler ? Un brûlot dont l'auteur, Alain Finkielkraut, ne serait, toujours à en croire la rumeur, qu'un sous-marin de Marine Le Pen ? Disons-le d'emblée au risque de décevoir les amateurs de sensations fortes, cette "Identité malheureuse", qui caracole en tête des ventes, s'apparenterait plutôt à l'un de ces essais didactiques à la Raymond Aron, où l'histoire des idées tente d'éclairer notre présent. (...)

Il est un autre auteur, plus discret, que cite également Finkielkraut : Aymeric Patricot. Hasard éditorial, ce jeune agrégé de lettes publie ces jours-ci une enquête passionnante sur les "petits Blancs", ces Français déclassés vivant dans les territoires perdus de la République, angle mort de notre sociologie politique. Sur un ton toujours très juste, Patricot dresse ce portrait d'une France frappée par le chômage, l'obésité et la rancœur. Un tableau qui fait étrangement écho à l'un des passages les plus controversés de l'ouvrage de Finkielkraut : "Les autochtones n'ont pas bougé, mais tout a bougé autour d'eux. Ont-ils peur de l'Etranger ? Se ferment-ils à l'Autre ? Non, ils se sentent devenir étrangers sur leur propre sol
.""

J'en profite pour faire une précision : la toute dernière phrase de l'article, présente dans le livre d'Alain Finkielkraut, certains des témoins de mon livre pourrait la faire leur. Mais elle n'est pas le sens ultime des "Petits Blancs"...

Au passage, j'apprends qu'Alain Finkielkraut cite mon précédent essai, "Autoportrait du professeur en territoire difficile" (Gallimard, 2011), dans son Identité malheureuse. Il le fait à la page 194 :

"Alors que le narrateur de L'Irrévolution se plaignait d'avoir des élèves "fort propres, fort polis et fort convenables" qui se levaient de leurs sièges quand il entrait dans la classe et qui l'appelaient "Monsieur", c'est la plainte ou, plus exactement, la stupeur inverse qui se fait entendre de toutes parts. Je citerai trois exemples. Aymeric Patricot, Autoportrait du professeur en territoire difficile : "Trente enfants qui ne craignent pas l'autorité parce qu'ils ne savent tout simplement pas ce que c'est. Trente enfants dont le plus grand plaisir est la provocation, l'agressivité, le chahut. (...) Comment voulez-vous les tenir lorsqu'ils bavardent en chœur et qu'ils refusent de répondre aux injonctions même discrètes autrement que par des formules aussi lapidaires que "Lâche-moi" pour les plus distinguées.""