La littérature sous caféine


mardi 10 novembre 2015

Les vrais écrivains passent à la télévision

"Monsieur, vous êtes passé à la télé... Mais alors, en fait, vous êtes un vrai écrivain?..."

(dit sur un ton mêlant stupeur et inquiétude)

mercredi 4 novembre 2015

Les petits Blancs chez Taddei

Bilan mitigé pour ma première intervention dans l'émission de Taddéi, "Ce soir ou jamais", sur le thème de la mixité : on m'a souvent coupé la parole et j'ai eu de la peine à la reprendre puis à me lancer dans un de ces couloirs rhétoriques qu'affectionnaient les autres, manifestement rompus à l'exercice. J'en avais, pourtant, des choses à répondre - notamment à Thomas Guénolé ! Je saurai sans doute mieux m'y prendre, si l'on m'en redonne l'occasion...



("Pour débattre de la mixité sociale, Frédéric Taddéï réunit l'économiste et sociologue Eric Maurin, l'essayiste Hacène Belmessous, la présidente du Conseil national de l'Evaluation du Système scolaire Nathalie Mons, le politologue Thomas Guénolé et l'écrivain Aymeric Patricot. Nicolas Godin, dont l'album «Contrepoint» sort le 18 novembre, se produit en live au cours de l'émission.")

dimanche 16 novembre 2014

Le Monde, Zemmour et les "petits Blancs"



En décembre 2013, Eric Zemmour publiait dans Le Figaro un compte-rendu de mon livre "Les petits Blancs" dans lequel il me reprochait notamment de rester "politiquement correct". Le paragraphe suivant allait causer quelques remous :

"Misère financière, misère sociale, misère psychique, misère familiale, misère sanitaire même, Patricot laisse parler ses interlocuteurs qui lui confient leurs malheurs, leur sentiment de déchéance, leur haine des autres et de soi ; jusqu'à la misère sexuelle des jeunes prolétaires blancs qui, éduqués dans l'univers du féminisme occidental, ne peuvent rivaliser avec la virilité ostentatoire de leurs concurrents noirs ou arabes, qui séduisent nombre de jeunes femmes blanches, blondes de préférence, comme le prouve le succès du site blanchablacks.com, que Patricot interprète comme la revanche symbolique de la colonisation, sans voir qu'il exprime aussi l'antique attrait des femmes pour le mâle dominant, le vainqueur, à l'instar de ces Françaises qui couchèrent pendant la Seconde Guerre mondiale avec des soldats allemands puis américains."

Philippe Corcuff, pour Rue 89, non sans tacler le livre, a très vite pointé le fait qu'Eric Zemmour me faisait endosser ses propres obsessions, caricaturant des propos qui se voulaient nuancés. Il s'est par ailleurs étonné que je ne condamne pas sur ce blog les amalgames de l'article en question.

Le Monde, en revanche, n'a pas jugé bon de pointer ce qui me différenciait d'Eric Zemmour. Dans l'édition du 9 novembre 2014, la journaliste Ariane Chemin a publié un long article à charge contre Eric Zemmour, à l'occasion du succès phénoménal de son livre "Le Suicide français". Elle y égrène notamment un certain nombre de références et de lectures de Zemmour - les "Petits Blancs" se trouve alors inclus dans une litanie visant Alain Soral, Renaud Camus... Manifestement, le livre n'a pas été lu. L'article reprend le même paragraphe analysé par Courcuff, mais en laissant croire qu'Eric Zemmour et moi tenons les mêmes propos. Il est notamment difficile de savoir quel est l'auteur de telle ou telle phrase :

"Il [Eric Zemmour] continue (...) à creuser le sillon de ses obsessions. Dans Le Figaro, il chronique Les Petits Blancs, d'Aymeric Patricot, un livre qui décrit « la misère sexuelle de [ces] jeunes prolétaires qui ne peuvent rivaliser avec la virilité ostentatoire de leurs concurrents noirs ou arabes ». Les étrangers qui nous prennent nos femmes ! Pour Patricot, c'est « la revanche symbolique de la colonisation ». Pour Zemmour, bien davantage encore : le signe de « l'antique attrait des femmes pour le mâle vainqueur, à l'instar de ces Françaises qui couchèrent pendant la seconde guerre mondiale avec des soldats allemands puis américains ». La version mainstream, en somme, des Années érotiques 1940-1945, de Patrick Buisson (Albin Michel, 2008), une histoire de la « collaboration horizontale », où les femmes n'ont pas souvent le beau rôle - comme dans les « essais » de Soral et de Zemmour."

C'est d'autant plus dommage qu'il s'agit de la seule mention que Le Monde aura fait des "Petits Blancs".

Mes éditeurs de chez Plein Jour ont protesté, estimant que l'article, pour le moins ambigu, prenait la lecture de Zemmour pour argent comptant, sans se soucier de la réalité du livre. Le Monde a finalement publié le correctif suivant, dans son édition du samedi 15 novembre 2014 - coincé sous une grande publicité pour un déstockage massif de canapés convertibles :

"Eric Zemmour. Sybille Grimbert et Florent Georgesco, directeurs de Plein Jour, la maison d'édition qui a publié en octobre 2013 l'essai d'Aymeric Patricot, Les Petits Blancs, tiennent à signaler que la lecture faite par Eric Zemmour de cet ouvrage (Le Figaro du 5 décembre 2013), reprise dans le portrait du polémiste publié dans Le Monde daté 9-10 octobre, "travestit" gravement la pensée de M. Patricot. "Tout l'objet de son travail intellectuel est, précisément, de rendre possible une analyse objective et équilibrée, loin de la radicalisation, dont M. Zemmour est le symbole, des crises identitaires qui traversent notre société."

vendredi 24 octobre 2014

Chut, les petits Blancs sont parmi nous



Il n’y a pas une semaine sans qu’un événement relayé par les médias ne mette en scène ces petits Blancs qu’on s’évertue pourtant, chaque fois, à ne pas nommer. Plus leur image crève l’écran, moins on le signale. Plus la singularité de leur situation semble criante, moins on l’analyse.

Je me contenterai d’évoquer trois exemples récents, du plus anecdotique au plus terrifiant.

Tout d’abord, l’expression que Valérie Trierweiler prête à François Hollande, à tort ou à raison – ces fameux « Sans-dents ». Qui sont-ils au juste, sinon ces pauvres des campagnes, ces familles que la Sécurité Sociale, depuis longtemps déjà, renonce à soigner correctement ? Les soins dentaires restent chers, hors de portée d’un nombre grandissant de foyers. On rétorquera qu’il s’agit d’un problème social, et qu’il y a des Sans-dents parmi toutes les communautés. Seulement, et c’est là que le bât blesse, les clichés de la misère ne sont les mêmes d’une communauté à l’autre. Non seulement François Hollande, si l’on en croit Valérie Trierweiler, pensait à de toutes autres personnes que des membres des minorités ethniques, mais les « dents pourries » sont bien l’un des éléments visuels les plus récurrents de la représentation des White Trash. Que l’on songe à Josette dans Le Père Noël est une ordure, aux mercenaires dégénérés de Tarantino dans Django unchained ou encore au personnage effrayant de Merle Dixon dans la série Walking Dead. Cette sorte de cliché visuel, on ne le trouve que très rarement dans la représentation de la pauvreté chez d’autres communautés. Les dents blanches y sont même parfois mises en scène comme le signe d’une cruauté particulière du destin, réduisant à la misère des gens pourtant beaux.

Si François Hollande – tel que le met en scène Valérie Trierweiler – avait ironisé sur des pauvres autres que blancs, nul doute que le scandale aurait été bien plus considérable. Mais il est significatif qu’il ne l’ait précisément pas fait, tant on sait que la principale cible électorale du PS reste, depuis des années maintenant, les minorités ethniques. Le Blanc pauvre est tenu, lui, pour un beauf, et on a toute légitimité pour se moquer de lui.

Le succès public et critique de la série P’tit Quinquin, d’autre part. Je n’ai pas encore eu le temps de la regarder, mais je connais les précédents films de Bruno Dumont et il n’est pas difficile de remarquer comme il creuse le sillon, entre autres, de cette étude des Petits Blancs français. Encore une fois, ce genre d’expression n’affleure pas dans son travail, ni dans les articles qu’il suscite, et c’est bien dommage. Dans La vie de Jésus (1997), le thème du racisme était pourtant présent – celui qu’exprimaient ces jeunes garçons frustes, brutaux mais attachants, contre un Kader accusé de séduire la petite amie de Freddy. La tension raciale était ainsi le thème central du film. Certes, les « méchants » restaient les Blancs, mais le cinéaste leur accordait de l’attention.

Encore une fois, on nous dit qu’il ne faut pas parler de ces gens-là – pire, qu’il faut bannir les mots qui les désignent. Dire qu’ils existent, dire qu’ils sont humains, ce serait faire le jeu du Front national, stigmatiser les autres ou montrer de l’intérêt à une population qui ne le mérite pas.

Enfin, et là nous touchons au cœur du problème – ce moment où le déni de réalité accentue les douleurs et suscite de nouveaux drames –, je pense à l’affaire des pédophiles de Rotherham, en Angleterre, une affaire explosive et saisissante. Je n’ai pas la place ici d’entrer dans les détails, mais on pourrait résumer l’affaire comme suit : Des hommes d’origine pakistanaise ont violé pendant des années plus d’un millier d’enfants ou adolescents blancs, en rupture familiale, sans qu’interviennent les services dédiés à l’enfance ; ces derniers avaient peur de passer pour racistes.

Séisme national, peu d’échos en France. Les journalistes de l’hexagone doivent ressentir la même gêne que les acteurs sociaux anglais de l’époque. En tout cas, ils préparent le terrain pour des affaires comparables, puisqu’ils s’apprêtent à taire des faits qui pourraient ébranler leur conviction foncière : celle que les petits Blancs n’existent pas et que leur souffrance de toute façon ne mérite pas notre attention puisque, en tant que Blancs, ils ne peuvent être victimes.

Si je compilais, en annexe de mon livre Les Petits Blancs, tout ce que l’actualité charrie de faits divers à leur propos, mon éditeur m’en voudrait beaucoup : le livre deviendrait une encyclopédie.

mardi 21 octobre 2014

"La politique de droite comme de gauche me dénie, m'enfonce, me piétine, me vomit..."



Je reçois ce mail d'un lecteur, en même temps qu'une reproduction d'une de ses toiles, intitulée "Les Amis", fortement évocatrice de l'œuvre de Houellebecq je trouve :

"Bonjour,

je m'appelle (...), et je suis né en 1972.

Jusqu'à l'âge de 10 ans j'ai vécu à Valenciennes, ville alors en plein déclin économique.

Jean Louis Borloo a beau avoir rénové la ville en terme d'urbanisme, Valenciennes demeure une ville sinistrée.

Mon père a travaillé toute sa vie comme ouvrier électricien. Ma mère a longtemps été femme de ménage dans l'éducation nationale avant d'être concierge. Elle retarde sa mise en retraite car ils disposent d'un logement de fonction et la retraite dont ils finiront bientôt par bénéficier tous les deux ne leur réserve qu'un logement dans une citée HLM malfamée.

Aujourd'hui je vis à Tourcoing et travaille de nuit, depuis 12 ans, à Roubaix dans un établissement pour personnes âgées dépendantes.

Ma curiosité m'amène à chercher à comprendre pourquoi et comment je suis devenu un white trash. Certes il y a certainement des individus qui pourrait se revendiquer de ce terme plus que moi. Mais je ressens en permanence du lever au coucher et par ma situation géographique même le fait que la politique de droite comme de gauche me dénie, m'enfonce, me piétine, me vomit.

Je me reconnais parfaitement dans vos propos dans l'interview visible sur votre blog. Votre interlocuteur est d'ailleurs très bon.

J'ai fais votre connaissance à travers des recherches sur internet sur le terme "white trash" que j'utilise dans un mémoire que je rédige pour obtenir un master 2 arts plastiques en VAE.

Mon directeur de recherche n'avait jamais entendu parler du terme "white trash" et je suis heureux qu'il soit importé des états unis pour cerner une partie de la population Française. Définir les choses permet de le permettre d'exister dans le débat.

(...)

Ma peinture que je produits depuis mes 17 ans s'enracine dans la culture des "white trash" Français. Je viens de là mais je travaille beaucoup à me cultiver, à apprendre, afin d'un jour je l'espère avoir les outils intellectuels pour dénoncer nommément les acteurs et les complices d'une forme de génocide, sinon d'avilissement d'une partie de la population Française. On peut certes parler du capitalisme et/ou des francs maçons (revendiquant l'héritage d'Albert Pike) qui ont assurément joué un rôle majeur dans le fait que des êtres humains ne trouvent pas leur place dans la société qui les a vu naître. Mais j'aimerais être en mesure de pouvoir nommer un responsable pour chaque victime."

mercredi 25 juin 2014

Comment se faire casser la gueule dans un bus

Une scène qui pourrait servir d'ouverture aux "Petits Blancs" Volume II

Troyes, sur le chemin du lycée Chrétien de Troyes, le 24.06.2014

Première fois que je me fais casser la gueule dans un bus. Un petit jeune, sentant le whisky, me bouscule. Je réagis. Insultes, menaces, embrouille. Quelqu'un le contient, il part à l'arrière du véhicule. Dix minutes plus tard il revient, m'insulte à nouveau, et comme je ne baisse pas la tête, le coup part. Je valdingue au sol, je pense avoir la mâchoire brisée. Je me relève, confusion dans le bus, le chauffeur appelle la police. La tension monte, je me prépare à me battre. On m'incite à porter plainte mais je n ai pas que ça à faire, et puis le coup a porté sur la pommette. Quelques instants plus tard, le petit jeune quitte le bus. Et moi je pense surtout à la phrase qu'une dame a crié plusieurs fois : "Il a frappé un père de famille! Il a frappé un père de famille!"

mardi 27 mai 2014

"Beurs" et "Petits Blancs": mon débat avec Saïd Bouamama

En mai 2014, débat avec Saïd Bouamama organisé par le Club de la Presse de Lille:

mardi 6 mai 2014

Soirée du Prix des lecteurs du Télégramme (Morlaix, 11/04/2014)

Soirée de présentation/débats autour du Prix des Lecteurs du Télégramme.