Difficile de ne pas avoir le cœur serré quand on lit « J’ai exécuté un chien de l’enfer » (Le cherche midi, 2021). Avec un imparable sang-froid (il en faut !), David Di Nota dresse la liste des responsables : la barbarie des criminels, bien sûr ; un peu la maladresse de Paty (pas pour les raisons que l’on dit) ; certaines valeurs de l’époque, comme celle du « respect » qui consiste en fait à se soumettre aux susceptibilités ; mais aussi l’incroyable impudence d’une administration qui se félicite d’avoir accompagné jusqu’au bout le professeur (on croit rêver) et qui se promet d’être à l’avenir « toujours plus efficace ». Elle a pourtant prêté une oreille complaisante aux accusateurs de Paty, forts des principes de cette fameuse « école de la confiance » qui, loin de protéger le professeur, le place sous le regard potentiellement accusateur de l’élève. Le point de vue de Di Nota est clair : Samuel Paty a été sacrifié sur l’autel du « Pas de vague ». Que l’administration s’en lave les mains soulève le cœur. Est-elle seulement consciente de sa forfaiture ?