“L’école de la honte”
envoyé par bergheim. - L'actualité du moment en vidéo.

En ce moment je prépare un texte sur mon expérience de professeur, et je dévore quelques livres sur le sujet. L'offre est pléthorique ! On ne compte plus les témoignages d'enseignants, souvent à charge contre le système, d'ailleurs, ni les éditeurs qui paraissent se spécialiser en la matière.

Dans le genre coup de gueule et pamphlet, je viens par exemple de finir un ouvrage qui marche très fort en ce moment, L'école de la honte, d'Emilie Sapienlak (Editions Don Quichotte, 2010). L'auteur y raconte ses trois ans dans différents collèges Zep, et les raisons qui l'ont amenée à démissionner. Le livre débute de manière assez maladroite, avec un mélange de lyrisme et d'émotion dont on voit mal à quoi il mène. Mais le malaise s'installe progressivement, et la deuxième partie fonctionne beaucoup mieux, peut-être parce que l'auteur, passé le côté glaçant du passage à l'acte d'écriture, se laisse aller à exprimer sa colère et pousse beaucoup plus loin la révolte. Certaines sentences, excessives, nuisent à la crédibilité de l'ensemble, mais après tout c'est la loi du genre...

"On ne se promène pas dans les couloirs du collège. Toute errance y est morbide, comme l'est celle d'un malade dans un asile. Le collège est devenu un catalyseur de folie. Mais contrairement aux gardiens et médecins des hôpitaux, les professeurs ne sont pas très différents des malades. A force de composer avec les névroses d'autrui, je sens grandir en moi un état de confusion que je ne peux pas toujours maîtriser. L'absurde a tout envahi et gomme petit à petit la norme, la mesure et le bon sens." (L'école de la honte, page 184)