Dans son livre « Le goût du moche », Alice Pfeiffer réserve quelques pages savoureuses à une tendance des années 2000 qui nous paraît bien lointaine : le porno chic, et plus généralement l’hypersexualisation de la mode et de la vie glamour. Il semblerait qu’aujourd’hui la vague MeeToo, le néo-féminisme et le néo-puritanisme aient eu raison de cette sorte d’excitation perpétuelle. A l’heure où James Bond cesse de vouloir séduire et où Néo cède son pouvoir à une Trinity quinquagénaire et bagarreuse, ne serait-il pas demandé aux acteurs et scénaristes de ranger au placard tout attribut sexuel trop marqué, trop provocant, trop genré ?

« Ce débordement sexuel fut le style choisi par toute une génération. Sharon Stone déculottée dans Basic Instinct, les strass lubriques du film Show girls, les décolletés et les Wonderbras de American Pic, les minijupes de Paris Hilton dans The Simple Life, les tenues d’écolières ou en vinyle rouge évoquant (accidentellement) le BDSM de Britney Spears, les pantalons taille utra-basse de Christina Aguilera dans son clip Naughty : une armée de jeunes femmes portait à bras-le-corps ce que les générations précédentes associaient à un dévergondage, et ne s’en portaient que mieux. » (page 101)