La littérature sous caféine


jeudi 29 mai 2025

La dimension perdue

J'aime beaucoup l'inquiétante étrangeté telle que la définit Freud et telle qu'elle s'exprime dans un certain nombre d'œuvres, du cinéma (Lynch, Cronenberg...) à la littérature (McDowell, Lovecraft...) en passant par la bande-dessinée (Burns, l'eroguro japonais...). Et c'est précisément dans ce genre que Nicolas Le Bault frappe un grand coup avec sa série de bandes-dessinées "La dimension perdue", dont sort tout juste le troisième tome. Ici le sordide se laisse approcher par le bizarre. Le trait naïf et coloré compense la radicalité du propos - ce billet serait censuré si j'en énonçais les thèmes ! Cet art subtil en définitive accomplit une forme supérieure de poésie.

La convergence se dessinerait-elle ?

Le nouveau livre de Kevin Boucaud-Victoire, "Mon antiracisme ", me paraît frappé au coin du bon sens. Il s'agit pour lui de définir une position universaliste qui se distingue à la fois de SOS racisme et des mouvements décoloniaux, c'est-à-dire de tenir compte des réalités économiques tout en considérant que tout groupe, fût-il tenu pour majoritaire, a voix au chapitre. En somme, c'était ma position dans "Les petits Blancs" et dans "La révolte des Gaulois." J'ai écrit dans plusieurs articles que la fameuse convergence des luttes entre campagnes et banlieues n'était pas prête de survenir. Avec ce livre, elle pourrait commencer à se dessiner.

S'élever ou creuser

Parallèlement aux mystiques, je dévore le "Livre rouge" de CG Jung : celui-ci cherche moins à élever son âme qu'à creuser profondément en elle... Cependant les techniques sont proches, les visions comparables. Dans les deux cas il est question d'approcher puis de toucher un idéal. Qu'il soit au-dessus de nous, en-dessous, qu'importe ? À chaque fois il y a cette chose sublime qui constitue notre boussole. J'aime cette idée qui m'éloigne quelque peu de Freud, plus inquiet, plus inquiétant...