La littérature sous caféine


"Des procès en sorcellerie défiant toute cohérence".

Un message de lecteur.

Bonjour Aymeric

Mon nom est (...). A la foire du livre de Limoges, je vous ai acheté un livre "Les petits Blancs", nous avons évoqué les "tabous" actuels et nous avons convenu qu'après lecture, je vous donnerais un avis.

Globalement, la lecture est agréable, alors que le sujet n'est pas de ceux qu'on cherche puisqu'il préconditionné par des procès en sorcellerie défiant toute cohérence. Et quand on évoque le racisme, le niveau d'instruction ne se rapproche ni de la Raison, ni de l'esprit scientifique, ni de l'humanisme.

A mes yeux, ce livre indique déjà clairement votre générosité, ce qui n'est pas si courant aujourd'hui, non qu'elle soit rare. Mais il faut du courage et une véritable empathie pour aller chercher, dans les multiples portraits que vous proposez, ce qui reste de sens à la vie de chacun, puis relier ces diverses expériences pour tenter de comprendre quelque chose qui serait à comprendre entre politique, pauvreté, couleur de peau, racisme, et pire, misère morale et tristesse, voire angoisses profondes et justifications de la violence.

Il est déjà important de dire que les rencontres que vous avez faites pour nous (pour moi), sont un vrai cadeau que j'ai apprécié, puisque c'est précisément le type de rencontres qu'on fait peu. Celles qu'on fait, on ne les approfondit que rarement. Et quand on les approfondit, elles gardent un caractère isolé qui n'apporte pas cette excellente variété de situations que vous avez su juxtaposer. Ainsi, on ne peut se défiler devant une réalité produite en série par notre société et dont les différences apparentes ne proviennent que des personnalités, des circonstances et d'un hasard débridé.

Vous exprimez clairement les sentiments et ressentiments de ceux qui se retrouvent sans avenir à construire puisque tout leur échappe. Les décisionnaires sont loin d'eux, tellement loin qu'à l'évidence ils n'habitent pas le même pays et ne font pas partie de la même communauté!

La partie que vous avez étudiée est bien analysée et les idées que vous proposez ont toujours de l'intérêt. Elles méritent d'être dites. Cependant, je ne suis pas sûr de comprendre l'objectif de votre livre. C'est le constat de situations humaines, avec des ressentis qui n'ont rien de réjouissants et je ne vois pas de causes, donc pas de solutions et pas d'espoirs.

Ce qui m'a posé problème, c'est ce vous écrivez à propos de votre idéal familial "principes rigides, finalement mortifères...", "je ne suis pas loin d'être un déclassé" et autres doutes que je n'étais pas sûr de comprendre... Et puis voilà que vous écrivez quelque chose qui me touche et m'intéresse et m'éclaire: "il existe un grand nombre de personnes qui dressent une barrière de feu entre elles et ces miséreux, les méprisant avec un sens redoutable de la bonne conscience .... Ils se considèrent comme distincts, exprimant leur opinion avec une brutalité, une candeur confinant au racisme...".

Pris par la lecture des portraits, je n'ai pas, en première lecture, accordé à ces pages l'importance qu'elles avaient et j'ai dû les rechercher et les relire pour en comprendre la réelle portée et réévaluer l'ensemble du texte.

J'ai l'impression que vous dites les choses avec mesure mais qu'au delà, tous ces portraits heurtent profondément à la fois votre intelligence et votre humanité, si tant est que les deux soient séparables. Et les deux ont effectivement été séparées pour parvenir à ce fiasco d'une civilisation qui a cassé ces valeurs qui étaient ses valeurs fondatrices.

C'est le sujet que je traite selon une position quelque peu complémentaire à la vôtre. Je suis un petit blanc par la pauvreté et le milieu social, sans en faire vraiment partie sur le plan moral. Ce petit blanc écrit à propos de l'élite, de sa pauvreté morale, de son incohérence intellectuelle, et essentiellement de son pitoyable racisme légalisé, entériné par la culture qui l'a intégré sans rien voir passer. Le portrait n'est pas individuel, il est général. La démonstration est simple, dure et redoutable.

Je peux vous envoyer quelques pages qui fondent la démonstration. Si vous voulez échanger avec moi à des fins d'intérêt général, toute critique est bienvenue puisqu'elle permet d'affiner le sujet. Moi qui avait placé beaucoup d'espoir dans le mérite, je le place aujourd'hui dans le revenu de base qui permettrait de rendre leur dignité à beaucoup d'exclus plus ou moins définitifs et remplacerait tout ou partie du social et de ses dossiers administratifs à déposer aux pieds des collaborateurs du système.


Quelques renseignements me concernant pour vous permettre de savoir où vous posez les pieds: J'ai 70 ans. Artisan à la retraite avec 600 €/mois.

J'ai beaucoup aimé l'école. Je m'orientais vers l'agriculture (espace, liberté et relations humaines de bon sens) jusqu'à ce que je découvre que le mensonge y était profondément installé(dans l'enseignement agricole), y compris sur le plan scientifique: la chimie forçait les portes et nos ingénieurs se couchaient devant la mode imposée par l'argent public. Ils démontraient une seule voie, celle de la chimie, sans aucune autre référence à ce qui fonctionnait beaucoup mieux, sans la chimie. Très grosse déception. Entré 1er au concours national, j'ai fait, sur mes feuilles d'examen au bac, une critique argumentée du système scolaire et j'ai claqué la porte de ce savoir trafiqué et de ses mensonges stérilisés.

Tout en ayant un pied dans l'agriculture, j'ai créé une petite entreprise et j'ai mis au point diverses techniques originales dans le secteur des captages d'eau potable et drainage, techniques prenant le contrepied absolu des techniques enseignées jusqu'à être le seul à donner des garanties totales de résultat sur devis écrits: "Vous pairez vos travaux après et seulement si vous êtes satisfait". Aucun impayé sauf avec 2 enseignants, ce qui m'a permis de comprendre d'autres aspects qui n'avaient rien de technique. En 1971 et 72, j'ai fabriqué une machine pour pose automatique de drain guidée par laser. Le secteur étant subventionné à 50 %, j'ai vu passer toutes les perversions politiques et les petitesses humaines, trafic de factures, utilisation des papier à en tête d'entreprises par l'administration, fausses factures, pots de vin réclamés sans la moindre honte, et tout ce qui pouvait permettre aux organismes intermédiaires de récupérer le montant de cette subvention... à l'agriculture. Et contrôles fiscaux pour ceux qui refusaient de jouer le "jeu". Un jeu de la vie pour d'autres. Bref, tout ce qui a produit les conditions qui vous ont amené à écrire sur la France qui en résulte.

J'ai écrit un premier livre en 1999 sur l'Education Nationale, en autoédition. 15 ans après, un éditeur a repéré mes arguments sur les forum et m'a dit "vous devriez écrire un livre", alors que j'en avais entrepris un autre sur "l'élite". Résultat: j'espère en publier deux plus un opuscule plus simple d'accès, toujours sur le racisme. Mais rien n'est fait au niveau de l'éditeur. Je n'entre pas dans les références habituelles d'auteur potentiellement intéressant à publier, et j'ai effectivement des points faibles pour l'écriture.

Je vous remercie et sans doute à bientôt.

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