La littérature sous caféine


Les livres dont on a tout oublié / les livres dans lesquels on se reconnaît



Cela fait plusieurs fois maintenant que je lis un livre avec la vague conscience d’y avoir précédemment jeté un œil, avant de me rendre compte l’avoir effectivement déjà lu. Ce n’est même pas que les souvenirs me reviennent : je constate simplement que le livre a été annoté par moi-même, une dizaine d’années plus tôt… Effrayant à quel point certaines lectures s’effacent de votre esprit ! S’agit-il d’un pur oubli ? Je pense que le manque de maturité, lors d’une première lecture, joue aussi… On oublierait plus facilement des textes qui ne nous ont pas marqués parce qu’on n’était pas prêt à les recevoir.

Le phénomène m’est récemment arrivé avec les Mémoires d’une jeune fille rangée, de Simone de Beauvoir, et survient aujourd’hui avec L’Ennui, d’Alberto Moravia. Phénomène d’autant plus marquant que ce livre est une véritable révélation pour moi (je vais y revenir), au point de me donner l’impression de m’identifier de manière très intime avec le narrateur (et l’auteur, dont je sens bien qu’il a des obsessions très proches de son personnage). Il y a quelque chose d’étourdissant de se dire qu’à talent égal on aurait peut-être écrit à peu près la même chose, dans des circonstances comparables.

J’avais eu la même sensation avec certains livres de Schnitzler, il y a deux ou trois ans. Petit à petit se dessine ainsi comme une constellation de doubles littéraires à travers l’espace et le temps…

Troublant aussi de se dire, à propos de L’Ennui, que c’est précisément un livre dont je me sens si proche aujourd'hui... Et c'est lui que j’oubliais ! Y a-t-il des choses que l’esprit fuit parce qu’il y sent une piste trop brûlante, trop éclairante pour lui-même ?

(Corollaire de cette fâcheuse tendance à l’oubli : je prends des notes, maintenant, à propos des livres que j’aime, pour revenir plus facilement à l’avenir aux pages qui me touchent).

COMMENTAIRES

1. Le jeudi 3 mars 2011 à 11:39, par hélène

Je suis entrain de relire "Aurélien " d'Aragon (que j'ai déjà lu en 79 ou 80) qui ne m’avait laissé qu’un souvenir d'ennui . Je m’y suis replongée à l’occasion de la lecture de l’essai « les frères séparés » et mon avis change complètement :son style me rend muette d’admiration et ce qu’il véhicule fait écho à ma vie.

A contrario j’évite de relire les livres qui m’ont enchantée entre 15 et 25 ans : ma virginité littéraire de l’époque, génératrice d’enthousiasme et de plaisir, est aujourd’hui tout à fait émoussée…
Ce qui me semble évident est qu’une lecture retient si elle est faite au bon moment (d’où la nécessité d’y revenir quand cela ne passe pas).

Quant à l’oubli « répulsion » du livre lu : je confirme : il serait trop long à l’expliquer ici, mais j’ai quelques exemples vivaces et effrayants quant au phénomène.

Dans les 3 à 5 mille livres lus dans une vie de combien se souvient on réellement ?

2. Le jeudi 3 mars 2011 à 13:39, par aymeric

3000 ou 5000 livres ! je me trompe ou ça fait bcp ? :)

en ce moment je fais passer un bac blanc, et je me rends compte à quel point il est normal que la plupart des élèves n' "accrochent" pas avec les textes : ils n'ont tout simplement pas (dans la plupart des cas) la maturité pour vraiment se les approprier ! C'est aujourd'hui, à plus de trente six ans, que je comprends ce que les textes que je lisais adolescent peuvent m'apporter...

tu parles de virginité littéraire, et c'est vrai que j'ai le sentiment de retrouver en ce moment une véritable virignité par rapport aux textes classiques

3. Le jeudi 3 mars 2011 à 15:41, par hélène

Tu as raison: les lectures scolaires , c'est comme les études, il faudrait pouvoir les faire une deuxième fois (une fois pour le diplôme, une autre pour le plaisir d'apprendre)

J’ai commencé à me gaver de lecture vers 12 ans ; si on considère une espérance de vie de 83 ans cela fait 71 ans de lecture.
soit 70 livres /an pour 5000 (42 pour 3000).
Je lis à peu près 120 livres /an depuis plus d’une décennie (avant je ne comptais pas mais sans doute moins) donc statistiquement parlant, à ma mort, j'aurai lu 3 à 5000 livres ...

C’est beaucoup et en même temps si peu au regard de l’océan des possibles lectures.
A certain moments critiques, plus que les êtes aimés, ce qui m’a fait rester en vie était de me dire qu’il y avait encore tant à lire.

Retrouver sa virginité littéraire : j’y aspire souvent car j’ai conscience de mon attitude de droguée vis-à-vis des livres ; il me faudrait m’imposer des périodes de sevrage de « ce vice impuni » comme disait l’autre, mais bon…

Euh…..ça devient psychanalytique ce blog ….

4. Le jeudi 3 mars 2011 à 20:02, par aymeric

la littérature, cette psychanalyse perpétuelle...

120 livres par an! c'est bcp ! je me livre maintenant au petit jeu des décomptes, et j'arrive à 70 livres environ par an... Sachant que lorsque je ne finis par un livre, je le compte pour 0,5! Tu estimes que tu lis combien d'heures par jour en moyenne ?

en ce moment j'aspire à lire des choses qui me captiveraient vraiment, et de moins perdre mon temps à des ouvrages laborieux, des ouvrages qu'on se sent un peu obligés de lire... Mon retour aux classiques me permet d'ailleurs de joindre l'utile à l'agréable, car il n'y a pas de hasard: s'ils sont des classiques, c'est qu'ils sont souvent des chefs d'oeuvres

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