La littérature sous caféine


La Tambouille (Proust / Vizinczey)



Si mes souvenirs sont bons, Marcel Proust détestait qu’on compare la littérature (et tout autre art) à la cuisine, considérant qu’un bon plat résultait de l’application d’une recette, alors que l’Art répondait à des déterminations plus subtiles…

Et pourtant c’est à une véritable tambouille que j’ai l’impression de me livrer depuis quelques jours en retravaillant un manuscrit, mettant sur le feu les mêmes pages depuis des semaines, relisant et réduisant, ôtant un peu de ceci, mettant un peu de cela, diluant tel passage ou corsant tel autre… Je passe d’une première version froide et tendue à une autre plus lyrique, pleine de colère et d’énergie… Pleine de douceur, aussi, je viens de le décider aujourd’hui, parce qu’il faut bien que les personnages soient humains…

Douceur que l’on sent d'ailleurs chez le narrateur d’ Eloge des Femmes mûres (Stephen Vizinczey, Folio), ce très beau best seller mondial mettant en scène les amours d’un jeune homme malicieux, toujours à l’affût des beautés secrètes :

« J’aurais peut-être réussi à la faire céder si j’avais continué à la harceler quand elle sortait de la douche dans les divers quartiers d’officiers qu’elle fréquentait. Mais, curieusement, je n’essayai même pas. Son geste impulsif pour m’arracher à mon supplice sur le lit du lieutenant me découragea de vouloir prendre les femmes au dépourvu. Je me sentais comme un voleur entré dans une maison par effraction et qui, surpris par le propriétaire, se fait simplement renvoyer avec un cadeau. » p 41)

COMMENTAIRES

1. Le vendredi 8 juin 2007 à 21:36, par MIMI

Ah! dès qu'il s'agit de cuisine, je me réveille; cuisiner relève évidemment pour certains du grand art;
en ce qui concerne la réécriture de votre livre, je dirais que "mélange des saveurs" conviendrait mieux que "tambouille" !! et nous le "dégusterons " ,bien sur, le temps venu.

2. Le samedi 9 juin 2007 à 10:06, par Anne-Gaëlle

Il est décidément beaucoup question de douceur en ce moment sur ce blog... ;_)
Pour replonger dans l'univers culinaire, je ne pourrais donc que citer une marque rendue célèbre par son "un peu de douceur dans un monde de b..." !!
Pour ce qui est de l'écriture d'un roman, ne m'étant jamais moi-même livrée à cet exercice périlleux et délicat, l'écrivain me ferait plutôt penser à un alchimiste : si la science est bien là pour donner un corps à l'écriture et une certaine rigueur, le dosage subtil qui s'ensuit relève à mon sens plus du "nez", de l'instinct, de l'art en fait.... alchimie, quel joli mot ...

3. Le samedi 9 juin 2007 à 11:56, par Tal

Bravo pour la nouvelle version "plus lyrique, pleine de colère et d'énergie....pleine de douceur"
Nous nous préparons à savourer du "mitonné" avec subtil équilibre des saveurs.




4. Le samedi 9 juin 2007 à 20:29, par mister pat

Ne vous attendez pas non plus à quelque chose d'uniquement doux et tendre !! vous risqueriez d'etre qq peu déstabilisés ! ;-)
(et puis la publication n'est pas encore acquise...)
quant à l'alchimie, plutot d'accord ! (mais ca fait un peu trop penser au bouquin de Paulo Coelho, non ?)

5. Le samedi 9 juin 2007 à 21:43, par Anne-Gaëlle

Le livre de Paulo Coehlo porte en effet le titre d'Alchimiste et il a certaines qualités qui lui ont ont valu sa diffusion et sa renommée mondiale mais je ne pensais pas à ça quand j'ai écrit mon propos sur le travail de l'écrivain. Je remontais plus à la signification profonde du mot, son étymologie, le mystère qui entoure quelque peu la construction d'un livre, la magie qui fait que tout à coup les mots coulent e ts'assemblent harmonieusement, et procurent du plaisir à l'écrivain comme au lecteur. Les alchimistes ne changeaient-ils pas le plomb en or ? A mon sens, les écrivains changent souvent la banalité en trésor....

Quant à ton nouveau livre, Aymeric, j'espère avoir la chance de le lire un jour. Et je m'attends à tout sauf à un "soap opera". Plutôt à un travail tout en nuances, à l'image de l'auteur de ce blog ;-)

6. Le dimanche 10 juin 2007 à 01:53, par Carina

Pour le côté humain authentique, Henri Michaux aurait proposé un Homme inscrit dans le mouvement, dans le renouvellement et dans la multiplicité, dans l'infinité des "facettes" personnelles... Un Homme métamorphique en somme.

Et la théorie de Michaux, toujours, Henri, l'homme de ma vie, concernant l'écriture: l'art de transformer l'hypocrisie humaine en authenticité brute, aussi paradoxal que cela puisse être!

7. Le dimanche 10 juin 2007 à 18:49, par aimée

je suis contente que vous travaillez avec autant d'ardeurs et d'ambitions votre manuscrit dans les"règles" votre travail ce doit d'etre récompensé à sa juste valeur .
et je suis désolée si à chaque commentaire je ne peux écrire, commenter de façon littéraire, tout ça est encore assez abstrait pour moi ...

bye bye mister pat

8. Le lundi 11 juin 2007 à 20:13, par mister pat

A propos de la douceur, il était peut etre temps de passer à autre chose que la violence ?

quant à l'alchimie, je me méfie toujours un peu du coté mystique que certains veulent donner à l'art... Je ne crois pas vraiment à la magie... Je crois plutot au travail, à la sensibilité et à la cuisine, justement...

Michaux, je garde un souvenir assez puissant d'un "Barbare en Asie"... j'ai l'impression que dans sa description de l'humain, il y a beaucoup d'ironie, bcp de sarcasme...

9. Le lundi 11 juin 2007 à 20:14, par mister pat

Et ne t'en fais pas, Aimée, c'est plutot sympa d'avoir un regard de lycéenne sur ce blog !

10. Le jeudi 23 mai 2013 à 05:16, par nike blazer

Il n'y a personne qui sera la vie de la chance, mais

aussi il y aura une vie Zoubei Yun de personnes, surtout que vous osez à lutter, oser litige, notre vie, est

de s'appuyer sur notre propre vie est la

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